Les Héritiers des Dieux _ Tome 1 _ Le dieu maléfique

Chapitre 16 _ Retour

Ofelia déposa ses valises sur le lit de la chambre qu'on lui avait attribué. C'était exactement la même dans laquelle elle s'était réveillée, après être mystérieusement sortie des Enfers. Cet endroit lui rappelait tant de souvenir... Et rien n'avait changé. Les meubles étaient toujours à leur place, et la douce odeur de cannelle se mêlait à l'air pur qui flottait continuellement dans la maison... Syd, dans l'encadrure de la porte, observait la jeune femme avec un certain intérêt. Lui aussi était plongé dans le passé, se rappelant sa méfiance à l'égard de cette étrange fille tombée du ciel. Qui aurait cru qu'il aurait pu autant si attacher...

L'espagnole, par fainéantise, ne prit pas la peine de défaire ses bagages. Elle s'avança jusqu'à la fenêtre, mais ne l'ouvrit pas. Elle se contenta de regarder au travers, inquiète. Le beau paysage enneigé n'était plus. Le domaine de Syd était devenu un amas d'herbe verdoyante, à travers lequel quelques lavandes osaient pointer le bout de leurs pétales. Et le soleil... Le soleil brillait intensément. D'ordinaire, il était dissimulé derrière de gros nuage gris par lesquels la neige tombait inlassablement... Mais à mesure que le temps passait, les nuages s'éloignaient d'Asgard, disparaissant progressivement.

- Je n'arrive pas à saisir toute l'ampleur de la chose... murmura-t-elle en baissant la tête. Tu crois que Camus savait pour Asgard ?

- Si tel avait été le cas, il aurait pu être plus clair, pesta Syd en croisant les bras.

- Je suis persuadée que son meurtrier est ici, quelque part... Je le retrouverais.

- Ta détermination est admirable. Tu ne sors pas tes affaires ?

Ofelia se tourna vers le Guerrier Divin, et rétorqua avec un léger sourire espiègle :

- Pour que tu vois ma lingerie ? Non merci, c'est personnel.

- Comme tu voudras, répondit-il sur un ton moqueur. Dans ce cas, permets-moi de t'inviter humblement à m'accompagner dans le salon.

Il joignit sa demande en un geste courtois qu'il avait l'habitude de faire lorsque la noblesse d'Asgard se réunissait. Il restait un membre de l'une des familles les plus riches du pays, après tout.

- Syd, tu es génial, déclara l'espagnole en lui prenant la main qu'il lui tendait.

Le Guerrier Divin lui répondit en un doux regard, après quoi il la guida jusqu'au salon. Avec les années qui s'étaient écoulées, il ne doutait pas que son amie en avait complètement oublié le chemin.

- Ce n'était pas à droite ? s'étonna-t-elle alors qu'ils prenaient un certain chemin.

- Non. Par ici, ce sont les cuisines.

- Ah...

- Toi alors, tu n'as pas changé, se moqua-t-il gentiment.

- Hé...

Elle lui donna un léger coup d'épaule, auquel il ne broncha pas, se contentant simplement de sourire. Lorsqu'ils arrivèrent dans le salon, l'ancienne gouvernante de Syd se précipita sur la jeune femme, lui adressant mille marques de gentillesse. Ne sachant pas vraiment comment réagir, Ofelia leva légèrement la tête vers son ami, qui lui expliqua avec amusement :

- Elle n'a pas arrêté de parler de toi, à ton départ. Je crois que tu lui as beaucoup manqué.

- Oh...

- Elle est un peu comme une mère, ici.

- Mon enfant, je me suis fais tellement de soucis ! s'exclamait la vieille nourrice en secouant les mains d'Ofelia. Lorsque j'ai appris que vous étiez mêlée à cette horrible guerre, j'ai cru mourir d'inquiétude !