17. Némésis

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XVII.

Les derniers Chasseurs grimpèrent à toute vitesse dans la remorque avant de s'écrouler au sol, complètement à bout de force. Et lorsqu'ils virent Maryse au loin courir jusqu'au fourgon, le visage et les habits couverts de sang, plusieurs se précipitèrent sans hésiter jusqu'à elle, les pointes en bois de leurs lances féroces transperçant aussitôt le cœur des vampires la pourchassant. Le troupeau de créatures redescendait progressivement vers eux. Ils se déplaçaient lentement au rythme des mouvements que chacun faisait dans la bataille et suivaient avec entrain la peur de tous ces Chasseurs rebroussant chemin.

— Ma main ! s'écria Marcus en tendant celle-ci à la grande chasseresse.

Maryse attrapa carrément son bras et monta à l'intérieur.

— Encore deux minutes ! s'écria-t-elle tandis que le moteur s'alluma.

À genoux, les mains contre la taule sale du camion, elle en aurait presque craché ses poumons. Les choses avaient soudain complètement dégénéré et tout était maintenant hors de contrôle. Il fallait fuir au plus vite.

— Maryse ! Ils arrivent tous ! s'empressa de dire Marcus en tirant ses dernières flèches.

Les lointaines silhouettes goûtèrent une ultime fois au bois et au poison, leur corps criblés de balles et de plaies peinant visiblement à surmonter la douleur. Ils ne se déplaçaient plus aussi vite, leurs muscles étaient déchirés, mutilés par la morsure de leurs armes. Mais leur détermination restait intacte ; comme des furies aux ailes trouées et sanglantes dont la foi suprême demeurait inébranlable.

— Encore deux minutes, j'ai dit ! répéta Maryse en frappant du poing.

Quelques Chasseurs grimpèrent encore à l'arrière, tous aussi mal en point les uns des autres.

— Que font les trois autres, bon sang !? s'emporta-t-elle brusquement en se redressant.

Elle analysa ses troupes mais ne vit aucun de ses alliés. Au même moment, un soudain et vif feu s'alluma au loin en plein milieu de la foule et d'atroces cris s'élevèrent.

— MARYSE ! cria Marcus, plus inquiet que jamais face à ce spectacle imprévisible.

— On y va ! répliqua enfin celle-ci en se précipitant au fond de la remorque.

Elle frappa de toutes ses forces contre les parois et le camion se mit en fin de compte à bouger. Tous furent alors violemment embarqués contre la taule du mur lors de ce brusque virage et les Chasseurs virent enfin le champ de bataille progressivement s'éloigner.

Elle ne pouvait plus attendre. Une seconde de plus et c'était le reste de son groupe qui y passait.

— Reculez-vous tous ! fit Marcus en s'approchant pour baisser le lourd rideau du fourgon. 

— Attends !

Sirine pointa aussitôt du doigt la foule et cet incendie devenu silhouette désorientée.

L'homme serpentait dans cette marée de démons telle une anguille, sa braise aveuglante et corrosive mettant feu à toutes ces mauvaises âmes. La torche et son soldat de la mort continuaient malgré tout de ralentir l'ennemi, leur haine et leur force se dressant presque comme un mur.

— Ils sont là, dit alors Marcus en apercevant à son tour ses alliés.

Et quelques secondes après, il tira pour de bon sur le volet en fer du camion. Ce fut seulement à cet instant que tous s'autorisèrent à lâcher les armes et à souffler.

L'Héritier : La Fièvre RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant