𝐐𝐔𝐈 𝐉𝐄 𝐒𝐔𝐈𝐒 • taekook ✔️

22. The mask

𝙸 𝚠𝚒𝚕𝚕 𝚗𝚎𝚟𝚎𝚛 𝚐𝚛𝚘𝚠
𝚆𝚑𝚒𝚕𝚎 𝚝𝚑𝚒𝚜 𝚊𝚗𝚌𝚑𝚘𝚛 𝚒𝚜 𝚌𝚑𝚊𝚒𝚗𝚎𝚍 𝚝𝚘 𝚖𝚢 𝚏𝚎𝚎𝚝
𝚃𝚎𝚕𝚕 𝚖𝚎 𝚠𝚑𝚊𝚝 𝚢𝚘𝚞 𝚔𝚗𝚘𝚠
𝙸 𝚜𝚎𝚝𝚝𝚕𝚎𝚍 𝚖𝚢 𝚐𝚛𝚒𝚎𝚟𝚊𝚗𝚌𝚎 𝚋𝚢 𝚌𝚛𝚊𝚏𝚝𝚒𝚗𝚐 𝚝𝚑𝚎 𝚖𝚊𝚜𝚔

Taehyung avait voulu rentrer mais Jungkook l'en avait empêché. Quand leur étreinte s'était terminée, le plus jeune avait bien vu la mine du garçon et avait refusé qu'il ne reparte dans cet état. C'était un peu une excuse pour qu'il reste.

Et Taehyung avait accepté, comme s'il n'avait pas la force de batailler, ni la force de marcher jusqu'à chez lui. Ou alors parce qu'il en avait aussi envie.

Ils avaient mangé tous ensemble et Taehyung s'était re-paré de sa mine habituelle pendant quelques minutes ou heures, riant à certaines blagues, souriant à quelques conneries de Jimin. Et quand ils étaient retournés dans la chambre pour se coucher, il avait reprit son expression précédente, comme s'il arrêtait de faire un effort.

Et Jungkook l'avait regardé faire sans un mot, se faisant seulement la réflexion qu'il avait l'impression de le voir enfiler et ôter un masque. Son visage changeant de tout au tout en une fraction de seconde. Comme si celui qu'il avait vu depuis le départ n'était qu'une façade et que sa réelle apparence était celle qu'il ne montrait que quand il était seul, étaient seuls. Une mine triste, un regard sombre, une voix roque.

Ils s'étaient couchés tôt, sans échanger autre chose que des banalités et comme s'ils voulaient laisser ces révélations là où elles étaient.

Mais Jungkook ne pouvait s'empêcher d'y penser. Alors, tandis que le garçon à côté semblait dormir, lui, ne pouvait fermer l'œil, ses pensées le tenant éveillé. Il l'observa brièvement dans l'obscurité, là de dos, presque en boule, ressemblant seulement à une masse sombre sans vie. Peut-être était-ce un peu ce qu'il ressentait au fond ?

Jungkook soupira doucement et se détacha de cette image qui lui serrait le cœur malgré lui. Plutôt, il reporta son attention sur le plafond, où des lumières dansaient au rythme des rares voitures qui passaient sous sa fenêtre. Il fixa ce ballet dans l'obscurité, ses pensées s'harmonisant au spectacle. Elles s'agitèrent, se trémoussèrent, tournèrent, tanguèrent, valsèrent, s'accordèrent. Il avait enfin des réponses.

Les rideaux se fermèrent et se rouvrirent sur un grand écran, se confondant au blanc du plafond. Comme une bande de film, les images, les souvenirs se mirent à grésiller, puis à défiler. Soudainement, tout s'emboitait, s'harmonisait, prenant du sens. Tout.

Tous les moments où Taehyung avait été étrange, ou même ses réactions qui avaient l'air anodines.

Jungkook repensa avec une nostalgie étrange à sa rencontre avec l'aîné, la première qu'il l'avait vu, pénétrant dans son appartement. La première chose qu'il avait remarqué était ce sourire rectangulaire.
Il se souvint de sa manière de saluer les gens avec gaieté, sa façon de toujours combler le vide de son rire et blagues.

Puis, de la deuxième fois, de ses regards complices avec Namjoon à l'évocation d'une copine et de sa façon de se triturer nerveusement les doigts.

La troisième fois, les mots de Jin, putain, quand il lui avait dit qu'il n'était pas ce qu'il paraissait et que Taehyung avait dit qu'on le lui disait souvent. Il y avait aussi cette manière que lui et Namjoon avaient de le fixer avec insistance quand Jimin était complètement bourré et le câlinait.

Et puis, il y avait eu Jieun. Bordel, tous ces moments à parler d'elle, à le pousser à arranger les choses.

Une phrase réapparût brusquement, ce jour même où il avait revu la fille et que l'aîné avait dit « Je suis peut-être le moins bien placé pour dire ça mais tu n'avanceras jamais si tu ne guéris pas tes vieilles blessures ». A ce moment là, parlait-il pour lui ? Était-il celui qu'il essayait de convaincre ?