Gratsiya- Deen Burbigo.

Chapitre N.10

— Tu m'appelles si y'a un problème.

— Oui Papa. Et je fais très attention.

— Exactement. Allez à plus la môme.

Je dépose un rapide baiser sur son front et la regarde disparaître derrière les baies vitrées de la crèche dans laquelle elle travaille. Elle a repris le boulot en début de semaine apparemment. Sa crèche est ouverte fin août.

Ça m'étonne même pas qu'elle soit puéricultrice et qu'elle bosse dans une crèche. Être entourée de gosses en permanence ne doit qu'accentuer ce côté enfantin de sa personnalité. Mais je suis sûr que ça l'aide beaucoup dans les relations qu'elle entretient avec les enfants.

Je reprends ma route et décide de rejoindre la station de trom la plus proche. Au même moment mon téléphone sonne et je remarque un appel provenant de Nek.

— Allô ?

— Ouais bigo c'est oim.

— Je sais Nek. Ça roule les festivals ?

— Ouais nickel. On a joué notre dernière date avant-hier.

— Ça été ? Vous êtes pas trop fatigués ?

— Nan ça va. J'organise une soirée d'ailleurs. Si t'es dispo ce soir, t'as qu'à passer. Je vais bientôt repartir aux States.

— Ça marche, je serai là.

— Et si t'as une gazelle à inviter, tu peux, dit-il en riant.

— Non, je serai seul.

— Ok. Bon à ce soir. Et charge-toi de prévenir Jazzy et Eff s'il te plaît.

— Nek, tu sais que y'a un groupe Whatsapp dans lequel tu peux tous nous prévenir.

— C'est vrai. Bon je te laisse papy.

— À ce soir frérot.

Je l'entends me répondre alors que je raccroche et change finalement de plan, me décidant à trouver un café dans lequel passer mon après-midi. Je m'installe en terrasse et commande un café et un verre d'eau. Je traîne longuement sur les réseaux, échange avec quelques gars et je finis par reporter mon attention sur le monde extérieur.

Le soleil m'éblouit quelque peu alors que les passants défilent sur les trottoirs parisiens. Comme d'habitude, ça grouille de monde sur les terrasses. Mon regard se perd dans cette foule en action et j'avale une longue gorgée du café que vient de me rapporter la serveuse.

Je suis finalement interrompu par deux ados qui m'ont reconnu et m'ont demandé une photo très poliment tout en m'indiquant qu'ils attendent le deuxième album et qu'ils me soutiennent grave. Je les ai rapidement remercié et ils sont repartis.

J'ai alors bu mon café en silence et je n'ai pas oublié de poster une petite story sur Instagram.

Après-midi classique pour le grand-père que je suis.

***

Lorsque je passe la porte de l'appartement de Nek, je suis frappé par la forte odeur d'alcool, de clopes et de joints. Malgré les quelques fenêtres ouvertes, la drogue consommée par les gars a embaumé la pièce.

Je tchèque mes potes un à un. Ken a l'air décalqué. Ça fait un bail que je l'ai pas vu. Entre sa tournée des festivals cet été et ces escapades aux quatre coins du monde, faut dire qu'il est plus souvent sur Paris. Je lui tape brièvement l'épaule alors qu'il me tend une bière bien fraîche.