Chapitre 26

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            — Tu veux un truc à boire ? me propose Nate, en se penchant devant son grand réfrigérateur.

Je m'assieds sur le canapé, à moitié recroquevillée dans le chandail trop large qu'il m'a prêté.

— De l'eau, s'il te plait.

Il hoche la tête et referme la porte pour me servir un verre du distributeur d'eau froide et filtrée qu'il a juste à côté.

— Tu n'as pas mangé... Tu veux que je te fasse quelque chose ?

Comme s'il avait entendu, mon estomac se met à gargouiller.

— Tu es en état ?

Il se retourne vers moi avec un sourire.

— Ça fait deux heures que tu joues les mamans poules... Je crois que je suis sobre, maintenant.

Je lève les yeux en l'air. Il exagère ! Je ne joue pas les mamans poules, mais il est vrai que je l'ai empêché deux ou trois fois de s'intéresser à la bouteille de Rhum qui traînait sur la table, et que j'ai soigneusement rangée dans son armoire à boissons. C'était le seul moyen d'arrêter qu'elle lui fasse de l'œil.

— T'as envie de quoi ? Demande-t-il, en me tendant mon verre d'eau.

J'en prends une grande gorgée.

— Pas de spaghettis, refusé-je, catégoriquement.

Ça le fait rire. Il me propose un steak et des patates pilées, que j'accepte avec plaisir. Je m'engage même à l'aider. Si ça peut aller plus vite... Je meurs de faim.

J'entre dans la cuisine, le long chandail gris qui me cache jusqu'au-dessus des genoux. Nate a déjà sorti un chaudron et une poêle, ainsi que quatre pommes de terre.

— Je peux faire quelque chose ?

— Tu sais peler une patate ? Lance-t-il, en me tendant la poignée d'un couteau.

Je lui fais une grimace et le prend, amusée. Je vis seule, moi aussi. Je dois bien savoir cuisiner un peu, même si j'ai mangé beaucoup de repas préparés, ces derniers temps.

*

Le visage plein de farine, Nate recouvre mon nez de crème à la vanille qu'il a directement prit dans le bol qu'on vient de cuisiner.

— Oh ! Tu vas me le payer ! Hurlé-je, en le menaçant de ma spatule.

Après le steak, on s'est lancé dans la création d'un gâteau qu'on a trouvé sur l'internet. Finalement, ça s'est plus terminé par une guerre de pâtisserie que par une délicieuse gourmandise.

Nate fait le tour de la table et brandit un plateau argenté dans ma direction, comme pour en faire son bouclier.

— Attention, me prévient-il. Si tu me refais le portrait, je devrai sûrement manquer le travail, demain...

Il me fait une moue, à moitié sérieux.

— Tu ne voudrais pas que je sois renvoyé par ta faute, si ? Ajoute-t-il, avant de se remettre à courir en direction du salon.

Je le poursuis, toujours armée de ma spatule pleine de crème. Caché derrière le canapé, il lève la tête et fait voler un petit mouchoir blanc.

— Je me rends, annonce-t-il, en levant doucement la tête. Je me rends !

Suspicieuse, je penche la tête sur le côté. Il doit y avoir une ruse... Nate n'est sûrement pas du genre à se rendre aussi facilement. Les bras croisés, le nez retroussé et les lèvres pincés, j'essaie de savoir ce qu'il mijote. Il sort de sa cachette, prudent, et fait un pas lent vers moi.

LotusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant