La semaine est enfin terminée ! Elle m'a semblé incroyablement longue. Adossé à mon fauteuil, je m'étire pour dérouiller mes épaules endolories à force de me concentrer sur mon clavier. J'adore mon boulot, je suis graphiste, mais cette semaine m'a paru vraiment interminable en raison des dossiers à boucler pour respecter la deadline. Les heures sup se font sentir à présent et je n'ai qu'une envie me prendre un truc à grignoter, rentrer chez moi et me vautrer sur mon canapé devant ma série du moment.
Après avoir vérifié une dernière fois que tous mes fichiers sont envoyés et bien enregistrés, j'éteins mon ordi, salue mes quelques collègues restants et rejoins l'ascenseur. Je travaille dans cette boite depuis trois ans. La paye est correcte, les patrons, deux frères d'une quarantaine d'années, sont stricts mais honnêtes et je m'entends assez bien avec la plupart de mes collègues. Nos bureaux sont situés dans un grand immeuble qui regroupe plusieurs autres sociétés. En périphérie du centre-ville, proche de transport en commun et de la rocade, il est situé au cœur d'un complexe d'entreprises en pleine essor. Bref, si tu es une start-up qui démarre et qui veut réussir, c'est l'endroit où tu dois t'installer.
Le soleil, encore bien présent en cette fin de journée, m'éblouit un moment : les heures sup m'ont amené à sortir à la nuit tombée toute la semaine, du coup j'ai l'impression d'être une taupe aveuglée.
Après un petit détour chez mon chinois préféré, j'attrape mon bus juste à temps. Il me dépose quinze minutes plus tard en bas de chez moi. Je ne peux pas espérer mieux : mon boulot, mon appart', mon resto préféré, tout ça dans le même secteur et desservi par le même bus !
5e étage, je pousse la porte de chez moi, enfin je suis à la maison. Le miroir à l'entrée me confirme ce que je redoutais, j'ai une sale gueule. Il était temps que le week-end arrive. La soirée me procure la détente dont j'avais besoin et je finis par m'endormir sur le canapé.
*
Il est déjà midi quand je suis réveillé par mon portable qui vibre visiblement depuis un moment.
Cinq SMS s'affichent : Jérémy a lancé une proposition de sortie pour le soir même, quatre ont déjà répondu qu'ils étaient partants : Hugo, Chris, Max et Stéphanie. Je suis le seul qui n'a pas encore répondu.
Nous six, on se connaît depuis l'université. Dix ans d'une amitié sans faille. On a fait toutes les conneries possibles ensemble. Je ne sais pas comment Steph, la seule fille du groupe, a survécu et a réussi à nous suivre tout ce temps dans nos délires mais je crois que c'est surtout parce qu'elle a un faible pour Hugo. En tout cas, on a tous toujours été là les uns pour les autres : se remontant le moral dans les moments difficiles, fêtant ensemble les succès de chacun et aimant toujours autant se retrouver dès que l'occasion se présente.
Jérem est certainement le plus barré du groupe et, bizarrement, pourtant le seul à ne plus être célibataire. Hugo et Steph, nous savons qu'ils sont attirés l'un par l'autre mais aucun des deux n'a essayé de franchir le pas, probablement par peur de ruiner une si longue amitié. Max, est un dragueur invétéré et n'est jamais tombé sur la fille capable de l'amadouer. Quant à Chris et moi, notre préférence se porte sur les garçons. Nous nous sommes de suite entendus comme deux frangins, et nous partageons les mêmes goûts dans plusieurs domaines.
Je n'ai aucun problème avec mon homosexualité, enfin je n'en ai plus pour être exact car ça n'a pas toujours été le cas. La période scolaire a été un enfer pour être honnête. Entre brimades, insultes et blagues de très mauvais goûts, j'ai passé ma scolarité la tête baissée et souvent seul. J'aborde rarement le sujet, il y a parfois des souvenirs qu'on préfère oublier tout simplement. Mais tout a changé à l'université quand je les ai rencontrés eux. Ils m'ont apporté la confiance que je n'avais pas et ils m'ont défendu quand de jeunes cons me bousculaient. Ils ont été les premiers à m'offrir leur amitié sans restriction. Toute ma force d'aujourd'hui me vient d'eux.
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Le Challenge
RomanceLors d'une soirée, Gabriel répond à un gage lancé par ses amis : il doit embrasser un homme, un parfait inconnu pour relever le défi. Il le remporte mais sa cible, Thomas bel hétéro, n'apprécie pas du tout la plaisanterie. Deux semaines plus tard...