Ce n'est plus un simple baiser, il m'embrasse avec une passion que je ne lui soupçonnais pas. Sa langue s'enroule autour de la mienne, elle est comme une vague qui va et vient, tantôt douce, tantôt furieuse. Ses lèvres sont celées aux miennes craignant de rompre le contact.
Son corps est soudé au mien, me pressant contre le mur, m'intimant l'ordre de me soumettre. Ses mains quittent mon visage, descendent sur mes épaules puis glissent le long de mes bras. Elles hésitent un court instant avant trouver le chemin sous mon sweet. Du bout des doigts, il effleure ma taille, remonte le long de mes cotes, parcoure délicatement mon torse. Je ne peux que gémir sous ce touché qui réveille mon corps à présent gourmand. Ses mains prennent de l'assurance, elles glissent sur mes omoplates, caressent mon dos et entourent ma taille, m'étreignant un peu plus contre lui.
Je me dresse sur la pointe des pieds et enveloppe son cou de mes bras pour répondre à sa faim et assouvir la mienne.
Nous sommes brusquement rappelés à la réalité par le vrombissement d'une moto qui passe dans la rue. Nos lèvres se séparent, le souffle haletant et court. Nos regards restent vissés l'un à l'autre comme pour retenir encore un peu ce moment si incroyable. Puis nos corps se quittent, à regret pour moi. Nous restons ainsi, n'osant bouger mais sachant le charme rompu. Je suis le premier à baisser la tête, je n'arrive plus à le regarder dans les yeux à présent. J'ai les joues en feu. Je parviens à lui demander timidement :
- C'était quoi ça ?
- Si seulement je le savais moi-même. Répond-il embarrassé.
- On fait quoi maintenant ?
- Je n'en sais absolument rien.
- Bien ...
- Ecoute Gaby, je ne suis pas sûr de comprendre ce qui se passe. Je n'arrive même pas à m'expliquer pourquoi j'ai agi comme ça. Tout ça est confus pour moi.
- Et donc, embrasser un homme, homo de surcroît, ça t'arrive souvent ?
- Gaby, s'il te plait. Sincèrement, je ne sais pas quoi te dire, je n'ai pas réfléchi, c'est arrivé voilà tout.
- D'accord... Je vais retourner voir les autres, ils doivent se demander où nous sommes. Dis-je en lui tournant le dos
- Gaby, ne sois pas fâché contre moi s'il te plait...
Je stoppe net. Je suis brusquement déçu, contrarié, en colère. J'ai maintes fois rêvé d'un moment pareil mais il ne se terminait pas par un « ne soit pas fâché, s'il te plait ». Toujours le dos tourné, les poings serrés, je finis par lui répondre :
- Je suis amoureux de toi Thomas. Pas probablement, pas peut être, pas je pense que, non, je SUIS amoureux de toi. Je commençais tout juste à me raisonner sachant que c'était sans issu et puis je ne voulais surtout pas perdre ton amitié. Et là, tu débarques, tu me traînes jusqu'ici, tu m'embrasses comme si ta vie en dépendait et tu me demandes de ne pas être fâché contre toi ! Tu sais quoi, va te faire foutre !
Je sors de la ruelle, sans me retourner, le laissant cloué sur place.
*
Je regagne le bar, furieux contre moi-même d'avoir céder aux chants des sirènes et contre lui, d'avoir agi sans réfléchir. Je m'excuse auprès des autres prétextant être fatigué pour rentrer. Chris n'est pas dupe et me chuchote « on s'appelle demain d'accord », j'hoche la tête pour toute réponse. Je croise Thomas en sortant dont le regard m'implore de lui parler mais je passe à côté de lui sans rien dire.
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Le Challenge
RomanceLors d'une soirée, Gabriel répond à un gage lancé par ses amis : il doit embrasser un homme, un parfait inconnu pour relever le défi. Il le remporte mais sa cible, Thomas bel hétéro, n'apprécie pas du tout la plaisanterie. Deux semaines plus tard...