Chapitre 14

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En me réveillant ce matin, je me sentais mal. Comme si quelque chose en moi était mort. Il y avait bien la peur d'avoir perdue Julia a tout jamais ou même la sensation d'avoir tout foiré avec Saia mais c'était autre chose. Un lien beaucoup plus fort, beaucoup plus présent. Il était en train d'être détruit, je le sentais. Mais qu'est ce que ça pouvait bien être ? Soudain, je compris ce qu'il ce passait. Anaïs était en train de partir...

Je sortais en courant le plus vite possible de l'orphelinat. J'avais abandonné toute prudence, au diable Kerr et ses chiens. J'avais oublier ma vengeance le temps de quelques heures. Anaïs mourrait. Mon monde s'effondrait. Je ne savais même pas comment j'arrivai a tenir encore debout. J'aurais du m'écrouler, hurler, pleurer. Mais pour elle, je continuais à avancer. Je ne pouvais pas la laisser partir comme ça. Je devais lui parler une dernière fois avant qu'elle ne rejoigne nos parents pour de bon. On avait partagé tellement de choses... Depuis ma naissance, elle était ma meilleure amie, la sœur que je n'ai jamais eu. Elle n'avait pas le droit de me laisser. Je ne regardai pas ou j'allais, je n'en avais pas besoin, je connaissais la route par cœur, et sans faire attention, je fonçai dans quelqu'un. j'avais déjà passé mon chemin, n'ayant pas l'intention de m'arrêter de courir pour des broutilles. Malheureusement, la personne m'interpella :
- Tiens tiens, mais c'est la jeune Berd. Ça tombe bien que tu sois la, Elis m'a envoyé te chercher. Je poussai un hurlement de rage et envoya mon pouvoir avec toute la puissance dont j'étais capable. Mais c'était tellement fort que quand il se cogna contre le mur contre lequel je l'avais expédié, il se rompit le cou. Il était mort. Je venais de tuer quelqu'un pour la première fois de ma courte vie. Mais bon, ce n'était pas comme si c'était une grande perte et que je n'avais pas prévenue. Ils ont joués, ils commencent a perdre. Une douleur insoutenable me sortit de mes pensées. Je recommençai à courir plus vite encore que précédemment. En arrivant devant chez Anaïs, je ne pris même pas la peine de sonner et défonça la porte avec mon pouvoir. Je me rua à l'intérieur alors que Sophie surgissait, pensant surement a une attaque des Faindes. Elle soupira de soulagement en me voyant et se poussa pour me laisser entrer. Je ne pris même pas la peine de lui dire bonjour, la priorité n'était pas la. A ce moment-la, je la vis, allongée sur le canapé, peinant à respirer, luttant pour continuer a vivre. Ça me ramena 2 semaines et une dizaine d'années en arrière, le jour ou elle sacrifia ses pouvoirs et le jour ou je l'avais sauvée in extremis. Mais malgré toute ma volonté, je n'arriverai pas a repousser la maladie une deuxième fois. Alors, je pris sa main, et me laissa tomber a côté d'elle. Elle me fixa quelques secondes, puis ferma les yeux. Je sentis une pression sur ma main. Je lui souris a travers mes larmes et en rouvrant les yeux difficilement, elle essaya de parler :
- Li...lia... - Oui chaton, c'est moi. - Tu...vas...me...man...quer...
- Toi aussi chat. Si tu savais comme tu vas me manquer Anaïs... On a vécu tellement, j'arrive pas a croire que c'est fini... T'as pas le droit de partir maintenant chaton. J'ai besoin de toi...
