10. Transparence

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X.


Les Gants Blancs appartenaient de moins en moins au monde des humains. Leurs leaders, des vampires en situation irrégulière, étaient pour la plupart inconnu du grand registre des porteurs du syndrome V.

Ils agissaient la nuit, dans l'ombre la plus totale, et grignotaient dangereusement les fondations  de la ville.

On comptait à Liota pas moins de cinquante grands sièges sociaux, des empires titanesques amassant les plus grandes des fortunes. Des bâtiments dont les Industries Gordon détenaient une majorité des parts. L'influence de la riche famille, aussi bien intimidante que douteuse, happait chaque opportunité et gonflait sans relâche. Mais petit à petit, on vit la tendance s'inverser. Des inconnus, étonnamment riches, influents et infatigables, commencèrent à poser leurs coudes sur la haute table de marbre.

Une table lisse, lustrée et incassable, autour de laquelle on ne rajoutait pas de chaise.
Mais au fur et à mesure que les membres du cercle glissaient, dérapaient, coulaient, on vit s'agripper sur les bords de longs doigts, de grandes mains habillées d'un blanc satiné qui vinrent décrocher les derniers grands noms. Le marbre se mit alors lui aussi à s'incliner. Le poids sans nom de ce coude, de ce bras de fer redoutable, l'écrasait dangereusement. Les Gants Blancs ne se tenaient désormais plus que devant le seul encore debout, un Gordon. Il était le seul en mesure de résister et de continuer à grandir. Mais le nombre croissant de Gants Blancs commençait en fin de compte à poser problème.

Les anciens membres, autrefois silencieux et disparu, réapparurent brusquement sous une autre identité, sous une autre forme. Riches hommes d'affaires, politiciens et héritiers portaient désormais sur leurs mains un blanc Wimborne qui une fois en contact avec sa cible la recouvrait de sa couleur immaculée. Ils agissaient en groupe, chacun semblant maître de sa propre idée. De ce que le monde savait d'eux, tous ne semblaient qu'aspirer à une chose : faire de cette ville la leur.
Faire des richesses leur entière et exclusive possession grâce à la violence et à la corruption.

Denovan était entouré des siennes et demeurait roi de ce monde.
Sa table de marbre fissurée jusqu'à l'os, il tenait malgré tout le bras de fer comme personne. Mais il demeurait seul.
Face à lui, dans l'obscurité la plus complètement, se dressait une légion au gants blancs, au sourire de sang et au cœur éteint.

Malheureusement pour eux, le jeune héritier excellait lui aussi dans le domaine.




* * *



Oscar passa cette énième porte blindée et retrouva finalement Denovan, ses yeux aussitôt agressés par l'éclatante lumière blanche de la pièce.

— Oh, c'est vrai ! s'empressa de dire l'humain en se précipitant vers le variateur.

Il diminua sans tarder l'éclat et lui fit signe de vite s'approcher.
Les deux se trouvaient dans un sous-sol que le roi n'avait que très rarement eu l'occasion de visiter. Contrairement au grand laboratoire où Denovan aimait stocker ses sujets en situation irrégulière, cet endroit ressemblait plus à une salle de contrôle. C'était un souterrain immense, creusé plus profond encore que les chambres de tests sur les vampires. Il y avait ici des ordinateurs dont les centrales, énormes et lumineuses, s'étendaient sur plusieurs longues rangées. Des machines difficilement identifiables s'alignaient les unes à côté des autres et semblaient toutes connectées entre-elles. Tout était relié au gigantesque écran au fond de la pièce que Denovan ne manqua pas de présenter à son invité.

— Regarde un peu, commença-t-il. Tu as devant toi le cerveau de ce monde.

Le roi s'approcha lentement, analysant lentement l'étrange environnement. 

L'Héritier : La Fièvre RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant