Prologue

227 16 3
                                    

Des lettres. C'était le seul moyens que j'ai trouvé pour lui dire. Lui dire ce qui m'est arrivé... Je n'arrive pas trop à savoir ce qui est le plus dur entre les écrire ou te les faire lire.

Papa, je sais que tu vas te haïr de n'avoir rien vu. Mais j'ai tout fait pour, je souriais et je disais « oui, je vais bien » alors que je hurlais intérieurement. Seulement aujourd'hui je n'en peux plus. Je n'en peux plus de me cacher derrière ce sourire.

Pardonne-moi. Pardonne d'avoir gardé sa pour moi, de n'avoir rien confié, mais je me disais que peut-être que si je ne disais rien alors sa irait. Mais dès l'instant où mes paupières se ferment je revis ce moment...

- Le viol est acte punit par la loi, nous avons retrouvés des vidéos de caméra surveillance et l'homme était déjà fiché. Vos lettres aident déjà mais pour qu'il soit emprisonné nous avons besoin de votre témoignage devant le juge.

Ce sont les paroles de l'avocat qui me sortent de ma rêverie, ou de mes cauchemars...

- Dans un tribunal ?

- Oui, je sais que sa peut être compliqué mais sans ça, je crains qu'il n'écope pas de la peine qu'il mérite.

Je regarde mes mains puis autour de moi. Papa a pris un des meilleurs avocats de la ville ce qui est une bonne chose, aussi intimidante soit-elle.

Me retrouver seule devant cet homme, devant plusieurs personnes qui vont m'écouter parler et juger ce que je raconte, devant des inconnus. C'est flippant, trop flippant. Pourtant je n'ai pas vraiment le choix, je veux que ma vie change. Il est temps que sa change.

J'ai le droit au bonheur, on a tous plus ou moins droit au bonheur. J'ai besoin du mien.

Je tourne finalement mon regard vers les yeux gris de mon père, il me regarde de son regard protecteur. Au moins il est là avec moi, alors je me sens plus forte.

J'attrape le médaillon à mon cou et je suis maintenant avec mes deux parents, mon père assit juste là à côté de moi et ma mère que je porte autour du cou. Je suis forte, je vais y arriver je vais traverser cette épreuve aussi dur et éprouvant soit-elle.

- D'accord, je peux faire ça.

- Parfait. L'audience aura lieu ce samedi, je préfère vous prévenir que des tas de choses seront évoquées. Beaucoup de détails seront rendus à l'oral. Autrement dit, beaucoup de choses risquent d'être dur à entendre.

- C'est au moins sûr qu'il va payer ?

- Avec son passif et le dossier que l'on a contre lui, c'est même certain.

Je fixe l'homme au cheveux grisonnant qui a l'air d'être fait de marbre et essaie de calmer ma respiration. Depuis qu'on est entrée ici je suis tellement sûr les nerfs que j'ai l'impression de faire une crise d'asthme non-stop.

- Sa ira.

- Je vous remercie et à samedi.

On se lève, l'homme serre la main à mon père puis à moi et nous finissons par sortir. Une fois dehors j'ouvre un bouton de mon chemisier et inspire un grand coup l'air frais de Montréal.

Ça va enfin être le moment ? Vraiment ? Je vais enfin me sentir libre dans ce monde devenu étranger ?

À moi la liberté !

Cher papa //TERMINE// Où les histoires vivent. Découvrez maintenant