BAD

Le château

Il était 1h10 du matin et je n'arrivais toujours pas à trouver le sommeil. Je me tournais dans tous les sens, essayant de trouver la position qui m'aiderai à m'endormir mais rien à faire, ça ne marchait pas.

Je m'étais assise sur le lit attendant que le marchand de sable passe lorsque j'entendis des bruits de pas. Je sortis discrètement de la chambre. L'étage était plongé dans le noir jusqu'à ce qu'une petite lumière s'allume et m'éblouisse.

Kaya: Enlèves la lumière!

Il me fallu du temps avant de retrouver une vision normale.

Kaya: Léo?

Leo: Je peux savoir ce que tu fais ici? Va dormir!

Kaya: T'es sérieux?! Et toi qu'est-ce que tu fais debout à cette heure?

Leo: Ça ne te regarde pas... Maintenant retourne te coucher.

Kaya: Il en est hors de question! Dis-moi d'abord où tu vas si tu ne veux pas que je dise tout à ton père. Je ne crois pas qu'il serait ravi d'apprendre que son fils fait le mur.

Il se gratta nerveusement la tête avant de me répondre.

Leo: Je vais au château avec un pote.

Kaya: Un château? Ça à l'air cool. Je viens avec toi!

Il approcha son index de mes yeux avant de le bouger de droite à gauche.

Leo: Même pas en rêves.

Kaya: Tu préfère peut-être que je réveil ton père?

Sachant pertinemment qu'il n'avait pas d'autre choix que de m'emmener avec lui, je suis retournée dans ma chambre. J'ai sauté dans un jean et me suis rapidement attachée les cheveux.

On sortit le plus discrètement possible. L'inconvénient d'une maison trop grande c'est qu'il y a une très longue distance à parcourir avant d'atteindre la porte d'entrer et donc beaucoup plus de chance de se faire prendre quand on veut sortir en douce.

À peine avions nous posés un pied dehors que Léo s'arrêta. Il regarda s'il n'y avait pas un des hommes de la sécurité qui guettait la porte d'entrée. Quand il fut sûr que la voie était libre, il me fit signe de le suivre. On ne sortit pas par la grille, c'était bien trop risqué. On a donc traversé l'immense jardin avant d'escalader un grand mur en pierre qui séparait la demeure de l'extérieur.

De l'autre côté du mur nous attendait un garçon avec deux grosses motos. Il prit Léo dans ses bras avant de me montrer du doigt.

??: C'est qui?

Leo: C'est... La fille de la nouvelle copine à mon père.

Le garçon me salua d'un signe de tête.

Mathias: Je m'appelle Mathias, enchanté de te connaître.

Kaya: Moi c'est Kaya, tout le plaisir et pour moi.

Puis il me désigna les deux motos.

Mathias: Choisis.

J'ai pointé du doigt celle qui m'inspirait le plus confiance même si aucune ne me rassurait vraiment. Il s'agissait de la moto de Mathias. Il s'assit en premier puis je le rejoigni à l'arrière. Leo s'installa sur la sienne et fit vrombir le moteur avant de partir à toute vitesse. La rapidité avec laquelle il s'était évaporé ne faisait que m'angoisser un peu plus. Mathias fit vrombir à son tour le moteur.

Mathias: Prête!

Kaya: Oui, oui.

Je m'agripais à lui avec force. Quand il démarra mon élastique claqua, preuve de la vitesse à laquelle il roulait. C'était la première fois que je montais sur une moto et sûrement la dernière. Le paysage autour de nous se transformait en longue traînés flous. Chaque virage nous rapprochait un peu plus de la mort. La peur que je ressentais en moi était tellement forte que j'avais passé la grande majorité du trajet les yeux fermés. Et après dix minutes de pure torture, on arriva à destination sains et saufs.

Le château dont Leo m'avait parlé, n'était en réalité qu'une vieille ruine au bout d'un chemin. Une grosse ruine d'ailleurs. Je descendis de la moto un peu retournée. Mathias s'assura que son engin soit bien garé avant de me rejoindre.

Mathias: Ça va?

Kaya: Impec'!

Il me regarda d'un air amusé. Je devais sûrement avoir l'air d'une vraie débile.

Mathias: Ça te va bien les cheveux comme ça.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me fasse un compliment mais je souris pour le remercier.

Léo était déjà devant le "château". Je suivais les garçons à l'intérieur. Il faisait sombre et humide, on aurait dit une grotte sur le point de s'effondrer. On s'est installés sur un petit muret. Leo était parti chercher quelques bouteilles et un vieux poste radio. On écoutait pendant de longues minutes, silencieux, des chansons aux rythmes apaisant.

Kaya: Vous venez souvent? C'est un peu comme votre cabane...

Mathias: Ouai, c'est ça. On emmène les filles aussi pour tu vois quoi...

Il accompagna ses paroles d'un clin d'oeil puis me tendit un verre. J'avais bu deux grands verres de bierre et plusieurs shots de Vodka. Je commençais à être fatiguée, j'ai alors posé sans m'en rendre compte ma tête sur l'épaule de Mathias. Je voulais la bouger mais la fatigue m'en empêchait.

Pensant que je m'étais endormis, Léo et Mathias commencèrent une étrange discussion...

Mathias: Alors? Greg est au courant qu'elle est arrivée?

Leo: Ouai, Marc l'a appelé aujourd'hui.

Mathias: Et alors?

Leo: Je pense qu'il va venir demain... Ça fait tellement longtemps que je ne l'ai pas vu.

Je voulais en savoir plus mais la suite de la discussion dérapa vite sur le sexe et les filles... La seule chose que je trouvais étrange c'était la manière dont Leo avait appelé son père, il n'avait pas dit "papa" mais Marc ce qui était assez bizarre. Enfin, Bref, le plus important était que je savais que Greg viendrait... Demain... Demain j'aurais enfin ma réponse.

Vingt minutes plus tard, je fis semblant de me réveiller.

Mathias: On t'as jamais dit que t'es canon quand tu dors?

Kaya: Si, souvent.

Leo: Vous avez finit là?!

Kaya: Qu'est-ce que t'as Leo? Tu me trouve pas canon quand je dors?

Il avait l'air déstabilisé mais se repris rapidement.

Leo: Allez on rentre.

Cette fois-ci, je me suis installée sur la moto de Leo car Mathias devait rentrer chez lui. Il m'avait donné son numéro et m'avait dit qu'en cas de coup de blues je pouvais passer chez lui... Ah les garçons, tous les même.

Le trajet du retour fut aussi horrible que celui de l'allée. On était rentrés à 3h00 pile du matin. La maison était toujours plongée dans le noir. Nous sommes entrés sans trop d'inquiétudes pensant que personnes ne s'étaient rendu compte de notre absence... Grave erreur. La lumière s'alluma, Leo et moi étions aveuglés par l'intensité lumineuse qu'émettait la lampe. Marc se tenait devant nous. Il nous regardait sans rien dire. Léo a commencé à bafouiller.

Leo: T-Tu dors pas?

Marc: Si, profondément.

Leo: Papa... on était au château et...

Marc: Ça va, te fatigue pas. Kaya, ta mère était très inquiète...

Kaya: Je ne vois pas pourquoi. J'ai l'habitude de sortir tous les soirs et de rentrer très tard.

Il ignora ma remarque et marcha en direction de sa chambre.

Marc: Bonsoir... Les jeunes...

On monta silencieusement à l'étage. Je dis bonne nuit à Leo et je suis rentrée dans ma chambre. J'ai allumé une bougie "orange-canelle" pour me détendre. Joséphine -c'est le nom du chaton- dormait déjà. Quand elle sentit ma presence elle ouvrit ses yeux d'un air inquiet...

En me lavant les dents, j'ai croisé brutalement mon reflet dans la glace. J'avais déjà bronzé et mes yeux paraissaient bleus fluorescents.

Je finis par me mettre en pyjama et m'endormir. Cette fois-ci sans le moindre souci.