XVI.
On ne pouvait clairement pas nous rater. Trois énormes camions noirs lancés à pleine vitesse sur les différentes périphéries bordant Liota, les cœurs enflammés, enragés de chacun prêt à se jeter dans le volcan de la ville.
— Je n'arrive toujours pas à croire que nous y retournons, fit une jeune femme à son compagnon d'armes.
Assis sur les bancs au fond de la grande remorque dans laquelle nous voyagions, ils faisaient partie de ceux qui semblaient attendre un tel événement depuis un moment. Ils avaient tous revêtu leurs incroyables habits de Chasseurs, leurs plus beaux et impressionnants looks. Tout avait été soigneusement embarqué dans d'énormes malles encore couvertes de poussière, comme si son contenu avait été conservé pour une occasion particulière. Nos tenues à nous autres, vampires et maintenant alliés de guerre, nous avaient négligemment été distribué dans de gros sacs jetés à nos pieds. Je m'étais alors moi aussi prêtée au jeu et enfilai ce que je n'aurais probablement jamais dû porter.
Maryse me fit passer une longue veste beige en daim au col Napoléon, aux détails et coutures marron. Sur les épaulettes assez prononcées étaient cousus de beaux boutons plaqués or que l'on retrouvait au-devant du vêtement, deux par rangées de fermeture. Les manches, rembourrées d'une laine grattée blanche et épaisse au niveau des poignets étaient disciplinées par trois sangles en cuir de chaque coté. Pour combler cette véritable tenue d'impératrice, je portais de bottes hautes à semelles crantées et un pantalon beige taille haute à boutons dorés. On était tellement loin des sweat-shirts et jeans que nous portions tous en boucle depuis des jours.
Enfin quelque chose décent !
— Ça vous irait presque bien, lança l'homme face à moi, son regard critique analysant chaque vampire depuis le début. Pas trop grandes, tes pompes ?
Je relevai les yeux et répondis par la négative d'un mouvement de tête.
— Pourquoi ces tenues et pas les autres ?
— Nos banales tenues noires de patrouille quotidienne ? enchaîna-t-il en ricanant. As-tu l'impression qu'aujourd'hui est un jour comme les autres ?
Et aussitôt mon imposante ceinture acajou bouclée, il me lança ce fusil à bandoulière comme s'il ne s'agissait que d'un sac à mettre autour de mes épaules.
— Nous sommes de nouveau en guerre, dit-il en se redressant. Tu sais t'en servir ?
— Pas vraiment, avouais-je en touchant les détails argentés le long du canon. J'excelle autrement à vrai dire.
— Alors garde-le pour Maryse. Elle dégaine et vide les siens plus vite que son ombre, conclut-il en boutonnant l'intégralité de sa chemise impériale.
L'espace d'un instant, je nous imaginais tous venu d'une autre époque, d'une société où le peuple se soulève pour embrocher les perruques de la cour et couper des têtes.
— Tout le monde assis ! s'écria Maryse à l'autre bout du fourgon. Nous entrons dans la ville ! Restez vigilants !
Je la contemplai quelques secondes, elle et son ensemble de véritable leader. Par-dessus sa large chemise au col haut, elle portait un gilet de costume noir déboutonné jusqu'au milieu, un pantalon de la même couleur que ses bottes, sombres, imposantes et sanglées par un solide lien doré, venaient discipliner au niveau des genoux. Enfin, son long manteau aux larges épaulettes tombait sur elle comme une cape. Là, je voyais la dirigeante qu'elle était vraiment.
— Veky, me fit Balthazar en me tirant pour me faire asseoir. Quoi qu'il advienne aujourd'hui, nos priorités restent les mêmes. Tuer l'oppresseur, protéger nos alliés, et récupérer ce qui nous appartient.
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L'Héritier : La Fièvre Rouge
Vampirgeschichten(Tome 3) Attention aux spoilers si vous n'avez pas lu les livres précédents! (Tome 3) De retour à Liota, Veky se réveille seule à l'hôpital et se confronte une fois de plus à une réalité compliquée. Ce n'est plus un an, mais dix qui se sont écoulés...