Trop

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Il adorait ça. Dès qu'il le pouvait et dès qu'elle le voulait bien, il prenait son ballon et courait dans le jardin pour jouer.
Il s'amusait à tirer dans le mur, à faire quelques gestes techniques, à tirer en lucarne ou juste shooter dans le jardin.

Puis, elle l'appelait pour manger et il rentrait, mais ressortait toujours après pour taper dans le ballon encore une ou deux fois.

Il était ce qu'on pouvait appeler un mordu de foot. Il ne loupait aucun match de son équipe favorite. Il collectionnait des maillots de joueurs du monde entier et les connaissait presque tous.

À chaque fois, qu'elle lui offrait des places pour aller à l'Allianz-Arena, il devenait comme un gamin devant un cadeau de Noël, ce qu'il était sûrement. Il lui arrivait de ne pas dormir durant plusieurs nuit en pensant au match qu'il allait voir.

Il s'était déjà mis dans des états catastrophiques parce qu'ils avaient perdu, refusant même une fois de manger. Mais, elle le laissait regarder, parce que, pour elle, le sourire qu'il arborait quand son équipe était vainqueur, était la plus belle chose au monde.

Quand il avait perdu sa mère, elle avait eu peur qu'il se renferme comme une huître, qu'il ne veilleut plus vivre. Mais, il avait trouvé refuge dans le foot et avait peu à peu remonté la pente. Elle était fier de lui, pour avoir trouvé le courage, le courage dont manque tant de personne.

Il savait que jamais il ne pourrait devenir joueur de foot, mais il aimait rêver. Il aimait se demander ce qu'il ferait s'il était à leur place. Il aimait se le demander. Parce que c'était une manière de pouvoir vivre son rêve complètement.

Il se souviendra toujours de cet anniversaire. Le 3 juin. Ce jour là, se jouait également, Bayern Munich - Real Madrid. Finale de la Ligue des Champions de cette saison.

La veille, elle lui avait tendu cette enveloppe. Cette enveloppe avec des billets d'avion pour Paris. Il savait intérieurement que la finale se jouerait là-bas. Mais il la connaissait aussi. Il savait qu'elle n'appreciait le foot, que parce que lui ne jurait plus que par ça. Il savait qu'elle n'avait aucune idée de ce qui allait se passer à Paris le lendemain.

Il était dans leur chambre d'hôtel quand elle arriva, une autre enveloppe dans la main. Il fronça les sourcils surpris, lui qui était persuadé que cette escapade à Paris était le cadeau. Puis il les vit. Les deux places pour le Parc des Princes. Pour le match. Pour CE match. Pour cette finale.

Il la regarda les yeux brillant d'amour avant de l'embrasser. Elle souriait, elle aussi. Parce que son sourire, même si il était dut à quelque chose qu'elle ne comprenait pas, provoquait automatiquement le sien.

Il s'habilla, mis son maillot fétiche, espéra, encore et encore. Pria, encore et encore. Pour que son équipe gagne. Non, il priait seulement pour assister à un match de légende. Parce qu'il le savait. Il le sentait. Ils allaient gagner.

Mais ce qu'il ne savait pas. C'est qu'elle, elle n'avait pas encore dit son dernier mot.

Lorsqu'ils s'installèrent dans la loge VIP, il comprit, et seulement à cet instant, il comprit, que les surprises n'étaient pas finis. Il se mit à espérer. À espérer une rencontre avec les joueurs. Des joueurs, qu'il admirait, qui le faisaient rêver.

Le match commença. Dur, fatiguant. Il le sentait, il le voyait. Mais il y avait du jeu. Du beau jeu. Du jeu qui pouvait être concluant. Il le savait.

Savoir c'est bien. Mais lorsque que le Réal marqua, une fois, deux fois, trois fois, en une mi temps...les supporters avaient encore du mal à y croire.

Mais lui y croyait. Il y croyait plus que tout. Il se mit, à réciter toutes les prières qui lui passait par la tête. Pour tous les dieux, quelqu'il soit. Il priait, non pas pour un miracle, mais pour un combat. Un combat avec un ballon.

Peut-être que les dieux avaient entendu ses prières. Peut-être que les dieux avaient entendu celles des joueurs. Peut-être qu'ils avaient entendu celles des autres supporter. Mais à la fin, peut lui importait de savoir si ses prières avaient été entendu.

Parce que le Bayern marqua. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. Cinq fois.

Il pleurait. De joie. De stresse. La pression accumulé en une saison, redescendait maintenant. Tous pleuraient. Certain de joie, comme lui. D'autre de tristesse, de rage.

Mais là, il s'en foutait. Parce qu'il était là. Il avait vécu cette finale. Il avait participé à tous ça. En tant que supporter, mais il y avait participé.

Puis, lorsqu'il fut calmé, elle lui prit la main et l'emmena vers un gardien. Il était encore tellement absorbé par tous les émotions qui se mélangeaient dans son corps, mais aussi dans tout le stade, qu'il n'entendit pas un mot de ce qu'elle disait.

Mais lorsque qu'il fit face aux joueurs, Munichois et Madrilène, il entendit, sa conversation avec le gardien. Il la regarda longuement, se remémorant tous ses moments passés avec elle. Leur amour, qui avait survécu les âges.
Il savait que cette femme était celle de sa vie. Il l'avait su dès qu'il l'avait vu, mais là, c'était comme si il le redécouvrait, comme si il le ressentait pour la première fois.

Comme il tardait à bouger, elle le prit dans ses bras et murmura à son oreille.

"Joyeux soixante-cinq ans mon amour"












Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant