Chapitre 20

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Je me tenai, debout, face a lui. De chaque côté, j'étais entourée, Ryder serrait ma main gauche et Sophie ma main droite. Dans une autre circonstance, j'aurais été heureuse de la revoir. Mais la, ici, pas du tout. Je faisais tout pour ne pas pleurer, ne pas tomber, mais je n'y arrivai pas. Elles auraient dus être à côté de moi, pas en face. Je ne pouvais les lâcher des yeux, ils étaient hypnotisant. Pourtant, j'aurais voulu les lâcher du regard, me retourner pour pleurer tout mon saoul, tout sauf avoir a affronter ça. Je me forçais a détourner le regard, pour observer les alentours. Près de Ryder, se tenaient Yasmine, Oliver et Saia. Les deux premiers pleuraient, dans les bras de l'autre. Quant a Saia, elle avait les yeux humides, s'empêchant de pleurer vraiment. Si je n'étais pas prise dans mon chagrin, je l'aurais rassurée, en lui disant qu'elle avait le droit de pleurer, d'extérioriser. Devant nous, se trouvait des pierres, beaucoup de pierres lugubres. Faites de marbre, souvent noir, quelques inscriptions dorés par ci par la, des fleurs blanches et rouges sur certaines. Un homme en noir, chauve, déblaterait des idioties que je n'écoutais pas. Je me foutais totalement de savoir ce que ce vieux bargo avait a dire. Ils ne les connaissaient pas, il ne savais rien de ce qu'elles avaient vécues. A ses pieds, un panier de roses blanches. Je savais que j'allais devoir dire quelque chose, mais je n'étais pas prête. Je levai mon regard, vers le ciel, comme pour prendre conscience de ce qu'il se passait autour de moi. J'aurais pu me persuader d'avoir vu des ombres bouger dans cet étendue bleue, mais je ne voulais pas. Ça rendait la chose encore plus réelle.
- Miss Lilia Berd !
Je sursautai en baissant les yeux vers l'homme. C'était lui qui m'avait appelé, il voulait que je fasse un discours... Je regardai Sophie, puis Ryder affolée. Ils serrèrent mes mains, un peu plus fort, pour les lâcher après. Je les maudits intérieurement pour m'abandonner dans un moment pareil. Puis, je maudis mes parents pour m'avoir donner un nom de famille commençant par B. Si je n'étais pas dans cette position, j'aurais éclaté de rire face a la situation, risible. C'est en m'avançant jusqu'à être devant elle, que les larmes coulèrent. Je me retournai vers l'assemblée au visage baissé.
- Je... Je n'ai jamais été douée pour ça... Mais... Je vais essayer... Anaïs était ma meilleure amie... J'ai tout partagée avec elle... Mes joies... Mes colères... Mes doutes... Ma vie tout simplement. On se complétait... Elle était le soleil, j'étais la lune... Elle était le ying... J'étais le yang... Ce jour la, j'ai perdue ma moitié... J'avais déjà failli la perdre 2 fois... Deux fois... Je lui ai dis a qu'elle point... J'étais en colère... Qu'elle soit partie maintenant... Mais ce que je voulais vraiment dire... C'est que je l'aime, plus que tout... Je sais que tu m'entends Anaïs. Je suis désolée... Tellement désolée...
Ensuite Julia... Je la connaissais pas depuis longtemps... Mais elle comptait beaucoup... Je n'aurais jamais du lui parler de mes problèmes... Sans que je lui demande... Elle m'a aidée... Au point d'en payer de sa vie... Elle a était plus courageuse que je ne le serais jamais... Je sais que tu m'entends aussi Julia... Je suis désolée... Je me répète, mais je suis désolée... On se revoit bientôt... Je vous aime toutes les deux...
Je m'avançai, la tête basse, vers l'homme. Il me sourit tristement et me tendit deux roses. Je posai la première, sur le cercueil d'Anaïs. Et la deuxième sur celui de Julia. Je m'accroupis en face d'eux, et posa mes mains dessus. Je me concentrait et fis apparaître deux beaux bouquets de fleurs que je posai que les tombes. Je me reculai, pour me remettre a ma place. Sophie et Ryder parlèrent chacun leur tour, puis le cimetière ce vida. J'allais m'asseoir sur un banc, dis aux autres de partir devant, que je les rejoindrais. Sophie était revenue hier soir, c'était elle qui avait organisée la cérémonie. Mme Kerr l'avait prévenue, et elle était rentrée en urgence. Je ne l'avais vue que ce matin, en allant régler son compte a face de crapaud avec Saia.
Flash back :
Nous nous rendions dans la salle de chimie, Saia voulait absolument tuer Alexandouille maintenant. Une genre de lubie malsaine... Enfin bref, je l'accompagnait. Dans le bureau de la prof, il y avait trois adultes. Mme Kerr, l'espion et... Sophie ! Elle se leva des qu'elle me vit et me serra dans ses bras. Elle avait l'air malade, plus maigre qu'avant, moins tonique, plus pale. Mais je ne dis rien, ce n'était pas le moment. Saia mit fin a nos retrouvailles, intraitable.
- Lilia, grouille.
Je levai les yeux au ciel, en quittant l'étreinte de Sophie. Une fois que Katrin Kerr eut ouvert la porte du cagibi, je me dépêchait de l'assommer avec des livres. Je le fis léviter et l'emmena dans une salle de classe vide. La, je fis venir des cordes, et l'attachait solidement a une chaise. Je me reculait, laissant Saia gérer. Quand il se réveilla, la première chose qu'il vit, c'était son bourreau.
- Cette fois Alex, t'y échappera pas.
Elle s'avança avec un couteau dans la main droite, pointe vers lui.
- Attends..., Saia ma belle, tu ne peux pas... Tu n'es pas comme ça... Je t'aime ! Lâcha t-il désespéré.
Je savais que Saia n'allait pas lâcher pour quelques petits mots, alors je ne me fis pas de soucis. Je souris ironiquement en pensant que cette fois, il ne s'en sortirait pas.
- Tu as raison, moi aussi je t'aime...
ATTENDEZ !! C'était quoi ça ?! Elle avait lâcher son couteau, et elle avait ouvert les bras pour le serrer. Il y a deux secondes elle était prête a le tuer et maintenant ils se faisaient des câlins ?! Je m'étais relevée, prête a intervenir, mais Saia me fit un clin d'oeil et leva sa main, pour me dire de ne pas bouger. Sauf qu'il y avait eu un reflet. Une lame était cachée dans sa manche. Je me rassis lentement pendant qu'elle continuait a avancer dans sa direction. Puis finalement, elle s'agenouilla en face de lui, sortit la lame, la planta dans son ventre. Il retomba dans un bruit sourd, du sang coulant de sa plaie béante. Saia jeta la lame plus loin, du sang plein les mains.
- Si, j'en suis capable. Ça, c'est pour avoir vendu Julia a ton maître. T'es qu'un chien, Alex. Un putain de chien. Crève. Elle vint s'assoir a côté de moi, en attendant qu'il rende son dernier souffle. Ce qu'il fit quelques minutes plus tard. Nous l'avions laissé au sol, dans cette salle de classe, le temps de demander a l'espion de venir le chercher.
Fin du flash back
Nous n'avions annoncé a personne le "décès" du directeur. Mme Kerr avait juste dit qu'il était parti régler une affaire urgente. Il aurait fallu que je rentre, pour pouvoir soutenir mes amis, parler avec les enfants de la nouvelle réforme. Mais je n'en avais pas le courage. C'était la première fois que je me laissai aller depuis l'épreuve de l'entrepôt. Une fois rentrée, j'allais devoir de nouveau être forte. Ce n'était pas mon premier moment de faiblesse, et ce n'était sûrement pas le dernier, mais j'aimais savoir que je n'étais pas obligée d'être toujours forte. Je n'avais jamais vraiment pleurée mes parents. La mort d'Anaïs m'avait fait réaliser la situation, et celle de Julia, le risque d'entraîner mes amis la dedans. Les larmes continuaient de couler, je pris ma tête dans mes mains pour les cacher un peu. Quelqu'un s'asseyait a côté de moi.
- Si vous êtes la pour me tuer, allez y mais vite...
- Non... Je ne suis pas la pour ça. J'ai entendue ton discours tout a l'heure, c'était beau... Tu sais, je connaissais bien tes parents. Tu leur ressemble tellement.
- Parlez moi d'eux... S'il vous plait.
- Marie et Jean était deux personnes formidables. Lucy l'était beaucoup moins. Ils ont rencontrés Claire et Marc au lycée. Tu sais qui sont Claire et Marc n'est ce pas ?
- Les parents d'Anaïs... Continuez.
- Nous étions tous dans la même classe. Tes parents, Elis, moi et Claire et Marc. On s'entendait bien, mais Elis a mal tourné, j'étais au courant pour leur pouvoir, ils n'étaient pas très discret. Il utilisait son pouvoir dans l'école pour faire peur et mal. Alors, a quatre, ils ont essayés de l'arrêter. De lui faire commettre une faute tellement grave qu'il soit envoyé en prison directement. Elis rêvait de pouvoir, il en a eu marre, et ils les a tués... Je suis tellement désolée Lilia. Tu étais tellement belle quand tu es née, mais tu l'es encore plus maintenant.
- Comment ça se fait que je n'ai jamais entendue parler de vous ?
- On s'était disputé... Désolée pour tes amis. Au revoir Lilia.
Elle partit sans un mot de plus. Elle ne m'avait même pas dit son prénom... Je haussai les épaules, tant pis. Je me redressait, et quittai le cimetière, pour rejoindre l'orphelinat. J'avais regardée une dernière fois les tombes, me promettant de revenir le plus souvent possible.

L'orphelinat était en effervescence. Mme Kerr venait d'annoncer la mort du directeur. Bizarrement, personne ne semblait triste. Les enfants couraient partout, sautaient, chantaient, jetaient la nourriture a travers la pièce. Pourtant, personne n'y trouva rien a redire. Les enfants étaient libres, leur tyran n'était plus et les profs avaient tous été virés. Quand la prof de français passa avec la prof d'anglais, un ado hurla :
- BOMBARDEMENT !!! ACHARNEZ VOUS !
Je souris, amusée, mais me reprit bien vite en me souvenant que nous n'avions pas que ça a faire.
J'allais chuchoter quelques mots a Mme Kerr, dis au revoir a Sophie et partie rejoindre mes amis, dehors.
- Vous êtes prêts ? Le train est dans une heure.
Ils répondirent tous par l'affirmative et nous nous mettions en route.
Le silence nous accompagnait, encore et toujours. Nous savions tous que trouver cette pierre ne serait pas évident. Mais j'espérais quand même que ce ne serait pas mortel...
Quand le train arriva en gare, tout le monde se figea. Je finis par prendre la main de Ryder et Yasmine. Saia et Oliver se rajoutèrent et nous sortions du train, main dans la main, soudés.
Nous marchions pendant 2 heures dans Amiens, avant de trouver Camon. C'était un petit village, au bord de la Somme. La ville avait du charme, les parcs étaient entretenus, le pont était vivant. Mais je m'en fichais... Je voulais juste trouver cette foutue pierre, tuer Kerr, accomplir ma vengeance et vivre normalement par la suite. Nous traversions un parc quand Saia trouva un papier par terre.
Elle le lut a voix haute.
Foncez sous l'Arche du parc. Vous atteindrez la première épreuve. Tenez vous et ne vous lachez pas. Ou vous ne passerez pas. Bonne chance...
Au moins, c'était clair.
- Très bien. Si un de vous ne veut pas continuer, je ne l'oblige pas, je ne lui en veut pas. Je ne sais pas si on sortira vivant de ce truc, mais je ferai tout mon possible pour que ce soit le cas. On ne se sépare en aucun cas. Ok ? Qui vient ?
Ils se consultèrent du regard, puis Ryder s'avança vers moi.
- On vient tous Lilia. Allons-y.
Nous nous prenions les mains, courons jusque l'Arche, la passions sans encombre.
De l'autre côté, il faisait noir. On ne voyait rien et si nous nous tenions pas, nous nous serions perdus. J'utilisais le pouvoir pour mettre de la lumière. Nous étions sur un chemin, entouré de lave... Flippant. Je me mis a l'arrière avec Ryder, Yasmine et Oliver devant et Saia au milieu. Nous avançions prudemment, doucement. J'avais peur mais je n'en avais rien a faire. Nous étions si proche du but... Finalement, l'allée deboucha sur une pièce éclairée. Kerr était déjà passé, ça se voyait. Il avait déverrouillé la porte et n'avait pas pensé a la refermer. Le con ! Enfin bref, ça nous arrangeait. Nous passions et nous trouvions devant un énorme cadavre, d'un bête que je n'avais vu que dans les livres de mon père... Un Jayse...

et si...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant