V.
Immeuble d'Alec Unfford, Liota 1830.
— Et si nous le laissions sur ce lit ? demanda Oscar.
— Non, répondit Alec en attrapant par les jambes l'humain agonisant au sol. Je t'ai déjà montré cette technique une dizaine de fois. Tu dois le suspendre, que son corps balance lentement au-dessus du vide afin que son sang ne se dirige en direction que d'un seul et même endroit.
Il marqua aussitôt une pause et s'empressa d'aller accrocher leur nouvelle proie la tête à l'envers au milieu de la cave. Suspendu par plusieurs chaines, l'homme ne tentait plus de se débattre depuis déjà un moment.
— Es-tu certain que celui-ci te suffira ? fit Alec à son ami.
— Il est grand et gras, tout ce que j'aime, répondit celui-ci très enthousiaste.
Alec secoua alors la tête d'un air faussement exaspéré et parut même amusé par ses mots.
— Dans ce cas, reprit-il. Regarde bien, c'est la dernière fois que je te montre.
Comme un maître à son élève, les deux se tenaient devant leur sujet d'études. Et soudain, après quelques minutes à attendre le moment parfait, le professeur trancha la gorge de l'homme suspendu d'un très vif mouvement de la main, ses ongles acérés mutilant sans aucune difficulté sa chair, et répéta presque immédiatement son geste au niveau de son abdomen.
— Tu vois, le sang s'écoule bien plus vite de cette façon, conclut Alec en se reculant pour éviter de se faire éclabousser.
Oscar ne répondit pas tout de suite, ses grands yeux bleus brillant d'admiration sous la faible lumière de la pièce. Vêtu d'un haut pantalon noir retenu par de grosses bretelles, il redressa lentement les manches blanches de sa large chemise et s'approcha du cadavre suspendu.
— Je te remercie, fit-il enfin. Tu peux de nouveau aller vaquer à tes occupations, je ne te dérangerai plus pendant un moment.
— Je l'espère bien. J'ai quelques chasseurs à traquer.
— Encore ?
— Jusqu'au dernier je t'ai dit, répondit Alec en plaçant sa longue cape sur ses épaules.
— Et moi qui pensais qu'ils ne t'intéressaient plus.
— Je vais probablement faire une exception, lui fit le Sang de Cristal. J'ai envie de me dégourdir. Cette attaque dans le quartier de l'Opéra est l'occasion rêvée.
Oscar se retourna l'air surpris et rit presque en croisant à nouveau le regard d'Alec.
— L'Opéra ? Est-ce bien là que tu me disais y avoir laissé ta place ?
— Je n'ai pas laissé ma place. Elle n'a pour le moment jamais été la mienne.
— Pour le moment ? lâcha Oscar en souriant malicieusement. Serais-tu finalement en train de retrouver goût à ton cher et tendre Empire déchu ?
— Assez avec tes moqueries, rétorqua immédiatement Alec. Peu importe l'idiot ou l'idiote qui se trouve actuellement sur le trône, laisser les infâmes pourritures que sont ces Chasseurs s'attaquer à l'Empire irait complètement à l'encontre de mes principes.
— Des principes...? Toi, celui qui m'a tout appris ?
Alec le dévisagea alors d'un air froid, sans aucune once de sympathie.
— Je comprends..., reprit son ami en le voyant silencieux, son sourire désormais absent.
— Tais-toi, tu mens.
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L'Héritier : La Fièvre Rouge
Vampire(Tome 3) Attention aux spoilers si vous n'avez pas lu les livres précédents! (Tome 3) De retour à Liota, Veky se réveille seule à l'hôpital et se confronte une fois de plus à une réalité compliquée. Ce n'est plus un an, mais dix qui se sont écoulés...