Chapitre 21

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— À quelle heure ton amie passe-t-elle te prendre ? Me demande Sienna, bien avachi sur mon lit.

Je sors de la salle de bain, la brosse à dent dans la bouche.

— Ce n'est pas...

Je m'interromps.

J'allais dire que ce n'est pas mon amie, mais à quoi bon. J'ai passé du temps avec elle, je l'apprécie assez... Je suppose que ça ressemble un peu à ça, une amie.

— Elle passe à dix-huit heures, l'informé-je, avant de retourner dans la salle de bain pour cracher et me rincer la bouche.

Quand je sors à nouveau, Sienna a déjà posé ma robe sur la couverture, sortie mes chaussures à talons et installer son attirail de beauté.

— Elle est magnifique ! S'exclame-t-elle, en passant ses mains sur la robe. Tu as fait un très bon choix !

Je hoche la tête, sans plus. Il est déjà dix-sept heures; je vais devoir me dépêcher.

Sienna me somme d'aller m'habiller. Une fois que c'est fait, elle s'attaque à mon visage, qu'elle peint d'un maquillage très léger. Elle aplatie mes cheveux noirs avant de les ébouriffer pour les rendre plus sauvage, tout en restant chic. Mes boucles noires qui m'arrivaient à peine au cou sont remplacées par de jolies mèches qui s'arrêtent juste au-dessus de ma poitrine.

Je n'ai pas l'habitude de me voir avec les cheveux plats... C'est étrange.

Sienna laisse une mèche glisser entre ses doigts. Elle semble se perdre dans ses pensées quelques secondes, le regard brumeux, avant de relever la tête et de me regarder un petit moment.

— Il te manque quelque chose. Attends.

Elle s'empresse de sortir de ma chambre, sous mon air inquiet, et revient avec une petite chaîne dans la main. Sans que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle se faufile derrière moi, dans le miroir, et lève les bras pour me l'enfiler.

Un joli petit pendentif en forme d'arbre de vie doré s'installe juste au-dessus de mes seins. Je le prends sur le bout de mes doigts et me retourne vers Sienna, étonnée. Il est tellement beau !

— C'est magnifique ! C'est à toi ?

Sienna sourit en me regardant le porter.

— C'était celui de ma mère, souffle-t-elle, avec une larme dans la voix. Il a appartenu à toutes les femmes qui l'ont précédées.

Je fronce les sourcils et lève les yeux vers elle. Je le serre dans ma main, triste.

— Mais, Sienna... Il ne me revient pas. Tu devrais le garder.

— Je n'aurai jamais de fille, Lory. Aucune autre que toi. J'aimerais que tu l'aies. Tu fais suffisamment partie de ma vie pour que je puisse te considérer assez digne d'être celle qui le portera. Et j'espère qu'un jour, tu le remettras à ton enfant, à toi.

Mes yeux brillent de larmes. Je suis touchée d'être celle à qui elle a pensé. Je suis touchée que, plutôt que de le remettre à sa sœur, ou à la jolie petite fille de sa sœur, elle me le donne, à moi. Je la considère comme une mère depuis suffisamment longtemps déjà pour me sentir chanceuse d'un tel cadeau.

Sans un mot, je la serre dans mes bras avec un rire nerveux. Elle éclate en larmes, et me serre contre elle en me murmurant à quel point je compte pour elle.

Après quelques minutes, nous sommes prêtes à recommencer les préparatifs. Chaque minute, je baisse les yeux pour regarder le petit pendentif qui se niche dans le creux de ma poitrine, avec un sourire.

LotusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant