Chapitre 7

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— Je ne guérirai pas de cet amour. Tu m'as pris ma lumière, ma sève, ma confiance. Mes jours sont vides, ma vie est morte. Je fais juste semblant. De sourire, d'écouter, de répondre aux questions. Tous les jours, j'attends un signe, un geste. Que tu me délivres de ce trou noir dans lequel tu m'as laissé et que tu me dises pourquoi.

Assise en tailleur au bout du long fauteuil, j'observe Nate en plissant les yeux, les lèvres retroussées et mes doigts effleurant délicatement des pages de livres. Son regard de braise ne me quitte pas, tandis qu'il vient d'enfiler ses lunettes noires à la « Kingsman ». Je ne sais pas exactement si c'est parce que je lui trouve des airs de l'acteur, ou tout simplement parce que c'est absolument sexy sur lui, mais je l'aime bien avec des lunettes. Ça fait ressortir son petit côté littéraire. Je suppose.

Je reviens te chercher, dis-je, sûre de moi.

Depuis près de vingt minutes, Nate et moi citons des passages de livres que nous croyons connaitre tous les deux. Cependant, depuis cinq minutes, nous nous sommes arrêtés sur les succès de Musso. Il se trouve que, lui comme moi, nous avons lus tous ses livres. La citation qu'il vient de me donner se retrouve sans aucun doute dans le roman « Je reviens te chercher ». J'ai dévoré ce livre.

Nate hoche simplement la tête, encore une fois sans me quitter du regard. En accord avec ce qu'il vient de dire, je continue sur sa lancée.

— Tu cesseras d'être déçu quand tu auras cessé d'espérer.

Nate, pendant de longues secondes, m'épie du regard en prenant une profonde inspiration.

— Woah, lance-t-il, avec un demi-sourire. C'est triste, quand même. Il me semble qu'il s'agit de « Seras-tu là? ».

Comme lui, je hoche la tête. En effet, un autre roman de Guillaume Musso que j'ai adoré. Je ne sais pas ce que j'aime le plus chez lui, son talent d'écriture, ou le fait que dans la plupart de ses romans, on y retrouve des indices ou des éléments incompréhensibles et inexplicables.

— Touché, conclue-je.

Nous sourions vaguement. Nous ne nous sommes trompés que très rarement. Mais ce n'est pas ce qui m'étonne le plus. Le plus bizarre, c'est que j'ai réellement passé une soirée pas si mal. Plutôt agréable, même. Je m'attendais à bien pire, mais il se trouve que Nate est moins misogyne, arrogant et gros con que je le croyais. Bien au contraire. Il est intelligent, brillant même, et il semble réellement adopter les mêmes idéaux et façons de penser que moi.

Il reste désagréable par moment, et quelques fois un peu étrange, surtout lorsqu'il me regarde avec ces yeux là, mais il n'a rien de méchant, au fond.

— Je peux savoir quelle heure il est? demandé-je, sans vraiment avoir pris conscience du temps où nous sommes restés dans cette petite maisonnette à discuter de littérature.

Sans répondre, Nate fouille quelques secondes dans la poche arrière de son jean et retourne l'écran allumée vers moi. Stupéfiée, je me lève d'un bond et intime Nate de faire pareil.

— Seigneur! m'écrié-je. Comment on a pu rester ici cinq heures ? Il est minuit passé !

De son éternel sourire en coin, Nate se recale dans son fauteuil.

— Quoi? Il est encore tôt.

— Comment ça, encore tôt?

— C'est vendredi, me rappelle-t-il. Demain, c'est congé. Et puis, tu n'as plus cinq ans. Tu es assez grande pour ne plus être effrayée par le bonhomme sept-heure.

Je croise les bras sur ma poitrine, perplexe.

— Laisse le bonhomme sept-heure en dehors de ça. Tu m'as demandé de passer une soirée avec toi, pas la nuit.

LotusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant