Chapitre 26

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28 Mars
Dans un restaurant japonais

La vie a reprit son cour, je suis sortie de la clinique mi janvier. Charles est toujours présent dans ma vie, notre relation est complexe. On a échangé quelques baisers, je ne suis pas amoureuse de lui, mais je dois avouer qu'il est devenu important dans ma vie. J'aime son entrains, il est joyeux, il n'a jamais un mot plus haut que l'autre, je ne l'ai jamais vu énervé, il résout les problèmes avec souplesse. Et surtout il ne m'a jamais lâchée. Il a été patient, doux, persévérant face a mon état dépressif. Il ne m'a posé aucune question sur le déclenchement de ma situation. Quand j'ai vraiment compris qu'il était amoureux de moi, je lui ai expliqué que je n'étais pas prête pour avoir une relation, et que en toute franchise je ne croyais plus en l'amour. Il n'a pas forcé, il m'a juste dit qu'il attendrait et qu'il ferait ses preuves. Alors de temps en temps, il m'envoie des bouquets de fleurs, m'invite au ciné, ou comme aujourd'hui au resto. Ces petits intentions me font du bien. Avec Ken, nous ne faisions pas ce genre de choses, avec sa célébrité il s'empêchait de vivre, on restait reclus chez moi, ou dans les hôtels, on ne sortait que la nuit pour être tranquille. Mais ça ne me dérangais pas, seule sa présence comptait. Il est évident que je pouvais supporter ça uniquement avec lui, ses bras, son sourire, sa voix, son regard m'apportait tout ce donc j'avais besoin, mais pour les autres hommes, je deviendrais folle d'être enfermée.

Il faut que je fasse un effort pour me concentrer sur le moment présent avec Charles et mettre de côté mes pensées pour Ken.

- tu veux manger quoi ? Me demande Charles alors que la serveuse attend notre commande.
- je vais prendre un plateau de mix
- moi aussi s'il vous plait, avec une bouteille d'eau gazeuse
- perrier ou san pellegrino ? Demande la serveuse
- san pe, merci

La serveuse nous laisse, et Charles me sourit.

- alors, tu en es ou avec tes tableaux ?
- je viens d'en finir un, je suis plutôt contente
- j'aurais le droit de le voir ?
- tu sais très bien que ce ne sont pas des oeuvres d'art, je le fais pour moi.
- peut être mais il y'a une sensibilité qui me plaît, je trouve que tu es très douée.
- tu parles, c'est de la thérapie, rien de plus
- a la base oui, c'était pour t'aider a extérioriser tes émotions, mais justement, n'importe quel peintre au travers de son pinceau nous livre ses états d'âmes, ses ressentis, ses peurs, ses bonheurs.
Je pense vraiment que tu as ce quelque chose en plus.
- merci, mais tu sembles bien connaître mes tableaux ?
- la dernière fois que je suis passé chez toi, quand on a été au ciné, ils étaient visibles, j'ai jeté un coup d'oeil, un peu plus approfondie, je dois l'avouer.
- tu sais que c'est privé ?
- je suis désolé, j'ai pas pu résisté
- c'est pas grave, je ne les avaient pas rangés, c'est de ma faute.
- y'a rien de mal, ils sont vraiment bien, n'en ai pas honte.
- je ne savais pas que tu t'interessais a l'art.
- j'aime beaucoup, en effet, surtout les peintures, dessins, sculptures. Si tu veux, la prochaine fois qu'il y'a une expo sympa, on y va ensemble ?
- avec plaisir

Alors que la serveuse nous a apporté nos plats, et que nous parlions d'art, un brouhaha, retentit dans le resto, des voix s'élèvent et des rires. Sûrement un nouveau groupe qui vient d'arriver. Je me tourne pour observer la scène. Mon coeur cesse de battre, ma mâchoire se décroche, les larmes me viennent. Il est là, avec toute son équipe. Il ne m'a pas vu, il est de profile et parle avec Fram. Il a prit du poids, il semble plus éteint que pendant notre relation. Quand je me decide a tourner ma tête, ses yeux viennent rencontrer les miens. A cet instant, plus rien autour de moi n'est réel, il ne reste que ses prunelles. Les temps c'est figé. Mon coeur bat tellement vite que je le sens dans mes tampes. Ma main est toujours posée sur mon verre que je m'apprêtais a boire. Je sens une pression dessus.

- Julia, tu vas bien ? Et Julia ?

Retour à la réalité, je mets fin a la connexion entre Ken et moi, pour me concentrer sur Charles.

- oui, excuse moi.
- tu les connais ?
- oui

J'ai pas envie de m'étendre sur le sujet, mais Charles ne me questionne pas plus. Nous continuons a manger, mais cette fois ci dans le silence. Un silence oppressant. Je sens un regard sur moi, je sais que c'est Ken.

- je vais aux toilettes. Dis-je
- si tu veux on rentre, je ne te sens pas trop à l'aise depuis que ces mecs sont arrivés
- je ... je sais pas, je vais me rafraîchir et je reviens.

Je me lève et me concentre sur le chemin pour éviter de croiser a nouveau son regard. Une fois dans les toilettes, je rentre dans la première porte, je lâche la pression et pleure. Les larmes s'écoulent sans que je puisse les arrêter. C'est trop pour moi. De le voir, de le sentir près de moi. Durant tout ces mois, j'ai essayée de l'oublier, mais mon coeur n'a pas réussi. Quand mon corps a rendu toutes les larmes que j'avais en stock, je déverouille la porte et l'ouvre, j'ai un mouvement de recule instinctif. Ken est devant moi.

- je ... euh .... est- ce que tu vas bien ?me demande-t'il
- si je vais bien ?
Je pars dans un rire nerveux, totalement incontrôlable. Ken me regarder, ne sachant sûrement pas quoi faire. J'arrive a me calmer, après plusieurs respirations.
- qu'est ce que tu en as a foutre de savoir comment je vais !
Ma voix n'a jamais un été aussi tranchante pour personne.
Il s'approche de moi,

- julia, je suis deso.....
- non, n'essaie même pas ! C'est trop tard !
- s'il te plait laisse moi t'expliquer
- j'en ai rien a foutre de tes explications Ken, tu es parti ! Tu m'a laissé seule, quand j'avais besoin de toi !
Je hurle, toute la colère que j'avais enfouie au fond de moi ressort, je vide mon sac, tout se que je pense de lui, il faut que ça sorte.
- tu n'es qu'un gros con qui joue avec les sentiments des gens! Tu m'as redonner goût a l'amour pour me détruire après, et moi comme une conne, j'ai foncée ! Je pensais vraiment qu'il y'avait ce truc spécial entre nous, ce truc unique que peu de personne connaîtrons un jour dans leur vie. Mais je me suis trompée, t'es très fort, tu sais, mais c'est fini je ne veux plus jouer. Je ne veux plus jamais te voir ! Sors, laisses moi !
- julia, je te jure que je ne jouais pas, je ...
- arrêtes et sors !

Il s'avance lentement vers moi, mais d'une main je le stoppe.

- non, Ken, laisse moi
- je n'ai jamais voulu te faire du mal, au contraire, j'avais tellement peur de t'en faire, que je suis partie comme un lâche, et je regrette, si tu savais a quel point.

Ses mots me fond mal, c'est tout ce que je voulais entendre depuis qu'il est parti, qu'il c'etait trompé et qu'il m'aimait, mais de les entendre aujourd'hui, comme ça dans des toilettes de restaurant, je ne sais pas, c'est peut être le lieu, pas trop romantique, ou alors c'est cette colère qui est enfin sortie, je ne les digèrent pas. C'est trop facile. Pas maintenant que j'ai reussi a sortir la tête de l'eau.

La porte s'ouvre, c'est Charles.

- est-ce que tout va bien ? M'interroge Charles

Mon regard se reporte sur Ken, il s'apprête a ouvrir la bouche, mais je suis plus rapide que lui.

- oui, tout va bien, ramènes moi à la maison.

A ce moment, dans le yeux de Ken, une explosion se passe, suivi d'un immense vide. Mon instinct voudrait que je le prenne dans mes bras, mais pour une fois, j'écoute ma raison, et comme pour enfoncer le clou, je saisi la main de Charles, laissant Ken au milieu de ces toilettes, de ce restaurant, comme un inconnu que le croise par hasard.

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