Chapitre 32 + sondage

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Dès qu'il m'a observé plus subtilement, Paul s'est empressé de me poser des questions sur ce qui m'est arrivé. Je n'ai pas compris tout de suite, mais en le voyant fixer ma lèvre, j'ai fini par soupirer, fatiguée. Je n'ai pas envie de raconter cette histoire toute la journée, surtout pas à mon patron.

Quand je lui ai dit que j'étais tombé dans la douche, son air inquisiteur m'a parfaitement démontré qu'il ne me croyait pas une seconde. Et il a raison, mais je n'ai rien à lui dire d'autre. Surtout pas la vérité. J'appréhende, cependant, le moment où il va aller voir Nate dans son bureau; car je sais qu'il le fera. Hier, nous sommes partis ensemble, et il a un hématome si gros à l'arcade de sa joue que Paul ne peut pas le rater. Il risque de faire un rapprochement... mais pas forcément le bon.

J'appelle Nate.

— Tu ne peux vraiment plus te passer de moi, maintenant ?

J'imagine parfaitement son sourire en coin à travers le téléphone.

— Ne te lance pas trop de fleurs, rigolé-je, en me rasseyant dans ma chaise. Je voulais juste de prévenir que Paul m'a posé des questions sur ce qui s'est passé avec ma lèvre. Je lui ai dit que j'étais tombée sous la douche.

Je l'entends rire.

Il a gobé ça ?

— Non, pas du tout. C'est pour ça que je t'appelle; quand il va te voir, il va forcément s'imaginer quelque chose.

Cette fois, il soupire. Je suppose qu'il est en train de se dire que si son patron commence à croire que nous nous sommes battus ensemble ou que c'est lui qui m'a fait ça, ce ne sera pas l'idéal. Bon, je ne crois pas qu'il risque de s'imaginer que c'est moi qui aie fait ça à Nate, mais...

Merde, grogne-t-il. Bon, je vais trouver quelque chose...

Je hoche la tête, même s'il ne peut pas me voir. Il ajoute;

Ou je vais l'éviter.

Je sais qu'il plaisante, mais son ton est sérieux. Il travaille constamment avec Paul, s'il devait commencer à l'éviter, ça deviendrait difficile pour eux de compléter les demandes.

Un silence s'installe dans le téléphone, mais Nate le brise rapidement.

Tu veux que je vienne manger dans ton bureau, ce midi ? Normalement, je vais à la cafet', mais...

— Non, merci. Je vais avec Lyn, elle me l'a proposé ce matin.

Il pousse un petit soupire non dissimuler.

— Constamment remplacé, marmonne-t-il. C'est ma malédiction, c'est ça ? Un vampire, et maintenant la petite punkdu bureau...

Je l'entends rire. Ça ne le vexe pas, mais il ne cache pas sa déception. Je suppose qu'il pensait me faire plaisir en m'évitant de rester seule dans mon bureau, après ce qui s'est passé hier. Sauf que Lyn l'a devancé, dommage.

— Pauvre chou, ironisé-je, en riant à mon tour.

Si tu savais, conclut-il. Je dois te laisser, je vais aller me cacher dans les toilettes le temps de trouver une connerie à raconter à Paul.

Je souris; je l'imagine parfaitement derrière une porte de toilette à espérer que notre patron ne le retrouve pas. À mon avis, il va très bien se débrouiller pour embobiner Paul. Mieux que moi, probablement.

*

Il est midi tapant lorsque je rejoins Lyn dans son bureau.

— Oh, hé ! Salut, hurle presque Lyn, lorsque je cogne à la porte de son bureau. Je suis désolée, je pouvais pas attendre une minute de plus !

LotusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant