chapitre 31

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Posés sur la table basse du salon, nous mangeons le repas que Ken avait prit chez le traiteur japonnais. Un pur délice. La conversation se dirigea rapidement sur les projets de Ken. Il avait commencé l'écriture et l'enregistrement d'un nouvel album entre Paris et Tokyo.
Je le jalousais de vivre tant d'aventures, de partir a la découverte d'autres pays, de rencontrer des gens différents de notre culture, d'apprendre d'eux. Il se nourrissait des brides de chaque vie qu'il croisait, de chaque endroit qu'il parcourait pour écrire des textes, des simples mots, tout en poésie, qui voulaient dire beaucoup.
Parce que pour moi Ken est plus un poète qu'un rappeur, ou alors un poète des temps moderne que l'on qualifie aujourd'hui de rappeur ? Depuis que je le connais, j'ai écoutée d'autre rappeur pour faire la comparaison, mais pour moi, Ken est au dessus textuellement parlant. Il ne se considère pas compte tel, et pourtant comment peut- on écrire cela sans être poète : éclairé par le soleil couchant
Et la lumière de la lune à l'aube
Mes deux pieds sur deux plaques tectoniques
Qui s'éloignent l'une de l'autre
Quand tu as vu le jour, il pleuvait, ce monde tourne à l'envers
Quand tu es parti, le ciel était rose et ta peau était bleutée.
Et encore ce n'est qu'une petite partie des astres....

Le diner fini, nous prenons possession du canapé.

- on avait fini la série qu'on avait commencé ? me demande-t-il
- orfan black ?
- oui je crois, le truc avec les clones
- non, je pense qu'il nous reste une saison, tu veux qu'on le met ?
- pourquoi pas.

Nous nous installons lui allongé contre les dossiers et moi devant lui, une de ses mains qui me tient ma hanche. J'ai l'impression de revenir un an auparavant, au début de notre relation. Après deux épisodes et quelques petites marques d'attentions, quelqu'un frappe a ma porte ce qui me fait sursauter et me redresser aussi rapidement.

- tu attends quelqu'un ? Me demande Ken
- non

Les coups a la porte se répètent un peu plus fort.

- tu devrais peut être aller ouvrir ?
- non c'est bon, je n'attends personne

- JULIA !!!!
Retentit au travers de la porte. Merde, c'est Charles.

Sans un mot, je tourne mon visage vers Ken, le sien est fermé aucunes expressions n'apparaîent sur son visage, si ce n'est quand le connaissant bien, il a les lèvres pincées.

Mon prénom résonne toujours sur le palier de mon étage, si il continue il va réveiller tout les voisins.

- je vais aller le voir, sinon il va foutre un bordel.

Ken hoche simplement la tête.
Je me dirige vers la porte et inspire un grand coup avant de l'ouvrir.

- enfin ! Julia tu m'as foutu la trouille ! Pas de réponse de toute la journée, est ce que tu vas bien ?
- oui, désolé je suis un peu nauseuse et j'ai fait une sieste.
- tu vas mieux ?
- bof, je dormais pour tout te dire.
- tu veux que j'aille a la pharmacie de garde te chercher des médicaments.

Arrêtes d'être si gentil, c'est déjà compliqué de mentir !

- non, c'est bon j'ai tout ce qu'il me faut.
- ok, laisse moi entrer, je vais te préparer une infusion
- oh, tu sais je préfère aller me recoucher mais je....

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il passe entre la porte et moi. Putain de merde !
Je referme la porte et prie intérieurement que Ken a eu le présence d'esprit de se cacher.
Charles se stoppe net dans le salon, visiblement Ken doit être encore sur le canapé. Je rejoins le salon, a peu de loups.
Scène au ralenti, respiration pesante, jeu de regard, poings qui se serrent.

- Julia tu n'es pas sérieuse ? Il fait quoi ici ? Demande Charles.
- il ...est venue me rendre visite.
- salut, moi c'est Ken.

