Des flambeaux éclairaient l'intérieur d'une grande pièce faite de pierres abîmées par le temps. Malgré les ouvertures rectangulaires qui tapissaient le mur, une odeur comparable à aucune autre, s'infilrait dans chaque être présent dans la pièce, leur arrachant une grimace de dégoût.
Au sol se trouvait une barrique de taille impressionnante, on pouvait facilement y mettre deux hommes. Trois soldats royaux dont l'un d'entre eux qui détenait une télécommande dans les mains, souriaient à pleines dents en se moquant ouvertement de leur victime.
Une femme avait les poignets liés par des chaînes et se retrouvait suspendue au-dessus de la barrique. Son tee-shirt était criblé de trous, taché de noir et son pantalon était troué au niveau de ses genoux, signe qu'elle était tombée au sol plus d'une fois.
— Tu vois Nina, c'est à cause de toi si ton amie se retrouve dans cette position, rit le soldat.
Les pleurs de Nina résonnaient dans l'habitacle et même Malia, qui s'efforçait de la rassurer, n'arrivait à rien.
— Ça ira, ne t'inquiète pas pour moi.
— Je suis désolée, tellement désolée, dit-elle les mains sur sa poitrine, accroupie et se balançant sur elle-même.
Le soldat fit descendre le corps avec une lenteur délibérée et Malia sentit son organe vital gagner en vitesse à mesure qu'elle sentait l'eau remonter sur son corps. Elle voulait se montrer forte contre des hommes sans coeur et ne regrettait en rien d'avoir pris la place de son amie, qui en avait assez bavé.
Les muscles tendus à leur maximum, Malia leva la tête et serra les poings en prenant une grande inspiration, lorsqu'elle fût totalement submergée d'eau gelée. Malgré son fort caractère, l'angoisse prit le dessus lorsque l'air vint à lui manquer.
Elle commença par suffoquer laissant l'eau s'infiltrer en elle, se frayant un chemin à travers sa gorge pour ensuite remplir ses poumons, la privant de tout air. Ses muscles se relachèrent un à un la faisant perdre conscience, mais avant que cela ne se produise, le soldat remonta son corps trempé et gelé.
— Alors ça va toujours ? s'esclaffa ce dernier.
Malia reprit peu à peu ses esprits, son regard flou devint net à mesure que ses poumons recrachaient l'eau. Elle toussa avec force et prit une grande inspiration, remplissant ses organes vitaux à leur maximum.
Ses prunelles noisettes croisèrent ceux de Nina qui n'avait pas changé de position. L'ultime esquissa un léger sourire à son encontre, même si au plus profond d'elle-même, elle souhaitait ne plus à revivre cette torture physique et mentale.
— C'est bon tu respires de nouveau ? demanda-t-il de sa voix criarde.
Malia le fusilla du regard, elle aurait tellement voulu lui arracher la tête.
— Très bien alors on recommence !
— Non ! hurla la voix tremblante de Nina. Ça suffit !
Un rictus aux lèvres, le soldat ancra son regard à celui de Nina et appuya sur la télécommande. Nina se releva, prête à lui sauter dessus mais les deux autres vampires l'en dissuadèrent en la menaçant de recommencer à noyer son amie si elle approchait.
La jeune vampire jura et serra les poings, impuissante face à cette torture.
Le pouls qui s'accélérait, les muscles tendus, l'angoisse, l'infiltration de l'eau. Tout recommença, sauf que cette fois, elle sombra dans les abysses.
Ses paupières semblaient lutter pour s'éveiller et après une lutte acharnée, Malia ouvrit grand les yeux en portant sa main à sa poitrine. Elle inspira et expira à plusieurs reprises et observa tout autour d'elle, la brune découvrit qu'elle était à présent dans sa cellule et jamais elle ne l'aurait pensé, mais se savoir ici la soulagea.
— Je suis vraiment désolée, sanglota Nina qui visiblement avait du mal à se remettre de ses émotions.
— Je ne regrette rien Nina, c'était toi ou moi et tu en as subi largement assez.
Malia se releva légèrement appuyant son dos contre le mur. Son amie prit place près d'elle et soupira.
— Je suis exténuée, comment est-il possible de faire subir autant d'horreurs, certains le méritent mais pas moi et bien d'autres qui sommes innocents. Je ne comprends pas.