- ... - ANAIS ! ANAIS ! Non, tu peux pas ! Non ! T'as pas le droit de partir ! Anaïs ! M'abandonnes pas... S'il te plait chat, j'ai besoin de toi... Reste avec moi, je t'en supplie... Anaïs ! NON ! t'as pas le droit... T'as...pas...le...droit... -Je...serais...tou...jours...la...Lilia...m'ou...blies...pas...je...t'aime. Dans un ultime effort, elle posa sa main sur mon cœur. Puis elle ferma les yeux, respira encore plus faiblement qu'auparavant. Je la pris dans mes bras, et son cœur s'arrêta. J'hurlai, une dernière fois, à la mort, de me l'avoir prise pour tout jamais. Une partie de moi était morte en même temps. Ma seule volonté était de la rejoindre, oublier la vengeance, l'orphelinat, mes parents... Plus qu'Anaïs comptait. Mais elle n'était plus la. Elle m'avait quitté, on me l'avait enlevé. Cette salope m'avait pris mes parents, ma meilleure amie et surement Julia. Qu'est ce que je la détestai. - NON !!! Non... non... C'est pas possible ! NON ! Je sentis une main se poser sur mon épaule et une autre caresser les cheveux d'Anaïs. Je relevai la tête et croisa le regard empli de larmes de Sophie. Elle avait l'air plus vieille, moins en forme. D'abord sa fille, puis sa petite fille. Je reposai doucement la tête de ma meilleure amie sur le canapé et me jeta dans ses bras frêles, le silence coupé par nos sanglots. Nous restions un moment comme ça. Je devais retourner a l'orphelinat, mais je n'avais envie de rien et encore moins de laisser Sophie seule. Mes amis devaient se faire un sang d'encre, je n'avais pas pris la peine de les prévenir, il y avait urgence. Je me décala de ses bras. Mes joues baignées de larmes brillaient, mon coeur se serrait en regardant Anaïs. J'eus envie de vomir en demandant a Sophie quand est-ce qu'on aller l'enterrer. - Je ne sais pas, dans pas trop longtemps j'imagine. Je ne supporterai pas de passer devant sa chambre tout les jours en sachant qu'il y repose son corps sans vie... - Je comprends, rien que d'y penser... On essaye la semaine prochaine ? Oh Sophie, mais comment on va faire sans elle ? J'y arriverai pas... - On se soutiendra. Elle n'aurait jamais voulu qu'on arrête de vivre après sa mort. Et puis elle compte sur toi pour venger vos parents. Elle était merveilleuse. Je ne me ferai jamais au fait de parler d'elle au passé. Lilia, il faut y aller. Je te raccompagne à l'orphelinat, je ne veux pas te laisser seule et puis je n'ai plus rien à protéger maintenant... - C'est gentil... Sophie ? - Oui mon canard ? - Je dois t'avouer un truc mais promet moi que tu ne te facheras pas ! - Tu me fais peur... Mais bon, promis.
- En venant ici, un Faindes met tombé dessus. J'avais tellement peur d'arriver en retard que je l'ai propulsé le plus fort possible sur le mur et il s'est rompu le cou... - Je savais bien que c'était une mauvaise idée de promettre, surtout avec toi ! Enfin Lilia, tu te rends compte de ce que tu as fait ? Tu as tué un être humain ! - Je sais, je ne voulais pas... Je suis désolée... - Ah non, ne me ment pas en plus ! Je sais très bien que tu n'es pas désolée ! Bon, j'imagine que ça devait bien arriver un jour, même si savoir que tu as tué quelqu'un a 15 ans me fais froid dans le dos. Et ce n'est pas comme si c'était une grande perte. Allez, allons-y, je n'aime pas l'atmosphère de cette maison...
- Moi non plus... Je me tournai vers le corps d'Anaïs et murmurai : - Tu vas tellement me manquer... Je ne t'oublierai jamais. A bientôt mon chat, je t'aime.
Nous sortions de la maison et partions en direction de l'orphelinat. J'avais a peine eu le temps de passer les portes, que mes amis déboulèrent à toute vitesse. Ils me serrèrent le plus fort possible dans leur bras. Ils reculèrent et l'expression sur leur visage me frappa. Un mélange de soulagement et d'inquiétude ornait leur figure. Ryder ouvrit la bouche et je compris que ce qui allait s'abattre sur moi serait digne des engueulades d'Anaïs. Qu'est ce que je donnerai pour les entendre de nouveau... En ce moment, je préférerais être n'importe ou plutôt qu'ici.
- MAIS TU ES VRAIMENT DÉBILE COMME FILLE ! PARTIR TOUTE LA JOURNÉE SANS DONNER DE NOUVELLES ! MAIS OU AS-TU LA TETE ?! ON S'EST INQUIÉTÉS ! ON A CRU QU'IL T'AVAIT EU !! NE REFAIS PLUS JAMAIS CA OK ?!! Oh, bonsoir Mme Colet, vous allez bien ? Et Anaïs, comment va t-elle ?
Je me remis à pleurer et me réfugia dans les bras de Sophie. Des larmes coulaient aussi sur ses joues. Ryder se rendit compte qu'il avait dit une connerie et assimila en même temps que les autres ce que nos larmes voulaient dire. - Non... Chuchota Yasmine.
Elle se tourna vers Oliver et fondit en larmes. Il l'a prit dans ses bras et me lança un regard de détresse. Je souris intérieurement et m'approcha pour faire un câlin a Yasmine. Les autres nous rejoignirent. Sophie me pressa l'épaule et nous souhaita bonne nuit. Puis elle quitta l'orphelinat, le dos courbé, les épaules affaissés, les joues striés de larmes, plus déprimée que jamais. Mes amis m'aidèrent a monter jusqu'au dortoir et je m'écroulai sur mon lit. J'étais épuisée. Ils s'assirent à mes côtés et l'absence d'une des nôtres se fit encore plus sentir. Pendant un instant, le souvenir du sort funeste de Julia flotta au dessus de nous. Sans état d'âme, Saia brisa ce silence. - Lilia, tu veux bien nous raconter ? Demanda t-elle. - Oui, non, je sais pas... J'arrive pas à réaliser, à me dire que je ne pourrai plus jamais lui parler, la serrer dans mes bras, l'entendre rire, m'engueuler, me faire la morale, m'empêcher de faire des conneries... Toutes ces choses qui semblent infimes quand on les vit mais qu'on regrette tellement quand t-on ne peux plus compter que sur ses souvenirs. Toutes ces choses qu'elle voulait faire et qu'elle ne fera jamais, toutes ces choses que nous voulions faire et que nous n'accompliront jamais. Toutes ses années, passées ensembles, qui me semblent tellement courtes comparé à toutes celles que je vais vivre sans elle... La vie est tellement injuste, elle ne méritait pas ça...! - Nous sommes désolés Lil', nous savons à quel point elle comptait pour toi. Nous ne la connaissions que depuis peu mais d'après ce que nous avons vu, elle était vraiment super. Nous lui rendrons hommage et nous la vengerons. Elle le mérite. - Merci Ry'. Il me prit dans ses bras et je me sentais déjà un peu mieux. Nous parlions de tout et de rien pendant quelques heures pour oublier la mort d'Anaïs et l'enlèvement de Julia. J'étais toujours dans les bras de Ryder, je me sentais apaisée. Ma conversation avec moi même de la dernière fois me revint en mémoire. Et si la petite voix avait raison ? Si j'étais vraiment amoureuse ? Je regrettai encore plus qu'Anaïs ne soit plus la. Elle arrivait toujours a me faire avouer la vérité, même celle que je connaissais pas encore. Quand Ryder se leva et qu'ils rejoignirent leur lit, j'eus froid. Sa chaleur corporel me manquait. Attendais quoi ?! Va falloir que je me calme. Je me mis sous les couvertures et essaya de m'endormir.

Demain sera un autre jour, un nouveau jour, le premier jour sans Anaïs, le premier d'une longue série dans ce monde ou elle n'est plus. En valait-il la peine ? Est-ce-que ça valait vraiment la peine de continuer sans elle, sans eux ? M'en voudraient-ils si je ne les vengeaient pas ? M'en voudrait-on si j'abandonnais mes amis maintenant ? Si je ne ramenai pas Julia ? Ce monde là valait-il la peine que je me torture l'esprit avec toutes ces questions ? Tant de questions sans réponses. Et si... Et si... Et si je n'y arrivai pas ? Et si c'était Kerr qui gagnait ? Et si ils m'en voulaient vraiment ? Et si...

Avant de m'endormir, la petite voix me souffla une réponse. Au moins pour Ryder, je devais rester.

Avant de sombrer dans un sommeil sans rêve, j'entendis quelqu'un se lever de son lit, se diriger vers le mien, s'asseoir sur le bord, dégager une mèche de cheveux qui cachait une partie de mon visage, et des lèvres qui se posait sur mon front. Oui, ce monde là en valait la peine. Et rien que pour ça, je me battrais jusqu'au bout.

et si...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant