FELESIA T.3 L'Ultime Condamnation

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Stanley déambulait dans les couloirs extérieurs du château, la lassitude se lisant sur son visage. Le vampire ne trouvait plus amusant de marcher ainsi, puisqu'il n'y avait plus personne à espionner. 
 Les souvenirs de la cour royale lui revinrent en mémoire, un passé qui avait fait de lui, l'homme qu'il était aujourd'hui.
 Par de belles journées d'été, le château resplendissait de beauté. Les nobles venaient un à un se présenter au roi, voulant à tout prix faire bonne figure et entrer dans les bonnes grâces de son altesse. Les nobles étaient nombreux et les serviteurs l'étaient d'autant plus, il était impossible d'en connaître le nombre exact. 
Sous le règne de Darius, seuls les vampires étaient autorisés à vivre dans le château, aucun humain n'était toléré, cela évitait les ennuis selon lui. Mais pour Stanley, il était inconcevable de ne pas pouvoir se nourrir directement à domicile. Partir en chasse l'agaçait la plupart du temps puisqu'il ressortait toujours vainqueur, alors l'ennui l'avait de nouveau saisi et à cette époque les poches de sang n'existaient pas encore et quand bien même elles auraient existé, un vampire digne ne s'abaisserait jamais à planter ses crocs dans un sachet plastifié.
 À cette époque, Stanley n'était pas le favori du roi, bien au contraire, ses congénères le surnommaient la fouine. Un surnom qu'il détestait et malgré sa puissance hiérarchique, le mot fouine l'avait poursuivi des années durant. N'étant pas homme à se laisser abattre, Stanley avait trouvé le moyen de punir chaque noble qui avait osé s'en prendre à lui et si sa vengeance pouvait parfois mettre des années à s'accomplir, celle-ci finissait toujours par s'abattre.
 
Les ragots ne manquaient pas à la cour et le vampire savait les écouter attentivement pour pouvoir s'en servir ensuite. Il avait trahi bien des nobles pour pouvoir acquérir une place au château et ne regrettait en rien les chantages odieux auxquels il avait eu recours. Stanley savait qu'il n'était pas destiné à parcourir les couloirs en quête de commérages pour ensuite conduire les victimes au chantage, non, il valait beaucoup mieux que ça. Il était persuadé que tout était temporaire et le vampire ne s'était pas trompé. 
 Manipulation et chantage l'avaient élevé au rang de conseiller du roi Alban. Personne n'avait misé sur ce misérable et pourtant, les années s'étaient écoulées et Stanley se tenait toujours sur ses deux pieds, et membre de la royauté. 

Malheureusement, le temps avait remplacé l'euphorie et l'ennui avait commencé à le submerger. Il n'y avait plus de nobles à faire chanter et rares étaient les personnes qui le côtoyaient. Alors lorsque cette Ultime était entrée dans sa vie, un nouveau souffle, un nouveau but s'était offert à lui. 
 Il retrouva cette sensation qui animait son être, celle de vouloir jouer et gagner la partie. Malencontreusement pour lui, cette vampire était bien entourée et les sentiments que le roi éprouvait pour elle ne l'aidait en rien. Les mois s'écoulaient et cette femme gagnait toujours plus de terrain. 

Il était persuadé que quelque chose lui échappait, cette vampire avait une faille qu'il ne voyait pas pour son plus grand agacement. Des espions il en avait disposé dans l'école, mais Malia était entourée de Messone, un allié de taille. Le blond lui vouait une haine sans limite et plus d'une fois Stanley en avait joué, le voir hors de lui l'amusait mais à présent, les rôles s'étaient échangés et Stanley n'appréciait pas être le perdant. Seulement, Messone n'était pas son seul ennemi, celui qui le préoccupait le plus était l'Alpha Suprême, plus intelligent que ses prédécesseurs, Lenzo s'était rapproché du groupe pour pouvoir détruire Alban plus facilement, Stanley était persuadé qu'il faisait tout pour pouvoir prendre le contrôle sur le monde des vampires. D'après Megan Hall, il semblait être très proche de Malia, mais aucun rapprochement physique n'avait été constaté. Malin de sa part, pensa Stanley. Lenzo savait que s'il dépassait la limite, Alban entrerait dans une colère aveuglante et une guerre sans merci s'en suivrait. Mais l'Alpha Suprême ne risquerait pas la vie de ses loups, contrairement à Alban qui jetterait n'importe quel de ses vampires à la bataille.

Stanley posa ses avant-bras sur l'un des balcons et serra ses poings avec force. Son esprit était déjà bien assez torturé et pourtant, cette idiote de Megan Hall en qui il avait placé beaucoup d'espoir, ne semblait être qu'une incapable. L'imbécile n'avait rien trouvé de mieux que de mêler son frère aîné dans cette histoire déjà compliquée. Stanley se retrouvait à devoir surveiller ses arrières quant aux intentions de son frère qui à coup sûr, serait malveillant. 

Durant des années il avait suivi de près les agissements de son aîné, le vampire avait toujours eu le don de se mettre dans des histoires dangereuses et lorsque Stanley eu vent qu'il avait été tué, il avait cru à ce commérage qui visiblement était faux, ou plutôt un leurre. Adrian s'était seulement caché pour se faire oublier. 

L'entente entre les deux hommes n'avait jamais été simple, se chamaillant sans cesse, l'un comme l'autre cherchait à démontrer sa supériorité.

— Mon frère ! 

Chacun des muscles de Stanley se contractèrent, sa mâchoire tressauta d'agacement, mais comme il l'avait si bien appris, Stanley se retourna ne laissant apparaître aucun sentiment. 

— Où étais-tu passé ? 

Un sourire en coin s'étira sur les lèvres d'Adrian, son frère avait fait en sorte de le faire suivre, mais le vampire astucieux avait déjoué les gardes. 

— Tu me connais, j'aime me sentir libre et je ne rends jamais de compte à qui que ce soit. 

Les deux frères se toisèrent d'un sombre regard, jusqu'à ce qu'Adrian reprenne la parole.

— Néanmoins, sache que je prends les choses en main, ton incompétence à régler cette histoire me laisse sans voix. 

— Adrian... prévint Stanley mâchoire serrée.

D'un geste théâtral, Adrian continua sans prendre gare aux avertissements de son frère. 

— Tu as de l'expérience mais visiblement pas assez, laisse-moi te montrer comment on s'y prend et une fois de plus, je te montrerai qui est le plus fort d'entre nous. 

C'en fut de trop. Stanley se jeta sur son frère qui n'eut pas le temps d'esquiver.  La rage se lisait sur leurs visages même si Adrian faisait de son mieux pour contenir ce sourire agaçant que Stanley rêvait d’arracher. 

Il lui asséna un coup de poing en pleine figure et de sa puissance vampirique, le propulsa contre l'un des murs en pierre de la bâtisse. Adrian tomba à plat ventre, mais se remit très vite en position de combat face à son frère qui avait les crocs sortis. 

— Bien que le spectacle soit divertissant, je me demande bien quelle est l'origine de cette bagarre. 

Appuyé nonchalamment contre le mur, Alban s'approcha des deux hommes, sûr de lui. Les mains derrière le dos, regard neutre, il attendait une réponse. 

Adrian se mit à rire, il s'approcha de Stanley et lui mit une tape dans le dos. Celui-ci serra les dents, mais ne voulant pas attiser la curiosité de son roi, esquissa un léger sourire. 

— Rivalité fraternelle mon roi, rien de grave je vous rassure. 

Alban ancra son regard à celui de son conseiller. 

— Stanley ? 

— C'est exact Sir, c'est une vieille habitude pour nous de s'affronter. Mon frère ne comprendra jamais qu'il est peut-être fort physiquement, mais que mon esprit est bien plus affuté que le sien. 

Alban toisa les deux frères dont Adrian qui souriait aux remarques de son frère. Cet homme semblait étrange, mais Alban n'avait guère le temps de s'occuper d'une histoire de famille. Il fit signe à Stanley de le suivre ce qu'il fit sans tarder. 

Adrian regarda son frère s'éloigner et son sourire s'évanouit. 

— Nous verrons mon frère, nous verrons...