Il est clairement entrain de le narguer, petit sourire aux lèvres, l'oeil espiègle.

- je sais qui tu es, et tu n'as rien a faire ici. Tranche Charles
- je crois pas que ce soit a toi de décider.
- ah, tu crois ça ! Je ne te laisserais pas lui faire du mal une seconde fois.
- elle est assez grande pour savoir ce qu'elle a a faire.

Charles part dans un petit rire qui exprime clairement tout le dégoût qu'il porte a Ken.

- Julia, demande lui de partir, tu sais que tout cela n'est pas sain.

Voyant mon mutisme, Charles s'approche, et vient me plaquer ses deux mains sur mes bras.

- chérie, tu m'entends ?

Ken qui était rester assis, se lève d'un bon, en voyant ce geste et les paroles douces qui vont avec.

- elle est pas sourde !
- tu penses que parce que tu es de retour dans la capital, tu peux débarquer comme ça, tu veux quoi ? Tirer ton coups et la laisser comme tu as fait avant ?
- tu devrais fermer ta gueule !
- non je crois pas ! Tu reviens comme ci il ne c'était rien passé, tu parles de Julia comme ci tu l'as connaissais par coeur, mais dis moi, tu étais où ces 6 derniers mois ? Tu étais où quand elle était a l'hôpital reliée a une sonde pour la nourrir car elle refusait de s'alimenter ? Quand elle ne prononçait pas un mot pendant 3 long mois, que la seule chose quelle regardait était une putain d'horloge fixée dans sa chambre d'hôpital ! Elle revient seulement à la vie, je vais pas te laisser la détruire encore une fois.

Ken baisse la tête, pour la première fois que je le connais il semble totalement dévasté, son visage porte la douleur.

- je vous laisse. Annonce Ken

Il avance un pas, avant que le deuxième ne s'enclanche je prend vite la parole.

- non, tu restes.
- chérie, c'est mieux ainsi. Intervient Charles.

Ken relève la tête et me regard.

- il est venue pour parler, on a une discussion a avoir sur ce qui c'est passé, pour que je puisse me reconstruire entièrement.

Je savais que si j'avancais ce genre d'arguments cela ferait mouche auprès de Charles.

- ok, dit-il, mais je reste
- non, on a besoin d'être tout les deux pour pouvoir parler sans filtres.
- Julia, je ne crois pas que ce soit une bonne idée
- j'en ai besoin .... s'il te plait.

Voyant que je l'implore dans mon regard, il fini par céder.

- ok, mais fais attention.

Il s'avance et m'embrasse un peu trop passionnément, c'est un baiser de provocation, je le sais.
Il fini par se détacher de moi, puis sans un regard pour Ken, mi moi, il quitte mon appart.
Charles claque la porte en partant et Ken explose ma table basse d'un coup de pied magistral. Il arpente le salon de long en large au milieu des débrits. Ses deux mains posées sur sa tête.

- ken calmes toi

Pas de réponse. Je tente alors de m'approcher de lui, mais d'une main, il stoppe ma progression.

- t'approches pas, j'ai pas envie de te faire du mal.
- tu ne m'en fera pas
- comment peux tu en être sûre ? !
- tu ne me fera pas de mal physiquement, j'en suis sûre.
-je t'en ai déjà fait !!!!!!
- c'est du passé

En disant cela, je m'avance vers lui, il c'est arrêté de marcher puis doucement, j'approche une de mes mains et fini par la poser sur un de ses bras. Mon autre main vient se poser sur sa nuque, il me fuit du regard.

- Ken, regards moi

Sans réponse, il détourne toujours ses yeux, je déplace mon visage pour être en face du sien, mais il ne me regarde toujours pas.

- ken, .....bébé,...... s'il te plait, regarde moi.

Ce surnom fut le déclencheur. Lentement il tourne la tête vers moi, et quand nos yeux se connectent enfin, je peux découvrir une larme qui ne demande qu'a d'échapper de son regard remplie de tristesse.

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