Les Héritiers des Dieux _ Tome 1 _ Le dieu maléfique

Chapitre 4 _ Deux voix

So... Phia...

A l'entente de son nom, la jeune femme tressaillit. C'était la voix d'Athéna qui résonnait. Faible et lointaine... Sophia se tourna de tous côtés, mais il n'y avait personne aux alentours. Elle était seule, horriblement seule. Une atmosphère pesante régnait dans la pièce dans laquelle elle se trouvait, lui bloquant par moment la respiration. Elle espérait que la déesse n'essayait pas de communiquer à travers son esprit.

- Où êtes-vous ? osa-t-elle demander en plissant légèrement les yeux.

A peine posa-t-elle cette question qu'une présence se fit sentir derrière elle. Sophia se retourna alors vivement, pour tomber nez à nez sur Athéna. La déesse flottait littéralement dans le vide, vêtue de sa robe blanche habituelle. Elle paraissait presque fantomatique, son corps et ses habits affichant une transparence des plus étranges. Ses paupières étaient closes, et son visage n'exprimait aucune émotion, comme si elle dormait paisiblement. C'était actuellement plus ou moins le cas, après tout.

Sophia...

C'était encore la voix d'Athéna, toujours aussi distante. Même les lèvres de la déesse n'avaient pas bougé. Subitement, elle ouvrit les yeux, ne laissant plus que paraître une crainte démesurée. Elle porta ses bras à son corps, se recouvrant la poitrine, et commença à gémir de douleur.

- Sophia ! cria-t-elle en se tordant dans tous les sens.

Mais la française ne bougeait pas. Elle était horrifiée de ce qui se passait, et se demandait si c'était la réalité qui se déroulait sous ses yeux. Finalement, Athéna écarta les bras, fixant le plafond avec effroi. Et dans un hurlement déchirant, son corps explosa en une nuée de poussière étincelante. Au moment même de cette désintégration, la pièce toute entière, et même l'environnement se transforma en un néant abyssal.

- Qu'est-ce que... souffla la jeune femme sans oser bouger.

Tout autour d'elle n'était plus que noirceur. Il n'y avait plus de Palestre, et aucun risque à ce qu'elle croise quelqu'un.

- Kévin... réalisa-t-elle tout à coup.

Où était-il ? Est-ce qu'il allait bien ?

- Kévin ?! l'appela-t-elle de nouveau en paniquant.

Sophia...

La française se figea. Ce n'était plus la voix d'Athéna. C'était une voix grave, teintée d'un léger sadisme, et pourtant terriblement douce et rassurante... Ce n'était en rien agréable.

Entends-moi, Sophia...

- Qui est là ? demanda-t-elle en essayant de cacher sa peur.

Un éclair violacé transperça timidement l'épaisseur de noir juste devant elle. Il y avait quelqu'un ici, elle en était persuadée à présent... Et ce quelqu'un ne lui voulait certainement pas du bien. Mais il disparu cependant très vite.

Viens à moi, Sophia...

- Je ne vous connais pas. Allez-vous-en. Laissez-moi tranquille !

Tu ne m'échapperas pas, Sophia...

La voix répéta son nom en boucle. Par moment, les échos se superposaient. La jeune femme crut en devenir folle.

- Laissez-moi ! cria-t-elle en se bouchant les oreilles.

Cette fois-ci, un rire retenti. Lent, sadique... Apeurée, Sophia observa de tous côtés, attendant une nouvelle manifestation, lorsqu'un regard violacé, presque rose, apparut devant elle, se confondant dans l'obscurité, la fixant d'un certain indescriptible. Un certain sadisme s'en dégageait, de part l'étrange cicatrice qui traversait tout son œil gauche dans sa longueur.

La jeune femme, effrayée, poussa un long cri de détresse. A ce moment là, elle se redressa net, haletante. Il lui fallut un long moment avant de réaliser qu'elle était dans sa chambre, et que tout ceci n'avait été qu'un cauchemar. Prise dans ses émotions, Sophia apporta une main à son visage, sans parvenir à calmer sa respiration. En réalité, ce n'était pas la première fois qu'elle faisait un rêve de ce genre, où elle entendait une voix dans l'obscurité... Mais c'était bien la première fois qu'elle voyait Athéna. Et les images, encore précises dans son esprit, étaient très déroutantes, d'autant plus qu'elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer que ce soit le véritable destin qui les attende.

- Dieux, faites qu'il n'arrive rien... implora-t-elle d'une voix vacillante en cachant son visage dans ses deux mains.