chapitre 28

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Mes jambes dévalent les escaliers plus vite que la loi sur la gravité ne le permet.
Dehors tout est calme, mais mon cerveau bouillonne aussi vite que Paris le jour.

- Pourquoi revenir aujourd'hui !!!! Je hurle

Ken se stoppe. Mais reste de dos. Il ne doit pas savoir si ces mots lui sont destinés ou alors il n'a pas le courage de m'affronter. Mais je ne compte pas m'arrêter là.

- 6 mois ! 6 putain mois que j'attends un coup de téléphone, 6 mois que j'attends que tu frappes a ma porte ! 6 mois !!!!!

Cette fois-ci il se retourne. J'avance vers lui déterminée, tout en le pointant du doigt.

- en faite, je vais te dire ton problème ! Tu en a rien a foutre de moi, comme des autres meufs a qui tu brise le coeur ! Tu as juste pris un coup dans ton ego car tu m'as vu avec ce mec dans ce restaurant. Sans cette rencontre, tu ne m'aurais même pas contacter !

- arrêtes de dire des conneries ! Je t'ai appeler, c'est toi qui ne m'a pas recontacter !
- tu dis n'importe quoi !

Je m'énerve un peu plus, comment ose-t-il mentir !

- je t'ai appeler pour le nouvel an,
- arrêtes de mentir Ken !
- je t'ai appelé et je suis ton tombé sur ton mec ! Je lui ai demander de te passer le message, mais apparemment il ne l'a pas fait.
- ok donc maintenant c'est la faute de mon mec !

Je suis a quelques centimètres de lui, je peux déjà sentir son odeur qui me déstabilise un peu, mais il faut que je sois forte.
Je n'y arrive pas, je craque et pars dans des pleurs qui inondent rapidement mes joues.

- tu n'avais pas le droit de me laisser !

Tout en lui disant mes pensées, je tombourine avec mes poings sur son thorax. Il se laisse faire, comprenant que ce maigre châtiment est indispensable pour moi, pour me vider. En même temps que mes poings s'abbattent sur lui, je répète en boucle ma dernière phrase.
A bout de souffle et d'énergie, mes mains restent posées sur lui, a ce moment là, il passe un de ses bras autour de moi, avec sa main libre il saisis ma tête, il coince sa tête dans mon cou, et me répète qu'il est désolé.

Faut-il éprouver de la souffrance pour se sentir vivre ? Car a ce moment là, je ne me suis jamais senti aussi vivante. Tellement de sentiments, d'émotions rendre ce moment unique. L'amour laisse place à la haine, la haine se transforme en passion, la passion retrouve la possession. Possession de deux âmes torturées faîtes pour se consolider et affronter la vie, retrouver un sens en la nature de l'homme, explorer des sentiments enfouis, faire ressortir de cette enveloppe humaine un amour traversant le temps, les siècles, les époques. 

Nous restons enlacés je ne sais combien de temps, sur ce trottoir.

- viens, on va marcher. Finit-il par me dire.
- je suis pied nu.

Il regard mes pieds et sourit. D'un geste rapide il me soulève et me porte.

- ken !
Je ne peux garder mon sérieux et rigole.
- tu ne vas pas me porter dans tout Paris !
- suis pas autant gentleman ! Je te ramène chez toi.
- j'aurais pu marcher, je suis venue comme ça
- t'as eu de la chance de pas te planté un bout de verre !
- Ken protecteur est de retour !
- ouais, et il va plus te lâché !
- j'ai déjà entendu ça

Touché ! Je sens ses muscles se tendent. Mais il ne réplique pas. Il me repose sur mes jambes devant ma porte.

- merde ! Je souffle.
- quoi ?
- j'ai laissée mes clés a l'intérieur !

Je vois très bien qu'il se retient de rire.

- c'est pas marrant Ken !
- non, non c'est sûr...

Mais son rictus reste collé a son visage. Son beau visage qui devient enfantin quand il a cette légèreté. Sa bonne humeur est contagieuse, j'aime le voir ainsi, du coup, je ris franchement de la situation. Nous voilà comme deux cons, a 1h du mat' a rire d'une situation qui a la base était partie pour être tragique.

- on fait quoi ? On appelle un serrurier ? Ou tu veux venir chez moi ? Me demande-t-il.
- chez toi ? Tu ne m'as jamais emmener chez toi !
- ouais, c'est que j'ai pas vraiment de chez moi, en faite. C'est plus un appart pour toute la mif. On est jamais là, ou pas tous la en même temps, on voyage beaucoup.
- mais tu as une chambre ?
- ouais, j'ai mon plumard.
- en faite tu me propose d'aller dans votre garçonniere !
- non, on .... a l'époque oui, on ramenait des meufs, mais maintenant beaucoup moins, avec la célébrité et tout, on préfère rester discret !
- beaucoup moins ?
- ça arrive que les gars en ramène, mais c'est quand ça devient sérieux, c'est fini les coups d'un soir.

A ma tête il doit voir que je suis pas trop convaincu.

- on appelle un serrurier ? Me propose-t-il.

Mais je suis vidée, exténuée. Cette soirée m'a fais dépensé un max d'énergie.

- non, amène moi chez toi.

Comme pour saisir sa chance sans perdre de temps, il sort son téléphone et commande un Uber.
Et comme-ci la chance était avec nous, il m'indique que la voiture sera là dans 1 minute. Il me propose de monter sur son dos, ce que je fais volontier.
J'ai l'impression d'être redevenue une ado, le temps d'un instant, insouciante des risques de l'amour.

Le trajet a été rapide, Ken m'a garder contre lui,  pour que je puisse écouter son coeur battre, il n'a rien oublié de ma phobie. Et cette position c'est faite naturellement.

Devant l'immeuble, je m'arrête. Est ce que je ne fais pas une bêtise en allant chez lui ?

- tu viens ? Me dit-il en tenant la porte.

Je le regard, l'observe, il est dans l'attente, je sais qu'il a l'appréhension que je change d'avis. Il m'a tellement manqué.
Pour toute réponse, je souris et emboite le pas.
Il ouvre la porte, qui donne sur un hall d'entrée. Il dépose ses clés et retire sa veste. Puis il me prend la main et m'entraîne dans le salon. Trois mecs jouent a des jeux vidéos. Le son est tellement fort qu'ils nous on pas entendu rentrer. Je me sens mal à l'aise.  Quelle idée de venir dans un endroit ou il n'y a que des mecs ! Ken ressent mon malaise et il m'entraîne directement dans un couloir, sans prendre la peine de parler a ses potes. Il fini par ouvrir un porte et on s'engouffre dans la pièce, qui est sa chambre. 
C'est très simple, un lit, une table de nuit avec des livres dessus, un dressing de l'autre côté du mur. Dans une coin une bibliothèque pleine a craquer.

- est ce que tu as soif ou faim ? Me demande-t-il gêné ?
- non, merci.

Je me déplace enfin de ma place initiale, pour venir m'assoir sur son lit.

- je suis fatiguée. Je lui dis.
Mes jambes ne supportent plus mon corps.

- couches toi dans mon lit, tu veux que je te passe un tee- shirt ?
- je suis déjà en pyjama
- ah, ouais. Bon bas, passe une bonne nuit.

Il se dirige vers la porte.

- attends, tu vas ou ?
- je vais dormir ailleurs.

Je commence a stresser, je ne pourrais pas passer la nuit dans un endroit que je ne connais pas.

- non, restes, s'il te plait.

Il sait très bien pourquoi je lui demande de rester,  et sans m'en parler, il se rapproche du lit, allume la petite lumière qui est sur sa table de nuit et éteint la grande. Je me mets sous la couette, il enlève son pantalon, et son tee-shirt, putain de merde ! Faut que j'arrête de le matter comme ça, ou mon coeur va lâcher ! Il se glisse dans le lit, mais reste a une distance convenable de moi. Nous sommes tout les deux sur le dos, a regarder le plafond, rien de bien passionnant ! Je finis pars fermer les yeux, mon coeur bat vite, mes mains deviennent mouates, je ne sais pas si c'est la situation qui m'angoisse ou le lieu. Ma respiration s'accélère. Je sens une main me tirer, et je me retrouve le tête  caler sur l'épaule de Ken, doucement une de mes mains vient se poser sur son torse. Il pose son nez sur le haut de mon crâne, respirant l'odeur de mes cheveux. Je lui ai manqué, ce genre de geste le prouve. C'est bizarre d'être toujours attiré par l'odeur de l'autre en amour, cette odeur qui apaise, qui est defois plus jouissive qu'un orgasme.
A cet instant, plus rien ne compte,  mon angoisse a disparue, je suis sereine  comme je ne l'ai jamais été depuis 6 mois.
Je m'endors en un rien de temps, sans rêver, car la réalité est beaucoup plus belle que n'importe quels songes.


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