— Il n'y a rien à comprendre et de toute façon nous ne sommes pas comme eux, donc ne cherche pas la réponse car tu ne la trouveras pas.
Nina se cala contre l'Ultime cherchant du réconfort, ses yeux semblaient se remplir de larmes, des larmes qu'elle n'arrivait plus à faire cesser de couler. La tristesse qu'elle ressentait était comme l'une de ces chutes d'eau, en perpétuel écoulement.
Blotties l'une contre l'autre elles restèrent ainsi, sans un mot, laissant les vagues apaiser leurs âmes meurtries par la souffrance endurée dans cette demeure maudite jusqu'à ce que la porte s'ouvre à nouveau sur l'un des gardes.
Les deux femmes se relevèrent avec précipitation et Malia montra les crocs. Il était hors de question que l'une d'entre elle souffre une fois de plus.
— Calmez-vous, demanda le soldat en haussant les mains. Nina, tu es libre, souffla le vampire.
Nina sentit son cœur rater un battement, ses yeux étaient sur le point de quitter leurs orbites et sa bouche était entrouverte. Elle regarda Malia qui lui sourit tendrement.
— C'est impossible ! Tu mens ! s'énerva-t-elle.
— Non et nous devons partir rapidement.
— Laisse-nous seules deux minutes, ordonna Malia.
Le soldat quitta la pièce et Malia prit le visage en coupe de Nina qui semblait paniquer.
— Ce sont des mensonges.
— Nina écoute-moi, ce n'est pas un mensonge. J'ai demandé ta libération et celle-ci a visiblement été accordée.
Sans voix, des larmes de joie tapissaient les joues de la blonde.
— Écoute-moi attentivement, tu devras rejoindre Felesia quoi qu'il t'en coûte et retrouver Messone, tu seras en sécurité avec lui. Il n'y a que là-bas que tu seras à l'abri. Pour ton bien et le nôtre fais ce que je te dis. Même si je me doutais déjà que tu irais le rejoindre, sache que c'est la meilleure solution. À partir du moment où tu mets les pieds dehors tu vas à...
— Felesia, répondit-elle à sa place.
La porte s'ouvrit sur le soldat et Nina sauta dans les bras de son amie.
— Merci, merci pour tout et je te promets Malia sur mon honneur que je ne saurais trouver le repos tant que l'on ne t'aura pas libérée de cet enfer.
Ses paroles semblaient venir d'un autre temps et Malia réalisa que Nina venait effectivement d'une autre époque, celle où la promesse d'une parole était un réel serment.
— Dis-leur... qu'ils me manquent tous.
L'Ultime s'approcha de son oreille et lui murmura le plus silencieusement possible.
— Dis à Lenzo que je l'aime.
Nina parut décontenancé par cette révélation mais esquissa un légé sourire lorsque Malia posa un doigts sur sa bouche, lui montrant de garder le silence. acquiesça d'un signe de tête et rejoint le garde.
la blonde hocha la tête et la serra dans ses bras le ventre noué par l'émotion. Le garde entra, agrippant le bras de cette dernière qui n'arrivait pas à décrocher le regard de son amie. La culpabilité de la laisser seule dans cette endroit immonde l'envahissait, mais une promesse était une promesse et Nina comptait bien la tenir.
Malia était à présent seule, mais cette situation ranima un infime espoir, celle que le roi ne l'avait pas oubliée et qu'elle pouvait encore compter sur lui.
Une autre chose et pas des moindres, son amie n'étant plus là, le soldat n'avait plus personne pour lui faire du chantage et lui faire endurer maints supplices.
À cette pensée son regard noisette vira au noir, ses veines se mirent à bouillir non de colère mais d'excitation, elle semblait retrouver toutes ses forces, un nouvel espoir prenait naissance et c'est avec le sourire aux lèvres qu'elle s'asseya près de sa fenêtre. Le regard ancré sur la porte, attendant patiemment que le soldat pénètre à nouveau dans son antre.
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FELESIA T.3 L'Ultime Condamnation
Vampiros⚠️Chères lecteurs, je vous invite à lire le tome 1&2 avant de lire celui-ci. Malia se retrouve pour son plus grand malheur, enfermée à Lazar sous le joug de son plus grand ennemi Stanley. Il ne désire qu'une seule chose, voir cette vampire souffrir...