Chapitre 30 - La dispute

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Après ces derniers jours idylliques, le désenchantement est complet ce matin. C'est sans s'adresser un seul mot que nous nous rendons au travail, après notre première véritable dispute. La raison en plus est stupide : tout est parti d'une broutille. Mais, le feu de paille s'est brusquement transformer en un incendie incontrôlable. Nous voilà donc aussi silencieux qu'une tombe dans l'habitacle de la voiture : jamais le trajet pour se rendre au travail ne m'a parut aussi long.

Tout ça parce que je lui ai dis que je rentrais à mon appartement ce soir pour relever le courrier et reprendre des affaires et que j'y passerais donc la nuit :

- Je ne comprends pas. Pourquoi tu t'entêtes à garder ton appartement ? Tu dis que tu m'aimes, mais tu continues à payer un loyer alors qu'on vit pratiquement ensemble maintenant. C'est comme si, tu te laissais une porte de secours au cas où ! Je n'ai rien dit jusqu'ici, seulement à présent, j'avoue que ça m'énerve un peu. Si tu voulais me faire comprendre que tu ne crois pas en notre relation, tu ne pourrais pas mieux t'y prendre ! Indique Thomas, passablement agacé.

- T'exagère ! Il faut que tout soit blanc ou noir avec toi. T'es au courant qu'il y a d'autres nuances possible entre les deux ? C'est rien qu'un appartement, je ne vois pas pourquoi tu te formalises autant !

- Oh pardon, d'avoir des avis aussi tranchés et de savoir ce que je veux dans la vie, moi !

- Et t'entends quoi par-là ? Tu sous-entends que je ne sais pas prendre de décisions ?

- Ah si, si, tu prends des décisions, il faut juste que la Terre s'arrête de tourner le temps que tu réfléchisses !

- Et c'est toi qui me dit ça ! T'es sacrément gonflé, « Monsieur laisse-moi un mois pour réfléchir » !

- Aoutch, ça c'est un coup bas ! En attendant, depuis, je crois que je t'ai largement prouvé que je sais parfaitement où j'en suis : « Monsieur je garde mon appartement au cas où je changerais d'avis » !

- Je retourne chez moi ce soir, le sujet est clos pour le moment. On va être en retard, je t'attends à la voiture.

- Parfait ! T'as raison, c'est finalement une très bonne idée !

L'ambiance entre nous ne peut pas être plus glaciale qu'elle n'a été toute la journée. En poussant la porte du 5e ce soir-là, je suis encore bien remonté contre lui et peut-être un peu contre moi aussi. Assis sur mon canapé, balayant le salon du regard, je reconnais que je considère de moins en moins cet appartement comme étant mon chez moi. A-t-il raison de penser que je le garde parce que je suis indécis, ou parce que j'ai peur ? Ai-je peur à ce point de m'engager sans regarder en arrière, sans filet de protection ? Après mes parents, les seules personnes à qui j'ai accordé ma confiance sont Eléonore et mes amis et puis il y a eu Thomas...

J'ai peut-être été un peu dur avec lui finalement. Il a raison sur un point, il sait exactement où il en est et ce qu'il veut alors que moi, je reste sur le palier de la porte hésitant encore à la franchir.

Dans mon lit vide, les yeux fixés au plafond, je réalise une chose, mon chez moi, ce ne sont pas ces quatre murs, ce n'est pas non plus sa maison. Non, mon chez moi, c'est Thomas.

*

Toute trace de colère s'est évaporée le lendemain. Je suis cependant déçu de ne trouver aucun message de sa part. Bon, honnêtement, je ne lui en ai pas envoyé non plus. Je me ressaisis, je vais le voir tout à l'heure au travail. Je suis à présent plus optimiste : cette dispute m'aura au moins permis de réfléchir. J'ai hâte de le retrouver et de lui parler.

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