Chapitre 24

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La pâtisserie est un endroit très fréquenté. Elle est faite en long, et le comptoir est tellement grand que je n'arrive pas à croire qu'on puisse avoir assez d'imagination pour le remplir de délices sucrés.

La jeune fille, dont le badge indique le nom « Amy », me lance un charmant sourire, du haut de ses six pieds – probablement. Je me laisse tenter par des petits gâteaux roses dorés, dont le dessus ressemble à une fleur. Juste en dessous, je remarque qu'on les appelle des « cannelés de Bordeaux ». C'est un nom qui fait très français, mais comme on m'informe que Dominique Ansel, le chef, est né à Beauvais, une commune de France, avant de s'installer ici. D'ailleurs, j'ai cru comprendre qu'il avait créé le « cronut », mais je ne suis pas vraiment certaine de savoir de quoi il s'agit. Quand on me l'a dit, j'ai répété : « donut ? » trois fois.

Dax prononce très mal « galette des rois », avec son accent américain beaucoup trop affirmé. Quant à Lyn, elle commande un biscuit double chocolat.

— Vous aviez raison, c'est un vrai délice ! Avoué-je, en mordant dans la coque caramélisée du « cannelé ».

C'est croquant à l'extérieur, mais le centre est si tendre que j'ai l'impression de manger de la mousse. C'est un régal.

— Maintenant, tu as un peu plus de culture importante, rigole Dax, en découpant la croute feuilletée de son gâteau en une tranche, qu'il dépose dans une assiette. Goûte ça.

J'en prends une bouchée. Un bon goût d'amande s'empare de mes papilles... Ces pâtisseries sont divines !

Lyn en reçoit également une part.

— Au fait, comment ça s'est passé la rencontre pour les livres sur lesquels t'as bossé, avec Horrington ? S'informe-t-elle, en prenant une grande bouchée de son biscuit.

Elle s'essuie les lèvres pendant que je termine mon morceau. Je n'ai pas le temps de répondre.

— Horrington ? Tu veux dire, Nate Horrington ? S'interroge Dax, étonné. Il travaille chez P.B's ?

— Ouais, me contenté-je de dire, impatiente de changer de sujet.

— C'est bien lui qui a abandonné son héritage pour venir faire on-ne-sait-quoi à New-York ? Qu'est-ce qu'il fait dans une maison d'Édition alors qu'il pourrait profiter de son statut de millionnaire ?

Je déglutis. Millionnaire, sérieusement ? Lyn m'avait déjà briefé sur la richesse de ses parents, mais je n'avais pas imaginé à ce point.

— Je ne sais pas, répond Lyn. En tout cas, c'est l'assistant d'édition et il est dans les bonnes grâces du patron.

— Je l'ai croisé pendant l'une de nos premières représentations... Il ne m'a pas vraiment donné l'impression d'être un homme fréquentable.

Lyn me jette un regard en coin, les lèvres pincées. Elle sait probablement tout ce qui se passe dans ma tête, présentement. Je n'aime pas ça. Je n'aime pas parler de Nate, et j'aime encore moins en parler avec Dax. Ce sont deux hommes tellement différents... Le contraire m'aurait étonnée.

— On ne sait pas ce qui s'est passé... interviens-je, agacée. Peut-être qu'il a vécu des choses qui l'on... je sais pas. Perturbé ?

Dax sourit.

— Perturbé ? Si tu veux mon avis, il est plutôt du genre à perturber les femmes plus qu'à se laisser perturber par qui que ce soit.

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il veut dire, par perturber les femmes ? Est-ce qu'il sous-entend que Nate a l'habitude d'enchainer les conquêtes ? Ça ne me parait pas trop difficile à croire... Il ne lui a fallu que quelques jours après m'avoir embrassé pour se jeter à nouveau dans les bras de la petite anglaise... Ça, c'est s'il a non seulement déjà arrêté.

LotusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant