Chapitre N.20

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Après avoir passé plus d'une heure sur le pont neuf, je préviens Nina qu'il est temps pour nous de rentrer.

— Il est tard et il commence à faire vraiment froid, là.

— Mais non ! Allez, on peut rester encore un peu, ronchonne-t-elle alors que sa peau se recouvre de chair de poule.

— Nina. Il faut qu'on rentre.

— Tu n'as qu'à rentrer toi. Moi je reste. Je m'en fiche de me les geler !

— Nina, insisté-je. Il est hors de question que je te laisse seule ici.

— Alors on reste encore un peu, tous les deux.

Et comme pour la trahir, une nouvelle fois, elle baille longuement et bruyamment.

— Arrête de négocier, on rentre. Je suis mort.

— Pfff, t'es vraiment un vieux râleur, bougonne la blonde en descendant du pont.

Je lui adresse un grand sourire et saute à mon tour du rebord.

— Tu sais, je peux rentrer toute seule. T'es vraiment fatigué et tu vas faire un détour en me ramenant chez moi.

— Non. Je m'en fous de rallonger le chemin, je préfère ça que de m'inquiéter pour toi.

— Bon... D'accord, se résigne-t-elle.

Comme toujours, je passe mon bras autour de ses épaules et nous nous mettons rapidement en route. Le trajet jusqu'à son immeuble se déroule dans le plus grand des silences. Comme très souvent, elle semble gênée par ce calme qui règne entre nous. Elle se tortille entre mes bras, ronge ses ongles et mordille violemment sa lèvre inférieure. Elle remet sans cesse ses lunettes rondes sur le bout de son nez en se creusant les méninges pour trouver un quelconque sujet de conversation.

Après un long moment de gêne pour Nina, nous arrivons finalement devant chez elle.

— Je te laisse là. On se voit mercredi, dis-je en baillant une nouvelle fois.

— Tu... Tu n'as qu'à dormir ici, propose la blonde en rougissant violemment. Je voudrais pas que tu meures sur le chemin du retour.

— Nina. Je peux rentrer, il m'arrivera rien. Je t'enverrai même un message quand je serai chez moi.

— Non. Toi tu as insisté pour me raccompagner, moi j'insiste pour que tu dormes ici. Je prendrai le canapé cette nuit et on en parle plus.

— Nina.

— Non Deenette. Tu sais peut-être être têtu, mais je le suis aussi. Alors tu arrêtes de faire ton râleur et ton daron et tu montes.

Je souris en la voyant s'affirmer de la sorte. Pour une fois, ce n'est pas moi qui joue le daron protecteur mais bien elle qui s'inquiète de savoir si je vais rentrer en entier ou pas.

Après un faux regard noir en sa direction, je la suis à l'intérieur et nous rejoignons son appartement. J'enlève mes pompes et m'affale directement dans le canapé. Nina s'affaire à trouver une couverture et un oreiller.

— Allez, va dormir Deenette. Je prends le canapé.

— Hors de question. Je prends le canapé, répliqué-je en insistant sur le « je ».

La blonde croise les bras sur sa poitrine pour se donner un air sévère qui m'arrache un rictus.

— Non. Tu dors dans ma chambre. Si tu dors dans le fauteuil tu vas encore avoir mal au dos et je voudrai pas que le grand-père que tu es se casse quelque chose pendant la nuit.

Gratsiya- Deen Burbigo.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant