XVII.
— Alec, attend ! lançais-je en lui attrapant le bras.
Il se dégagea aussitôt et continua davantage dans sa lancée, son cœur de feu prêt à carboniser la ville tout entière. À la seconde où Oscar s'était adressé à lui, nous sentîmes son corps violemment monter en pression, la chaleur mortelle de ses veines lui faisant complètement perdre la tête.
— Alec ! criais-je à nouveau à travers les escaliers. Alaka, aide-moi !
Tétanisée à la vue de sa colère, mon amie ne dit pas un mot. La peur s'était vraisemblablement emparée d'elle.
— Il devrait être mort, dit Alec. J'ai lamentablement échoué. Je ne referai pas cette erreur.
Il dévala les escaliers sans jamais se retourner, sa poitrine se gonflant de plus en plus sous l'effet ardent de sa rage.
Plongé dans l'ivresse toxique de sa fureur, il voyait rouge. Ses yeux remplis de noir, de haine et d'hystérie, la dangereuse créature qu'il était prenait possession de lui. Je me précipitai derrière lui et tentai une seconde fois de l'arrêter.
— Où vas-tu !? lui dis-je en m'emparant de son poignet. Il... Il le fait exprès ! Ne tombe pas dans son piège, Alec !
Je sentis aussitôt une vive décharge me traverser et le lâchai, sa chair incendiaire me brûlant avec vivacité la peau. Il se stoppa et se tourna brusquement dans ma direction, son regard funeste me faisant presque regretter mon geste.
— Veky, que se passe-t-il !? intervint Balthazar en bas des marches.
— Je vais le tuer, fit tout bas Alec. Maintenant.
— Tu ne peux pas, pas comme ça ! Nous ne sommes pas prêts.
— Veky... ? répéta le sous-dirigeant en montant lentement, cette fois suivit des jumelles et de Lussi.
— Tu m'as toi-même dit de ne pas me laisser amadouer par une quelconque manifestation de sa part.
Alec me dévisageait sans un mot, son torse haletant de colère. Je me rapprochai prudemment et tendis ma main jusqu'à lui.
— Ta colère est en train de t'aveugler, continuais-je, la panique faisant dérailler ma voix.
— Veky, bordel ! Vas-tu me répondre !? s'impatienta Balthazar. Sire !?
Alec inspira un grand coup et ferma les yeux. Les veines noires grimpant déjà le long de son cou finirent par se dissiper et je sentis la chaleur de ses muscles disparaître.
— Sire, parlez-nous ! s'exprima Mia en grimpant d'une marche.
Il rouvrit les yeux et croisa quelques secondes les miens, le vert encore chaud me transperçant d'un air absent. Il daigna finalement tourner la tête dans leur direction et les affronta de cette même figure dénuée d'expression. Alaka apparut au même moment derrière moi.
— Je veux savoir qui est ce roi, dit-elle soudain.
— Je crois qu'il est désormais temps, Sire, continua aussitôt Lussi depuis le bas.
Tous se retournèrent vers elle, incrédules, et je la dévisageai moi aussi. Alec la fixa sans un mot et finit par hocher la tête.
Cette fois, je n'eus pas de vagues descriptions de ce qu'était Oscar. Cette fois, j'avais enfin eu droit à la vérité ; à la plus morbide et affreuse de toutes les explications.
Cette fois, il ne s'agissait plus d'un vampire aux airs sages et au style excentrique et quelque peu effrayant, mais véritablement d'une créature dérangée.
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L'Héritier : La Fièvre Rouge
Vampiros(Tome 3) Attention aux spoilers si vous n'avez pas lu les livres précédents! (Tome 3) De retour à Liota, Veky se réveille seule à l'hôpital et se confronte une fois de plus à une réalité compliquée. Ce n'est plus un an, mais dix qui se sont écoulés...