Journal d'une écrivaine pas toute seule dans sa tête

C'est quoi la vie ?

Être zèbre, c'est tellement compliqué à expliquer... Ça dépend de plein de choses, et c'est ça qui est dingue !

Quand j'étais petite, on me disais tout le temps que j'étais trop timide, qu'il fallait que je m'assume plus, que je m'affirme et que je n'ai pas peur d'affronter les gens... Et un jour, je sais pas pourquoi, mais j'ai changé. Et j'ai commencé à recevoir énormément de reproches comme quoi j'étais trop démonstrative, que j'étais agressive et que j'avais aucun humour. Trop gentille et en même temps trop froide, trop excessive et en même temps trop distante. Mais qu'est-ce que vous voulez ? J'ai jamais voulu m'en prendre aux gens parce que chaque fois que je dis quelque chose, ils ont toujours quelque chose à répondre...

Pourquoi est-ce j'ai pas le droit de dire ce que je veux ?

Pourquoi est-ce que je peux pas vivre comme je l'entends ?

Pourquoi je pleure tout le temps pour rien, pourquoi est-ce que chaque détail compte au point de tourner à l'obsession ? Pourquoi est-ce que chaque truc agaçant peut me faire hurler, pleurer, taper contre un mur ?

C'est pas juste. Ça ne sera jamais juste. Je suis comme je suis, il n'y a que moi pour le comprendre.

Je ressens tout. Je ressens les sentiments des gens, je ressens leur douleur, je ressens l'atmosphère d'un lieu, d'une histoire, ça peut me rendre malade et m'affecter physiquement.

Il y a des choses qu'on ne vois pas, des sons, des ambiances, des choses inexplicables, j'arrive à les ressentir.

Je veux toujours me souvenir de tout, de tous les bruits, toutes les odeurs, tout, tous, tous les détails, j'y arrive pas... et ça me fait péter un câble. Parce que je suis humaine et que j'y peux rien. Je veux absorber pour toujours chacune des sensations que je ressens chaque jour et ça me plonge continuellement dans une tempête où mes idées tourbillonnent à une vitesse folle.

Je réfléchis, tout le temps, n'importe quand, pour n'importe quoi, des choses sans importance. Je culpabilise pour des bêtises, je me questionne tout le temps sur la mort qui me cours après et je sais que je pourrai pas l'arrêter, ça me terrifie.

Demain je m'en vais. Je quitte mon chez moi, ma maison, c'est juste un endroit et pourtant c'est toute ma vie. Je veux me rappeler de tous les détails, je sais que je ne vais pas réussir et ça me terrorise plus que tout.

J'ai jamais eu de vrais amis, du moins je ne m'en suis pas rendue compte jusqu'à ce que je leur dise au revoir. J'ai pris tous leur sentiments en pleine face, et j'ai regretté de ne pas avoir su voir qui comptait vraiment, moi qui accorde de l'importance à tous les détails.

Je veux pas que ce soit une page qui se tourne. Je veux continuer d'écrire mon histoire sans changer de chapitre. Je veux pouvoir, quand je serai vieille, dire ce que c'est que vivre la vie.

Et vous savez quoi ? Même si dans dix ans, j'ai tout oublié, je serai heureuse d'avoir pu dire que moi, je sais ce qu'est la vie.