Chapitre 6 - Un sauveur inespéré

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Mes échanges téléphoniques avec Alexandre balayent mes doutes mais pas dans le bon sens malheureusement. Il prend garde à ne rien laisser paraître dans ses réponses à mes questions par mail mais de temps en temps, il m'appelle sur ma ligne directe. Tout n'est que sous-entendu alors dans sa façon de me parler et il flirte avec moi bien plus ouvertement malgré mes tentatives pour réorienter nos conversations professionnellement. Faire en sorte de ne pas entrer dans son jeu et lui répondre poliment me fatigue bien plus que le travail en lui-même.

Je bosse déjà depuis une semaine sur son dossier et il me donne vraiment du fil à tordre dans tous les sens du terme. Ce soir, c'est la première fois que je sors du boulot aussi tard voulant avancer à tout prix pour me débarrasser de lui au plus vite.

Comble de malchance, le dernier bus vient de me passer sous le nez. Je suis bon pour une marche de quarante minutes pour rentrer chez moi. Je suis crevé, j'ai faim et puis j'ai froid. Je n'ai pas pris de veste en partant ce matin, je n'avais pas imaginé rentrer si tard.

Je marche comme un automate depuis dix bonnes minutes quand j'entends des éclats de voix droit devant. J'aperçois alors deux gaillards avancer face à moi et vu la démarche, ils ont dû bien arroser leur soirée. Je regarde autour de moi, pas un chat. Super.

Mes cheveux recouvrant mon visage, je fais profil bas quand je les croise mais l'un deux, un quarantenaire mal rasé, m'interpelle :

- Salut mamzelle, dis tu vas où comme ça ?

Je continue mon chemin, tête baissée, sans répondre. Encore un qui me prend pour une nana, va peut-être falloir que je fasse quelque chose avec ma tignasse même si les couper m'est impensable.

Avec un peu de chance, ils en resteront là. Mais non, mécontent de ne pas avoir de réponse, Mal rasé me chope le bras et me ramène à lui :

- Ah ben merde, t'es un mec en fait ! Dis t'as vu c'est un mec. Dit-il en direction de l'autre ivrogne avec des habits débraillés

- Ah ben oui, t'as raison, c'est un mec. Mais s'il ressemble autant à une fille, c'est que c'est p't'être un pédé. Dis, t'es un pédé c'est ça ? M'apostrophe Mal habillé.

Je sens que la situation est mal barrée pour moi. Je ne réponds toujours rien, je suis trop fatigué pour cela et en plus, de toute façon, quoi que je dise cela ne changera rien. Ils ont à présent envie de me chercher des embrouilles, c'est évident. J'espère juste que les deux soulards ne sont pas de véritables homophobes saisissant l'occasion de se défouler.

Je tente de me dégager de la poigne de Mal rasé mais cela ne fait qu'envenimer les choses. Mal habillé se méprend sur mon geste et passe à l'attaque. Il m'assène son poing qui vient m'exploser la mâchoire et me coupe la lèvre. Etourdi par le coup, je m'écroule au sol résigné à en recevoir d'autres alors qu'ils rigolent et baragouinent des phrases incompréhensibles.

Soudain, J'entends des pas s'approcher rapidement et une voix tonitruante les invective, les invitant à un combat plus régulier. Mes deux lascars, surpris, me lâchent brusquement. Ils semblent Jauger leur chance de réussite et, à priori, préfèrent abandonner la partie. Ils repartent donc d'où ils sont venus sans plus insister, grommelant des jurons.

Je suis encore bien sonné quand une grande ombre me surplombe et me dit :

- Tu t'es fait des amis, dis-moi.

Je reconnais cette voix grave immédiatement, Thomas.

- Ouais, j'en manquais un peu. Et donc tu me tutoies maintenant ? je lui réponds.

- Quoi tu ne le savais pas ? c'est le privilège du héros !

Je ricane alors qu'il m'aide à me remettre debout.

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