Lorsque je rentre chez mes parents, une bonne heure plus tard, mon père n'est toujours pas revenu des courses et ma mère se dandine sur des vieux sons des années 80 tout en nettoyant ma chambre de fond en comble.
— Maman ? Tu fous quoi là ?
— Je fais le ménage dans ton antre. Et qu'on soit bien clairs, dit-elle en se retournant sévèrement vers moi. C'est comme la première cuite, je nettoie toute ta crasse pour la première et dernière fois. J'ai bientôt terminé, tu n'as qu'à commencer à préparer le repas, je te rejoins dans même pas cinq minutes.
Son ton ne laisse place à aucune contradiction. J'ai échappé à ses questions pendant une semaine mais ce soir, elle est bien décidée à me faire parler et cette fois je ne pourrai plus fuir la conversation.
— Tu veux pas éteindre ta musique, au moins ?
Après un petit débat, ma mère finit par éteindre son enceinte et alors que je me lance dans la préparation d'un poulet basquaise, elle me rejoint et enfile un tablier.
— Je t'écoute.
— Maman...
— Non. Tu vas me dire ce que tu as et ce que tu viens faire ici. Je suis toujours très heureuse de te revoir quand tu reviens à la maison mais là j'ai un peu de mal. Tu tires la tronche toute la journée, t'es à peine descendu trois fois dans la semaine. Alors tu vas m'expliquer ce qui t'es arrivé à Paris pour que tu finisses dans cet état. Je m'inquiète pour toi, Miki. Et me sort pas ton mensonge de : « Je suis là pour les fêtes, comme chaque année. », parce que j'y croirai pas une seule seconde. T'es tout triste mon fils...
— Je... débuté-je en coupant le poulet.
— C'est cette petite ? Nina ? m'interrompt-elle.
— Oui. C'est elle.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Vous vous êtes violemment disputés ? Elle t'as quitté ?
— Maman. Laisse-moi parler, s'il te plaît. Je vais t'expliquer mais arrête.
Elle acquiesce et attend que je lui raconte l'histoire avec Nina. Alors je me lance et lui parle de notre rencontre, notre amitié, la timidité de Nina, son manque de confiance en elle et sa peur du contact physique à cause de son ex. Je lui explique que j'ai voulu l'aider en devenant son meilleur ami, en passant du temps avec elle, régulièrement pour qu'elle me fasse confiance et que je lui redonne confiance en elle et l'aide à vaincre sa pudeur. Je n'omets aucun détail et étrangement, en discuter avec ma mère me fait un bien fou.
Je me rends compte que depuis le début, je n'en ai jamais vraiment parlé avec quelqu'un. Avec Ane un petit peu mais c'était avant que tout ne dégénère. Même mon frère n'est au courant de rien, mise à part le fait que Nina soit une super amie. Alors me confier à ma mère me libère d'un poids. Je lui partage mon problème et elle l'accueille pour me soulager un peu de ce fardeau. Elle est pendue à mes lèvres tandis que je lui avoue que j'ai embrassé Nina il y a de cela, bientôt deux semaines et que devant sa réaction, j'ai paniqué et je suis parti. Puis je finis par lui dire que j'ai préféré quitté Paris, pour m'éloigner du problème, m'éloigner de Nina et de tous nos souvenirs.
— Sauf que finalement... Même Toulon me ramène à elle maintenant. Parce que c'est en venant ici que je l'ai rencontrée, c'est ici que j'ai commencé à la connaître. Même cette maison me la rappelle. Parce qu'elle est venue ici, qu'elle a dormi dans mon lit et que maintenant, je la vois partout. Elle est partout, Maman. Et j'arrive pas à me la sortir de la tête. Je savais que ça finirait par arriver, j'en étais certain. Mais pour une fois, j'ai essayé de penser à elle avant de penser à mes sentiments qui commençaient à prendre de l'ampleur. J'arrive pas à oublier que j'ai merdé, que c'est de ma faute et que j'aurai pas dû l'embrasser.
— Mikael, calme-toi. Respire et pose ce couteau, t'es en train de t'acharner sur ce pauvre poulet.
— On s'en fout, il est déjà mort.
Ma remarque arrache un petit sourire à ma génitrice qui me prend le couvert des mains et le pose derrière elle en me jetant un regard mi-sévère, mi-attendri.
— Mon fils... Si tu ne l'avais pas embrassé ce soir là, tu aurais tenu encore combien de temps sans rien dire ? Quelques jours tout au plus. Et que serait-il arrivé si tu ne l'avais pas embrassé ? Tu aurais profité de quelques jours de plus avec elle pour au final exploser et lui déballer tes sentiments d'un coup. Tu lui aurais craché ça à la figure et ça n'aurait pas été mieux finalement. Alors oui, tu l'as embrassé et ça ne s'est pas passé comme prévu mais au moins tu es soulagé, d'une certaine manière, d'une douce façon, tu lui as exprimé tes sentiments. Tu n'as plus à supporter cette ambiguïté que tu étais le seul à remarquer.
— Maman. Nina n'a pas compris ce que ce baiser signifiait pour moi. Elle pense que j'ai pas fait exprès et que je recommencerai pas, que j'en avais pas envie. Elle m'en veut pas, elle n'a pas peur. Elle ne comprend pas et c'est ça le problème. Parce qu'en plus d'avoir tout foiré, j'ai pas pu lui expliquer ce que je ressentais.
— Oh fatche de con ! s'exclame-t-elle avec son plus bel accent marseillais. Alors ça... Je sais pas quoi te dire... Mais écoute mon grand, on va terminer ce repas, tu vas arrêter de penser à tout ça le temps de ton séjour ici. Tu vas profiter d'être ici, avec nous, en famille pour te vider la tête. Il y a les fêtes, ça va t'aérer l'esprit. Puis tu n'as qu'à écrire, faire du sport, sortir et retrouver tes vieux amis qui habitent ici. Mais arrête de ruminer dans ton coin. Tu ne pourras pas changer ce qui est arrivé. Et arrête de regretter ce qu'il s'est passé. Parce qu'au fond tu as apprécié le fait de l'embrasser. Tu finiras par y voir plus clair et à ce moment là, tu pourras aller la retrouver et lui parler. D'accord ?
J'acquiesce, en sachant pertinemment que c'est elle qui a raison. J'aurai beau culpabiliser, regretter et rejouer la scène des centaines de fois, ça ne changera en rien ce qui est arrivé. Je dois accepter que ça s'est bel et bien passé. Que j'ai embrassé Nina et qu'elle n'a pas compris que j'étais tombé sous son charme. Je dois accepter que j'ai fui et que si je suis ici, c'est pour essayer d'oublier un peu tout ce cirque et non pas y penser à longueur de journée.
— Nina est une fille exceptionnelle, elle comprendra forcément une fois que tu lui auras expliqué. Pour l'instant c'est flou, autant pour elle que pour toi. Tu t'es éloigné et tu as pris la meilleure décision pour vous. Tu vas pouvoir prendre du recul et même si Nina s'inquiète et qu'elle a peur d'être sans toi, elle va finir par réfléchir elle-aussi. Et même si ça n'est pas évident pour elle, même si elle n'assimile pas de suite la chose, elle est intelligente et vous trouverez une solution qui vous convient à tous les deux. Il y a peut-être une chance que ces sentiments soient réciproques mais qu'elle n'y ait jamais fait attention avant parce qu'elle ne voulait pas le voir, trop aveuglée par sa peur et son ex petit-ami. Et puis si jamais elle ne ressent pas la même chose que toi, alors vous en discuterez et vous finirez pas prendre la bonne décision. J'en suis convaincue. Mais, je t'en conjure, arrête de faire ton grognon, je hais ça.
Ma vieille prend mon visage en coupe et dépose un baiser sur ma joue mal rasée. Son discours me laisse sans voix. Elle a raison sur toute la ligne. Je le sais. De toute façon, elle a toujours raison. Parfois, je me demande vraiment ce que je ferai sans elle.
— Allez Mikael, au travail. Ton poulet basquaise ne va pas se faire tout seul.
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Nouveau chapitre !
J'espère qu'il vous a plu ?La discussion entre Deen et sa mère ?
La suite ? Deen à Toulon ?N'hésitez pas à me donner votre avis.
Pleins de bisous,
❤️
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Gratsiya- Deen Burbigo.
FanfictionElle était pas comme les filles que j'avais l'habitude de fréquenter. Elle était bien trop douce, bien trop innocente. Pourtant, quand elle s'est foutue de ma gueule ce jour-là, j'ai très vite compris que tout allait changer pour moi. Parce que tout...