Chapitre N.37

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— Mais nan putain tu comprends pas, râlé-je. Elle ressent rien pour moi. Rien. Pas de sentiment, juste de l'amitié.

— C'est pour ça que vous êtes restés potes du coup ?

— Bien joué, Sherlock, ironise Ivan.

D'un air pensif, Chef Gee hoche la tête en me passant son joint sur lequel je tire longuement.

— Mais ça te fait pas chier toi, d'être seulement son pote ?

— Bah c'est soit ça, soit rien et je peux pas la laisser tomber. Sans parler de mes sentiments pour elle, Nina a besoin de moi et je crois que j'ai aussi besoin d'elle mais d'une autre manière.

— Mais t'arrives à passer au-dessus de ce que tu ressens ? demande Ivan.

— Bah ça fait que deux semaines que je suis rentré, je l'ai vue deux vendredis depuis et honnêtement j'ai même pas ressenti l'envie de l'embrasser ou quoi, donc pour l'instant ça se passe bien.

— Faut que tu fasses attention grand-père, me prévient Eff. Si tu vois que ça repart dans les mêmes délires de quand t'es parti, faut que tu lui dises. Si tu vois que t'as du mal à gérer le truc, explique-lui parce que t'as bien vu où ça vous a mené la dernière fois.

— Ouais, j'sais, acquiescé-je.

— Burb ? m'interpelle Jazzy.

— Ouais ?

— Elle t'apporte quoi cette gamine ?

— J'en sais trop rien mais je sais que de savoir qu'après ma semaine, je vais la retrouver chez moi pour qu'on cuisine tous les deux, que je lui donne mes secrets de chef et qu'on se matte un film, ça me fait du bien. Elle est compréhensive, elle se moque de mon caractère de grognon, elle en rigole même et puis elle est drôle, je vous jure. C'est une pépite, cette fille. Puis être avec elle ça m'apporte une bouffée d'air frais, j'ai l'impression de redevenir un gamin malgré nos habitudes de vieux. Elle est si innocente, si spontanée, voir même irréfléchie parfois. Et pourtant, elle sait défendre les causes qu'elle défend, parce qu'autant elle a l'air d'une gamine, autant dès qu'elle parle sérieusement, t'es obligée de l'écouter. Franchement, y'a tellement de trucs à dire à son propos que je pourrai y passer des heures entières mais même prendre le temps de l'aider à retrouver confiance en elle, ça me fait plaisir, je me sens utile et important pour elle.

— Je crois qu'on a compris, rit le plus grand des deux.

— Du coup, j'en déduis que malgré votre décision, tu l'aimes toujours beaucoup.

— Ouais, bien sûr. Elle le sait, je pense. Mes sentiments s'effaceront pas en un claquement de doigts.

J'esquisse un petit rictus sous l'air satisfait de mes potes, en reportant mon regard sur l'ordinateur ouvert devant nous. On a des tonnes de papiers à gérer, des tonnes de mail à trier et j'ai clairement la flemme. J'aurai préféré passer ma journée à fumer en me remémorant quelques anecdotes avec mes potes.

— Et du coup, tu vas plus la rejoindre le mercredi ?

— Frère, si je suis là aujourd'hui c'est que non, j'y vais plus. Mais je lui ai demandé de m'envoyer un message dès qu'elle revient à son travail, ça me rassure un peu.

Mes deux potes opinent du chef en silence alors que justement, mon téléphone se met à sonner dans ma poche arrière. Cependant, la sonnerie typique d'Apple m'indique que ce n'est pas un message mais un appel qui vient de nous interrompre.

Et comme par hasard, le prénom de Nina s'affiche sur mon écran et en prime une sublime photo d'elle en train de rire aux éclats. Je décroche, un peu inquiet par cet appel soudain.

Gratsiya- Deen Burbigo.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant