Chapitre 29 - la curiosité d'Alban

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Quand Thomas débarque au bureau tenant si fermement la main de Gabriel, nous avons tous été très surpris. Son annonce nous a pris totalement de court. Nous avions conscience d'une complicité particulière entre eux, mais jamais, jamais, je n'aurais pu imaginer Thomas tombant amoureux de Gabriel.

On se connaît depuis des années. Thomas a une apparence un peu froide, mais c'est quelqu'un de généreux en réalité. Par contre, il est vrai qu'il n'a jamais été démonstratif dans ses sentiments. Quand il sortait avec Léna, à aucun moment, je ne l'ai vu lui tenir la main ou avoir un geste affectueux envers elle, en tout cas, pas en public. Alors, son comportement, ce jour-là, nous a clairement déstabilisé.

Je n'arrête pas d'y penser depuis. L'image d'eux, main dans la main, tourne en boucle dans ma tête. Ce qui me perturbe le plus, c'est que je réalise que je ne cesse d'y penser, pas parce que cela m'a choqué, mais parce que, sur le moment, je les ai envié. Je les ai envié et je ne comprends pas pourquoi.

A force d'y réfléchir, je sais que ce n'est pas de la jalousie : j'aime Thomas, et Gabriel aussi à présent, mais pas de cette façon. C'est bien de l'amitié que j'ai pour eux. Alors, pourquoi je suis envieux de voir deux hommes se tenir par la main ?

Une tape sur la tête me sort brusquement de mes pensées. Thomas se tient à côté de moi, un dossier à la main avec lequel il vient de me taper :

- Oyé, oyé, Alban est enfin de retour parmi nous ! S'exclame-t-il. Ça fait trois fois que je t'appelle !

- Pardon. J'étais dans la lune. Que veux-tu ?

- Tu es sûr que tu vas bien ? Tu as l'air bizarre. Dit-il.

J'hésite un instant, mais je finis par lui demander :

- On peut discuter dans ton bureau ?

- Oui, bien sûr. Répond-t-il curieux.

A présent dans son bureau, je ne tiens pas en place et exécute des allées et venues. Je ne sais même pas ce que je fais là exactement. Thomas me sort finalement de mes pensées :

- Allez, arrête de tergiverser et crache donc le morceau.

Je tente désespérément de mettre de l'ordre dans mes idées et finis par me lancer sans certitude aucune sur le but de mon interrogation :

- Comment sais-tu que tu aimes Gabriel... Je veux dire sachant que c'est un homme ? Dis-je hésitant.

- Wahou...Je ne m'attendais pas à cela. Répond-il surpris.

- Oui, c'est sûrement déplacé comme question, je le reconnais, mais n'y vois aucune intention malsaine, ni curiosité douteuse...En fait, je me pose pas mal de questions ces derniers temps et vous voir comme ça, ça m'a fait bizarre... Pas dans le sens choqué ou dégouté, tu vois... Je me sens largué, je crois.

- Ok, ok... Soupire-t-il. Comment te dire...C'est un ensemble de petites choses qui mises bout à bout te font réaliser que ce que tu ressens ce sont des sentiments qui surpassent de loin l'amitié. Tu aimes le voir sourire, tu es triste quand il l'est, ton cœur se réchauffe quand il apparaît et se serre quand il va mal, tu ressens un vide quand il n'est pas là. Et puis, tu deviens nerveux à son contact, tu détestes quand quelqu'un l'approche de trop près, tu as envie sans cesse de le protéger et avant même de comprendre ce qu'il t'arrive, tu réalises que tu ne le regardes plus de la même façon, que tu as envie de le toucher, de l'embrasser et de... Enfin, bref, la chose qui finit par t'obséder le plus c'est d'être près de lui, de tout partager avec lui et de savoir qu'il t'aime en retour. Tu as envie de l'avoir pour toi tout seul...Tu sais, ce n'est pas différent que d'aimer une femme, le sentiment est le même, c'est juste que dans ce cas c'est moins dérangeant de partager ton rasoir...

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