Chapitre 31 - La rencontre

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J'ai posté mon préavis dès la semaine suivante. Il se termine dans huit jours. Il ne reste plus grand-chose à déménager dans mon appartement, ayant fait déjà plusieurs navettes le soir et les week-end. De nouveaux locataires, un jeune couple, doivent y emménager dès que j'aurais remis les clés.

Installer mes affaires chez Thomas a été assez épique : c'était comme passer de la télé noir et blanc à la couleur, en désorganisant ainsi son monde si ordonné et pragmatique. A côté de sa déco plus classique, trônent à présent, figurines de BD ou d'animés célèbres, mangas haut en couleur, vinyles et ses murs se sont habillés de tableaux de jeunes artistes issus du street art ou du milieu LGBT.

Même s'il se fait à ce bouleversement, je le surprends parfois le matin à observer son salon comme s'il avait oublié son nouvel arrangement. Chaque fois, alors, après une seconde d'étonnement, je le vois sourire de contentement.

*

Je vais prendre un verre avec Chris ce soir, j'avais été tout excité de lui annoncer mon déménagement au téléphone. Je ne m'attendais pas à ce qu'il avait alors à me révéler à son tour. Il a donc fini par m'avouer timidement qu'il sortait avec Alban depuis trois semaines. J'avais enfin une explication sur les regards ennuyés d'Alban au travail : Chris tenant à m'annoncer lui-même la nouvelle, Alban avait eu du mal à se comporter normalement avec moi. Depuis, je ne manque pas de le taquiner de temps à autres.

Une bière à la main, je lance la première charge :

- Alors, raconte ! Tu m'avais dit que vous n'étiez que des amis. Comment s'est arrivé ?

- C'était le cas, au début... J'ai bien aimé Alban dès le départ, ensuite, à force de passer du temps avec lui, les sentiments se sont installés, mais je ne voulais pas les voir. Je ne voulais pas connaitre à nouveau la déception, alors je me suis menti à moi-même, prétextant ne ressentir que de l'amitié pour lui.

- Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?

- Lui, il m'a fait comprendre qu'il ne me voyait plus comme un simple ami. J'avais franchement la trouille. Et puis en pensant à toi, ce que tu as vécu ces derniers temps, à l'évolution de ta relation avec Thomas, j'ai réalisé que la peur n'évitait pas le danger comme on dit.

- Et alors, comment ça se passe ?

- On prend notre temps. On ne se promet rien. On discute beaucoup, il n'hésite pas à me parler de ses craintes, j'en fait de même. On avance comme ça, petit à petit et ça nous va.

- Je suis heureux pour toi. Alban est un homme bien.

- Bon et toi alors ? Pas de regrets ?

- Non, aucun ! Par contre, il y a un hic...

- Ah ? Tu as enfin trouvé un défaut dans l'armure de ton valeureux Thomas ?

- C'est ça moque-toi... Il veut me présenter à... ses parents...

Il pousse un sifflement de compassion et reprend :

- Ah oui, il tape dans le sérieux là ! Tu le sens comment ?

- Aussi bien qu'installé dans une guillotine... Je ne suis pas prêt, du tout... Et si je ne leur plais pas ? Ils attendent d'accueillir une belle-fille, d'avoir ensuite des petits-enfants et ils vont se retrouver avec...moi...

- Je ne sais pas quoi te dire, à part d'avoir confiance en Thomas. S'il a décidé de te présenter à eux, c'est qu'il est prêt à le faire. Et puis, on peut difficilement faire pire que les tiens !

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