Chapitre 43

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Nate

Je regarde ma montre, nerveux. J'essaie d'ignorer le vrombissement stressant de ma voiture, qui se rapproche de plus en plus de ma destination... Pourtant, à la dernière seconde, en voyant apparaitre l'immeuble oblong qui fait face au Sunset Park, je fais demi-tour en poussant un long soupir.

Je vais être en retard, et en plus, ce n'est pas une bonne idée, ce que je m'apprêtais à faire... J'ai été tellement ignoble, dans les dernières semaines... Je ne peux pas juste me pointer chez elle avec la bouche en cœur pour lui demander des explications. En soit, elle n'a rien fait de mal, autre que de m'avoir ouvert les yeux sur moi-même. Certes, je me suis senti comme un véritable tas de merde, ce soir-là, mais... je crois que je le méritais.

N'empêche, de savoir que j'aie été seul, pendant tout ce temps, à croire en la relation que j'avais avec elle, ça me fout par terre. J'ai vraiment cru que ça pouvait être possible.

Distrait, je fais un signe de tête à la jeune femme qui me tient la porte du café où Nel m'a demandé de le rejoindre. Je déteste venir ici; ça prend des lustres avant de pouvoir trouver un stationnement, et je trouve que cet endroit à une odeur un peu trop sucrée et désagréable.

Pendant de longues secondes, je cherche mon frère du regard. Je repère Lyn et son frère... celui qui a embrassé Lory devant moi, l'autre soir. Alors que mon cœur se serre dans ma poitrine et qu'une envie soudaine de lui mettre mon poing dans la gueule me passe par la tête, je me surprends à la cherche des yeux. Cependant, ces derniers sont retenus par une chevelure rousse, au fond de la salle. J'en perds mon souffle.

C'est. Pas. Vrai.

Je l'analyse un long moment, alors qu'elle discute avec Nel en balançant nonchalamment ses jambes sous sa chaise. Je reconnais immédiatement son comportement enfantin et enjoué, qui ne la quitte jamais. Je ne l'ai pas revu depuis au moins... quatre ans.

À la fois furieux et confus, je me dirige vers eux d'un pas rapide. Quand elle me remarque, ses grands yeux verts s'écarquillent et elle se lève d'un bond, comme si elle s'attendait à ce que je la prenne dans mes bras. Toutefois, je n'en fais rien, et me contente de la fixer du regard d'un air agacé.

— Salut, souffle-t-elle, avec un sourire mince.

Je ne lui réponds pas. J'observe mon frère, qui mordille sa lèvre et fait tout pour éviter de me regarder.

— Je peux savoir ce que tu fous ici, toi aussi ? Sifflé-je, entre mes dents.

Mon ton semble calmer ses ardeurs. Elle rentre les épaules et pose son pied droit sur l'autre en baissant la tête. On dirait une fillette qui a fait une bêtise.

— Quand Nel a dit qu'il venait à New-York, j'ai insisté pour venir aussi...

Devant mon silence pesant, elle plonge ses yeux verts dans les miens, pleine d'espoir.

— Tu n'es pas content de me voir ?

Je pousse un long soupir. Non, je ne suis pas content de la voir. Elle aurait dû rester en Californie, et me foutre la paix. Pourtant, je finis par m'assoir sans lui laisser l'occasion de deviner ce que je pense. Mon but n'est pas de la blesser; je veux juste qu'elle reparte.

En prenant place à côté de Nel, elle se laisse tomber sur le siège près de moi et frôle mon genou avec le sien. Je me prépare à éviter tous ses contacts, quand la porte de la toilette des dames s'ouvre sur... 

Lory. 

Je sens ma poitrine se compresser pour m'empêcher de respirer... Je ne peux pas détacher mon regard de son corps frêle qui avance lentement vers ses amis. Ses hanches rondes, ses cuisses fermes, ses lèvres rebondies... J'aurais tellement envie de les embrasser, elle n'a pas idée.

LotusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant