Chapitre N.6

7.3K 287 111
                                    

— Au moins je suis sûr que t'es pas une michto, ris-je en lui donnant un petit coup d'épaule.

Comme à son habitude, la blonde prend seulement conscience de ses paroles et plaque sa main sur sa bouche dans un cri étouffé.

— Merde ! pouffe-t-elle en rougissant.

— Eh Gamine c'est rien ! dis-je dans un rire.

— Nan mais toi tu t'en fous, mais imagine le jour où je vais tomber sur quelqu'un qui va pas rigoler.

J'explose de rire en imaginant parfaitement la scène.

— T'as du cran c'est certain, précisé-je. Insulter le plus beau rappeur français, étoile filante du moment, peu de gens l'aurait fait.

Nina rigole franchement en entendant le ton hautain et moqueur que j'ai pris.

— Monsieur râle, monsieur juge et en plus monsieur se vante !

Une fois de plus, elle rougit violemment. Cette fille me fascine. Elle est tellement spontanée qu'elle se rend pas toujours compte de ce qu'elle dit. Et une fois que c'est le cas, elle se sent très souvent mal à l'aise et  en devient rouge pivoine. Ou alors, elle sait parfaitement ce qu'elle dit mais une fois qu'elle l'a prononcé, elle perd toute son assurance et une nouvelle fois se transforme en tomate.

— Monsieur t'emmerde.

La petite blonde se lève, prête à quitter le banc. Je me demande instantanément ce que j'ai fait pour la faire fuir de la sorte mais lorsque j'aperçois notre train au loin, je souris en me relevant à mon tour.

— T'as payé cette fois ? l'interrogé-je en me postant à sa droite.

— Nan.

— Et pourquoi ça jeune fille ?

Elle hausse les épaules et au même moment, le train s'arrête sur le quai.

— Au moins, je vais pouvoir m'asseoir à côté de toi et empêcher qu'une vieille dame vienne te déranger.

Les portes s'ouvrent et Nina disparaît dans un wagon sans se préoccuper de moi.

Je souris bêtement en regardant sa mince silhouette s'incruster dans le véhicule. Sa valise derrière elle, elle nous déniche deux sièges côte à côte et prend place côté fenêtre.

— Alors Deenette, t'es prêt à passer les cinq prochaines heures en ma compagnie ?

— Trop, dis-je, sarcastique, dans le but de la taquiner.

— Cache ta joie !

Je lui donne un léger coup d'épaule en haussant les sourcils.

— T'es bête quand même.

J'ajoute rien et me contente d'un petit clin d'œil qui arrache un mince sourire à la blonde.

Un silence s'installe entre nous, bercé par le bruit émis par les autres passagers. Nina triture nerveusement ses doigts en se dandinant maladroitement sur son siège. Je crois qu'elle apprécie pas ce genre de moment où ni l'un ni l'autre prenons la parole. Ça doit la mettre mal à l'aise. C'est pas la première fois que ça nous arrive et qu'elle se sent si gênée.

— Hum, euh, ça fait longtemps que tu rappes ?

— Ça fait quelques années, ouais. Je m'y suis mis sérieusement quand je suis arrivé sur Paris, en 2008.

— Oh, ça commence à faire un bail alors.

— Ouais.

— Ça te dérange si j'écoute un de tes morceaux ?

Gratsiya- Deen Burbigo.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant