LOUISE

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Waouh, ça y est ma valise est prête et bouclée. Cela ne s'est pas fait sans mal. En effet, jusqu'au dernier moment je n'étais pas sûre de pouvoir partir aux Etats-Unis afin de finir ma thèse en sociologie sur les bikers américains. Tout comme Howard Becker en son temps, j'ai décidé d'étudier un groupe dit déviant de la culture américaine.
Oui, je sais pourquoi s'embêter à partir loin de chez moi, sur un autre continent pour observer le mode de vie d'un groupe de hors-la-loi alors que j'aurai pu rester tranquillement en France à étudier un autre groupe sociologique un peu moins compliqué. Mais voilà j'ai besoin de changer d'air.

Après le décès de mon frère l'année dernière dans un accident de moto, j'ai eu envie de changement, de prendre le large.

Même si j'adore mes parents, à 25 ans j'ai besoin de voler  de mes propres ailes et de prendre mon indépendance. Je pense que le moment est arrivé de quitter le nid.

Je dois encore me rendre à l'université de Paris-Est où j'ai rendez-vous avec mon maître de thèse pour faire le point avant mon départ. Mes parents habitant à une quarantaine de minutes en voiture de l'université, je décide de prendre ma petite 106 vert bouteille pour m'y rendre. J'adore ma voiture. Certes elle n'est pas d'un modèle récent. Le starter n'est pas automatique et la climatisation est naturelle mais je l'adore. Je suis triste de la laisser derrière moi. Après quelques ratés mon antiquité adorée réussit à démarrer.

Je prends la route en direction de l'université Paris-Est. Je sélectionne dans ma playlist la musique d'un groupe local et que j'aime bien LIFE REPORTS. C'est du métal alternatif et leur musique me permet d'évacuer mes tensions. Je les mets à fond dans la voiture, j'enfile mes lunettes de soleil et je me mets en mode pilote automatique, j'ai tellement fait le chemin que je pourrais le faire en fermant les yeux. Bon je sais que c'est dangereux et que si la prévention routière m'entendait ils feraient tout pour me retirer mon permis.Une fois arrivée sur le campus universitaire de Champs-sur-Marne, je passe devant le bâtiment Rabelais reconnaissable entre tous avec sa pointe tendant vers le ciel, se succède le bâtiment Lavoisier, un grand cube de verre entouré de sparadrap marron. Je ne sais pas à quoi pensait les architectes ou surtout à quoi ils carburaient car pour pondre de telles horreurs pas du tout pratique, il ne fallait pas être sain d'esprit et/ou complètement défoncé. Entre les amphis glacés en hiver de Rabelais et des salles de TD surchauffées en été de Lavoisier on repassera pour la praticité de vie de ces édifices.

Je continu encore un peu pour aller me garer dans le parking du bâtiment Bois-de-l'étang. C'est un bâtiment immense, tout en longueur fait, je vous le donne en mille, de bois et de béton.

Une fois la voiture stationnée dans le parking, j'en sors en n'oubliant pas mes affaires.
La dernière fois, j'avais oublié à l'intérieur ma veste et malheureusement lorsque je suis revenue après mes cours je me suis aperçue qu'on m'avait cassé une vitre et volé ma veste. J'avoue que sur le moment, j'étais rageuse car je tenais énormément à cette dernière puisque c'était mon frère qui me l'avait acheté dans un surplus militaire et je l'avais customisée avec différents patchs et pin's.

Depuis je vérifie tout le temps à deux reprises si je n'ai rien oublié de visible.

Une fois ma vérification faite je me dirige vers l'escalier qui me mène jusqu'au rez-de-chaussée où se situe les secrétariats des UFR. Je vais d'un pas léger m'annoncer à la secrétaire.

-« Bonjour, je suis Louise Deschamps et j'ai rendez-vous avec Mr Dupond à 15h00

- Oui, je vous avais reconnu Melle Deschamps et comme d'habitude vous avez de l'avance.

Elle se saisit de son téléphone et informe mon directeur de thèse de mon arrivée. Ce dernier lui signale que je peux monter dans son bureau. Me voilà partie pour une ascension de deux étages par les escaliers métalliques, que j'ai en horreur depuis une chute. Car en plus d'être étourdie  je suis maladroite et une fois quand je courrais pour ne pas louper un début de TD, où c'était moi la prof, j'ai loupé la dernière marche et je me suis étalée de tout mon long dans le hall devant une centaine d'étudiants de 1ère année qui attendait pour accéder au seul petit amphi du bâtiment. Et comment dire que je me suis payée la honte de ma vie et en plus je me suis fait une entorse à la cheville. La cerise sur le gâteau, je suis arrivée en retard en cours. Donc depuis ces escaliers ne sont pas mes amis.

Helhest M.C.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant