Celle que Zeus m'a retiré par crainte

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Ma chère, tu m'as tué et c'est pour quoi je t'écris maintenant.
Les seuls cordes que je possède sont tes cordes de guitare. Mais elle n'est pas et ne sera jamais meurtrière comme la moitié des morceaux que tu jouais dessus.
Tu me voyais sympa, un peu poète, discret mais toujours dans les parages. Et si tu me voyais mort ? Si tout ce que tu as vu en moi disparaissaient  ? "Tu as changé.", c'est exactement ça que tu me lancerais ! C'est moi qui te connais par cœur.
Puis, tes dents jaunies plantées dans tes gencives comme autant de pierres tombales à moitié déterrées. Je pouvais te reconnaître seulement par le bruit de tes pas dans un couloir sans atmosphère. J'aurais pu reconnaître ton rire perdu dans la galaxie. J'aurais reconnu ta chevelure alors que tu avais atteint les derniers stades de ton cancer. J'aurais pu savoir comment me repérer quand je me serai de nouveau perdu dans tes yeux éborgnés. Si tu n'existerais plus, tu serais la voix dans ma tête.
  Maintenant que j'ai plus rien à perdre je peux dire que j'ai toujours cru que t'étais ma moitié. Celle que Zeus m'a retiré par crainte. Et quand j'ai vu que tu savais manipuler aussi bien ta laideur que ta douceur, j'ai pris peur aussi. Je me suis abandonné à toi pour oublier l'angoisse qui me venait à chaque fois qu'une de tes caresses me serraient trop le poignet.
  Maintenant tu n'es plus là. Tu étais la seule à être là pour moi.

Logorrhée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant