Chapitre 14 _ Expédition asgardienne

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Il était rare que Shiva se retrouve en dehors de son bureau, mais pour un évènement comme celui-ci, il ne pouvait faire autrement. Il était inquiet pour Sophia, mais aussi pour Ofelia... Ces deux là étaient sous sa responsabilité, et s'il leur arrivait malheur, alors il aurait souillé la mémoire des Chevaliers d'Or, et cela, au nom de son maître, il ne pouvait le permettre.

Observant la française, le directeur de la Palestre poussa un long soupire, tandis qu'elle affairait Kévin tant bien que mal. Le jeune garçon, en effet, trépignait sur place, et n'avait de cesse de se mouvoir, au grand damne de sa mère.

- Veux-tu bien te tenir tranquille cinq minutes, que je t'attache ce sac correctement ? s'énerva-t-elle doucement.

- Je n'arrive pas à croire qu'on parte en voyage, s'impatienta Kévin. Je pensais qu'on était destiné à rester pour toujours au Sanctuaire et à la Palestre ! Et toi Sage ?

Kévin avait tourné la tête vers son ami en même temps qu'il avait posé la question. Mais Sage observait le bâtiment Ouest de la Palestre, se demandant ce que sa mère pouvait bien faire. Elle était horriblement en retard... Et ce Syd était avec elle. Cela ne lui disait rien qui vaille.

- Hé, oh ! La Terre appelle Sage !

- Hein ? Oh, pardon... Je suis désolé, je ne faisais pas attention.

- T'es toujours dans la lune, toi, dis donc !

Sophia acheva tant bien que mal de nouer le sac, dont la fermeture lui semblait de plus en plus complexe, après quoi elle se tourna vers Shiva tandis que les deux enfants se chamaillaient à moitié.

- Honnêtement... Entre nous... Est-ce que c'est une bonne idée ? demanda-t-elle avec un soupire lourd d'inquiétude.

- Absolument pas, répondit Shiva avec un sourire. Mais ce sont les épreuves les plus difficiles qui forgent les Chevaliers d'Athéna.

- Je ne veux pas le savoir. Kévin et Sage sont trop jeunes ! Et vous avez entendu Syd comme moi : Asgard est déchiré. Cet Andreas risque de provoquer une grande guerre, et vous, vous voulez que nos enfants s'y retrouvent mêlés ?

- Tu interprètes mal mes mots.

- Oh non, je vois clair dans votre jeu. Mais je vous préviens : je ne quitterais pas ces deux là d'une semelle !

- Je comptais bien là-dessus.

- Et sur Ofelia ?

Shiva prit une profonde inspiration, avant de croiser machinalement les bras. C'était ce qu'il faisait lorsqu'il réfléchissait, du moins quand il n'était pas en pleine méditation.

- Je suppose qu'il va falloir que tu la surveilles aussi. Son état ne lui permet pas d'être seule. Et j'ai remarqué que, par moment, elle pouvait se montrer bien pire que des enfants...

- Je vois exactement de quoi vous parlez... marmonna Sophia en se rappelant très bien de certaines choses. Soyez sûr que je veillerais sur elle aussi. Mais je doute d'être la seule dans ce cas.

Elle avait ajouté cela avec un sourire empli de mélancolie. Revenir en Asgard lui rappellerait beaucoup de souvenir, c'était assuré. A elle, et à Ofelia, bien sûr.

- Mais qu'est-ce qu'elle fait... s'impatienta la française en levant les yeux vers le bâtiment.

Car Ofelia était toujours à l'intérieur, dans ses quartiers. Elle restait plantée là, au milieu de la pièce, à observer le soleil à travers la fenêtre. Elle avait toujours su qu'elle reviendrait en Asgard. D'abord, elle n'avait pensé y retourner que pour ses amis... Mais les choses avaient bien changé depuis la mort de Camus. Et la naissance de Sage et de Céleste n'avaient en rien aidé ses affaires.

- Ofelia ? Est-ce que tu es prête, maintenant ?

L'espagnole fit un signe à Syd pour qu'il fasse silence encore un peu. Elle continuait de contempler le ciel, se demandant si, quelque part, là haut, Shura observait ses faits et gestes. Sophia, elle, était persuadée qu'Aiolia veillait sur elle et Kévin, d'une manière ou d'une autre.

- Tu crois qu'il m'a abandonné pour mes crimes ? bredouilla Ofelia en s'affaissant.

Syd ne répondit pas immédiatement. Il avait tout de suite comprit que son amie parlait de son amour perdu... Quant à son crime... Eh bien il avait apprit tout ce qui s'était passé aux Enfers, mais rien de ce qu'il avait pu lui dire ne l'avait consolé.

- Ton cœur est fragile, se contenta-t-il de dire. Ce n'est pas une bonne idée pour toi de venir en Asgard. Je voulais simplement solliciter l'aide des Chevaliers Sacrés... Pas de deux jeunes femmes accompagnées de leurs enfants en bas âge.

- Tu ne comprends pas... Je dois y aller.

- Tu as déjà grandement contribué à sauver Asgard, Ofelia. Ne te donnes pas tant de mal.

- Non, c'est que... Te souviens-tu du Chevalier d'Or du Verseau, Camus ?

Syd fronça les sourcils à l'entente de ce nom. Il n'était pas du tout en bon terme avec ce serviteur d'Athéna là. Il se souvenait parfaitement de leur affrontement, aux portes du palais d'Asgard. Ofelia s'en était retrouvée gravement blessée, et ce n'était pas que de sa faute à lui ; le Chevalier avait également une part de culpabilité dans cette histoire.

- Oui, répondit-il après un temps.

- J'étais là, lorsqu'il a rendu son dernier soupire. Je... Il m'a chuchoté quelque chose, à l'oreille... Ce mot, c'était « Asgard ».

- Tient ? Vraiment ?

- Je crois que Camus avait comprit ce qui se tramait chez vous... Quoiqu'il en soit, c'est là-bas que je trouverais son meurtrier. Je lui ai promit vengeance, et vengeance il aura.

- Tu es complètement folle... Mais c'est ce que j'aime chez toi.

Il lui adressa un sourire sincère, auquel elle répondit timidement.

- Puisque c'est ainsi, je t'aiderais.

- Quoi ? Non, Sophia...

- Sophia n'a pas plus de talent que toi. Si on parle bien de l'assassin d'un Chevalier d'Or, alors il doit être très puissant. Et qui sait... Si ce maudit Andreas est le coupable, alors j'en profiterais pour me venger moi-même de ce qu'il est en train de commettre.

- En ce cas... T'avoir à mes côtés me rassure.

- Je suis heureux que tu ais pris la peine de m'en parler.

Ofelia acquiesça lentement, avant de prendre sa valise. Elle n'avait emporté que le strict minimum, et un bagage lui suffisait amplement. Ouvrant la marche, Syd resta à sa hauteur, l'observant discrètement. Il notait bien toutes ses différences physiques, et déplorait de la voir aussi chétive et triste. Il se souvenait d'elle, à leur rencontre... Elle était alors une jeune femme plutôt gaie, avec néanmoins une pointe de mélancolie en elle. Ses joues prenaient souvent une teinte rougeâtre du fait de sa grande timidité, mais aujourd'hui il ne lui restait plus que la pâleur de la peur et du remord. Cela ne pouvait échapper à personne.

- Je suis certain qu'il ne t'en tient pas rigueur, déclara-t-il tout à coup.

L'espagnole se figea, en même temps que lui s'arrêtait.

- Tu n'es pas responsable. Pourquoi t'en voudrait-il ?

- Je... Je ne dois plus penser à ça. Je dois tenir ma promesse.

Syd haussa les épaules. Elle fuyait ce qu'elle avait provoqué. C'était une réaction plutôt normale... Il se promit intérieurement de tout faire pour l'aider à aller de l'avant. Il ne lui ferait pas oublier Shura, non, cela était impossible... Mais il veillerait à lui faire penser à autre chose, à la convaincre qu'elle est une bonne personne qui ne mérite nullement de s'infliger autant de tourment. 

Les Héritiers des Dieux _ Tome 1 _ Le dieu maléfiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant