chapitre 24

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24 decembre
Quelque part dans Paris

Apparemment aujourd'hui c'est la veille de Noël. Ça fait quelques temps que dans la clinique, un air de Noël flotte dans les couloirs. Quelques décorations ont prient place par ci et là, et dans la salle commune, un sapin trône fièrement. Des chants de Noël passent en continuent pendant les repas.
J'ai repris petit à petit a manger, mais j'ai beaucoup de mal, la nourriture se coince a peu près tout le temps dans ma gorge, après l'avoir mastiquée pendant 10 minutes. Les choses qui passent le mieux ce sont des compotes, des yaourts, plutôt des choses liquides. Les soignants me dopent aux jus de fruits en tout genre, car je les bois sans problème. Mon corps est marqué par ce manque de nutriments. J'ai perdu 15 kilos. Si j'ai repris a manger, c'est pour Tom et Chloé, leur détresse a eu raison de mon rejet pour m'alimenter. C'est le seul progrès que j'ai fais. Quand je dis progrès, c'est le mot qu'utilise les médecins, car pour moi, j'ai pas envie de progresser.
Je ne parle toujours pas, je ne vois rien a dire, ma vie n'a rien de palpitant, elle est plate, insignifiante.
Ce soir il y'a le repas du réveillon, on ne sera pas nombreux, la plupart vont dans leur famille. Comme j'en ai pas, la question est vite réglé. Mes amis ont insistés pour que je le passe avec eux. En temps normal, nous le faisons tout les 3, une soirée bien arrosée. On se bourre la gueule. Après tout, nous n'avons pas de famille et donc pas de cet interminable repas de famille, ou la plupart du temps tout le monde sourit, alors que les autres jours de l'année ils se critiquent. Pas de bonnes manières, pas de faux cul, pas de déco kitch, pas dinde aux marrons qui a mijoter toute l'après-midi. Rien de tout ça. Des pizzas et de l'alcool. Une soirée a rire, a s'amuser, a faire des défis à la con. Mais cette année, j'ai pas envie, pour une fois dans ma vie, j'envisagai un Noël, un peu plus traditionnel, ou du moins au côté de Ken.
Je suis dans ma chambre, sur mon lit, a fixer cette horloge. Quelqu'un entre, c'est l'homme qui est venu plusieurs fois avec Tom. Je l'ai reconnue, en faite, il m'a rappeler où je l'avais rencontré. C'est ce fameux mec, Charles, qui m'avait secourue quand j'étais aller courir et que Tom m'avait fait toutes les révélations sur Ken. Je ne comprends pas ce qu'il fait là, mais il me rend visite au moins une fois par semaine. Il parle me beaucoup, comme-ci j'étais son amie de longue date.
Il se position devant moi, tout sourire.

- bonjour Julia, comment tu vas aujourd'hui ? J'ai eu une semaine plutôt calme au boulot, du coup je me suis permis de finir plus tôt pour passer te voir. Tom m'a dit que tu restais ici pour les fêtes de fin d'année, ça me rend triste pour toi, Noël est une merveilleuse fête. J'adore Noël. C'est une période ou l'on peut sentir de la magie dans l'air.

On a pas du tout la même vision de Noël. Évidement il doit avoir une famille aimante, ou ils se réunissent tous, habillés de leur pull hideux avec la tête du Père-noël dessus. A ouvrir des cadeaux après un compte a rebours.

- je vais demander de l'aide a une infirmière, je te sors faire un tour, que tu le veuilles ou pas. De toute façon tu ne parles pas, alors on va prendre ça pour un oui.

Sur ces paroles, il quitte la pièce. Il me lance souvent des piques sur le faite que je ne parle pas, surement pour me faire réagir, mais ça ne fonctionne pas. Je reste dans mon mutisme.
Il revient avec une infirmière, a tout les deux ils me soulève et me place sur ma chaise roulante, car je ne marche pas, je voudrais rester dans mon lit nuit et jour, mais l'équipe soignante en a décidée autrement, il me place dans ce fauteuil et me font promener dans la clinique, me place dans la salle a manger avec les autres.
Après avoir posé un plaid sur moi, Charles me conduit en dehors de la clinique, dans le parc, il fait froid, mais ça me fais du bien. Pour une fois depuis que j'ai sombré, je ressens quelque chose au fond de moi, une minuscule sensation de plaisir. Pas de quoi me faire sourire non plus. Charles continue de me faire la conversation, il s'arrête sur un banc, et me place en face de lui.

- tu sais, je ne suis pas venu ce jour la par hasard, comme je te l'ai dis, je crois en la magie de Noël. Avant toute chose je voudrais t'offrir ça. Il me tend un petit paquet, je n'ai pas de réaction, alors il ramène le cadeau vers lui en souriant.

- moi qui pensait que les femmes adorait ce genre d'attention... bon je vais l'ouvrir pour toi.

Délicatement il ouvre le paquet, et je dois dire que tout ça m'intrigue, pour une fois mon regard n'est pas dans le vide, il est porté sur ses mains qui dévoile un écrin a bijou. Ce n'est pas le cadeau qui attire mon attention, mais plutôt pourquoi cet homme que je ne connais pas, prend autant soin de moi ?

- il te plait ?
Me demande-t-il en le montrant le contenu de l'écrin.

- c'est un bracelet avec un ange, je me suis dis que tu avais besoin que quelqu'un prenne soin de toi au quotidien. Quand je l'ai vu, j'ai pensé à toi, je .... je pense souvent à toi. Depuis notre rencontre, en faite. Même si ça ne c'est pas passé dans de bonne condition, je, je ne sais pas, j'ai eu cette envie de te protéger, j'ai vu dans tes yeux une souffrance et une lueure de bonté. C'est dur a expliqué !

Il paraît gêné, il se passe une main sur son menton, essaie d'enlever un plis imaginaire sur son pantalon. Je me surprends a trouver son cadeau touchant et contre tout attente, un murmure s'échappe de ma bouche :

- merci

Ses yeux s'illuminent comme un enfant le jour de Noël devant ses cadeaux. Un sourire franc prend toute la place sur son visage. Mon visage reste fermé, je n'arrive pas a sourire pour autant.
Avec délicatesse, il se saisit de mon poignet, et m'attache le bracelet. Il doit le serré au maximum, je n'ai plus que la peau sur les os. Mon regard se perd sur ce petit ange, j'espère que Charles dit vrai, et que pour une fois quelqu'un va prendre soin de moi.

--------------PV de Ken --------------------

Quelque part dans un train.

Les yeux fermés, écouteurs dans les oreilles, casquette rabattue sur mes yeux, je prends la direction de Nice. Je vais passer les fêtes de Noël avec ma famille. Après le succès de feu, et de l'argent que j'ai gagné, j'ai acheté une maison sur les hauteurs de Nice, ma ville natale. Cette maison n'est pas pour moi, même si j'y vais de temps en temps mais plus pour les parents. Même si ils continuent de vivre sur Paname, je savais qu'ils apprécieraient d'avoir un pied a terre là bas. Ils passent leurs vacances dans le sud, au calme, loin du bruit de Paname, du stress, de la pollution. Pour moi c'était une évidence de faire plaisir a mes parents. Ils ont galéré avec moi, et je ne suis pas fier de mes actes envers eux quand j'étais ado, voir jeune adulte. Un vrai p'tit con. Ma soeur est déjà la-bas depuis 3 jours, elle m'a souler pour que je parte en même temps qu'elle, mais j'ai encore ce besoin de solitude. Déjà j'vais pas mentir, ça me casse les couilles de fêter Noël. Faut que je fasse un gros effort pour paraître un minimum heureux devant eux, j'ai pas envie de les inquiéter. Même si c'est peine perdu, les darons ça captent tout. Mais je veux limité la casse.
Je ne sais toujours pas si j'ai pris la bonne décision concernant Julia, son visage hante mes journées et mes nuits. Son absence me rend fou. Tout me la rappelle. Un film, une image, une odeur, une musique, je me suis même surpris a pleurer en écoutant un vieux son. Je me dis que la souffrance que je ressens ne serais rien a comparé a celle que j'aurais pu lui faire subir.
J'imagine, qu'elle a repris sa vie, ses habitudes. Elle est forte, un mental d'acier, je sais qu'elle ne s'attache pas aux gens, elle a du vite m'oublier. Et c'est mieux ainsi.
Après les fêtes de Noël, je décolle pour le Japon. Je vais essayer de me reconstruire. J'en ai besoin. Mes frères me casse les couilles, ils sont H24 sur mon cul. Je sais qu'ils s'inquiètent pour moi. Et grâce a eux, je me sens moins seul. Disons que je me sens entouré, mais terriblement seul au fond de moi.

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