Les Héritiers des Dieux _ Tome 1 _ Le dieu maléfique

Chapitre 5 _ Sage et Céleste

Deux jours s'étaient déjà écoulés depuis l'arrivée d'Ofelia et de Sage au Sanctuaire Marin. Ce matin-là, la jeune espagnole s'était retrouvée avec Baian, pour qui elle éprouvait une grande amitié sincère. Et pendant qu'elle rattrapait un peu de temps perdu avec le Général, ses deux enfants exploraient à leur aise les environs, restant toujours à porté de voix des adultes.

Sage était un enfant calme, plutôt posé, mais hélas bien peu sociable. Ce n'était pas dû à de la timidité, comme sa mère l'était, simplement il n'aimait pas vraiment le contact avec autrui. De taille moyenne, plutôt mince, il se caractérisait surtout par ses longs cheveux noirs aux doux reflets de verts. Ses yeux, d'une couleur terne, montraient continuellement une lueur pleine de douceur. Sa petite voix était d'une suavité agréable à l'oreille, et on ne doutait qu'il serait un Chevalier un jour.

Céleste, sa jumelle, affichait des caractéristiques similaires aux siennes. Plus petite, plus chétive également, elle avait les mêmes cheveux, et les mêmes yeux que lui. Cependant, bien que de la même couleur terne, les siens débordaient de malice. Si jeune déjà qu'elle développait un sérieux penchant pour l'humour, se montrant particulièrement taquine avec certains des Généraux auxquels elle se sentait proche. Baian ne faisait pas exception à cette règle.

- Tu sais que Céleste me fait penser à toi, déclara Baian en se détachant de leur conversation.

- Ah bon ? s'étonna Ofelia en observant sa fille de loin.

Le Général discerna autre chose que de l'étonnement dans sa voix. Il jura avoir entendu une pointe de tristesse. Cela ne le surprenait pas, au vue de l'état de la jeune femme, mais il était tout de même étrange qu'elle soit ainsi en parlant de sa propre fille.

- Quelque chose te tourmente en particulier ? demanda-t-il en se rapprochant d'elle.

- Si tu savais... soupira-t-elle en s'efforçant de sourire.

- J'ai conscience des épreuves que tu endures encore aujourd'hui, Ofelia, mais... Si je peux t'aider à en soulager certaines...

Baian porta son regard sur Céleste. La fillette jouait avec son frère, et paraissait prendre un malin plaisir à le tourmenter. Mais ils semblaient tous deux en rire avec gaieté. Il était indéniable que ces deux là s'entendaient à merveille, et que même le long temps qui s'était écoulé n'avait en rien changé leur façon d'être.

- S'il y a quoique ce soit concernant Céleste... ajouta-t-il doucement.

Ofelia ferma un instant les yeux, avant d'observer à son tour ses enfants au loin.

- Je m'en veux terriblement de l'avoir délaissée tout ce temps... Kanon m'a beaucoup réprimandé déjà à ce sujet, et...

- Il n'aurait pas dû, grommela le Général.

- Non, non, au contraire ! J'ai pris conscience de beaucoup de chose grâce à lui...

- Sa franchise est alarmante, pesta-t-il. Presque offensante.

- Ce n'est pas forcément faux, se surprit à ricaner Ofelia.

Baian observa calmement la jeune femme, avant de déclarer d'une voix rassurante :

- Tu ne devrais pas t'inquiéter pour Céleste. Elle ne t'en veut pas.

- Elle t'en a parlé ? s'affola l'espagnole.

- On peut dire ça, répondit-il sur un ton énigmatique.

- Dis m'en plus ! réclama la jeune femme en l'agrippant sévèrement.