Tribunal J-J

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Le juge prends place à son siège puis je le vois. Je le vois arriver par une parte au coin de la pièce, il porte un costume noir simple, on pourrait le confondre avec un homme d'affaire ou autre... Moi ce que je vois c'est le monstre qui m'a détruite.
Automatiquement je ressens ce goût de sang dans ma bouche, une bille dans la gorge et cette horrible boule qui prend à l'estomac.

Autour de moi tout a disparu, plus rien n'existe, je revois cette soirée défilée un million de fois devant mes yeux en quelques secondes simplement. Je revois tout dans les moindres détails. Le moindre petit geste, la moindre respiration... rien n'y échappe. Même après six mois tout est toujours intacte dans mon esprit, rien n'a changé. Comme s'il avait gravé cette nuit à l'encre indélébile...

Il prend place à sa table accompagné de son avocat tandis que toute l'assemblée reste debout. Je vous en supplie, faites que cela passe vite.

- Mesdames. Messieurs. Vous pouvez vous assoir.

On prend tous places sur nos sièges en silence, j'ai presque l'impression d'être à l'église et d'écouter un prêtre nous faire lever et assoir en boucle comme si on était des petits chiens.

- Nous sommes ici concernant l'affaire qui oppose mademoiselle Laurens Davina face à monsieur Siller Alberto. Maître Valdgner pouvez-vous rappeler les faits à la barre.

Je vois mon avocat se lever, repasser sa veste puis se diriger vers l'espace vide devant nous.

- Monsieur le juge, les jurés. Il y a six mois ma cliente est partie en week-end avec sa meilleure amie, comme toutes les adolescentes elle pensait s'amuser et passer une bonne soirée. À cet soirée elle a fait la rencontre d'un serveur, ce même serveur qu'elle a revue quelques heures plus tard dans la rue. Elle a refusé ses avances mais sa n'a pas suffit pour qu'il s'arrête là et rentre tranquillement chez lui.

Plus j'entends le récit de mon avocat, plus le rappel des faits est évoqué, plus je suis replongée dans mes ténèbres.

- Elle a subit un viol consentent selon le code pénal, seulement son consentement n'est apparue que pendant l'acte. S'en suit les faits que monsieur Siller a laissé ma cliente dans la rue, traumatisée et nue pour morte. Par la suite elle a simplement agit comme si de rien n'était avant d'écrire des lettres à son père, c'était pour elle un moyen de se sentir plus libre. Les lettres ont pu être des preuves pour la plainte qu'elle a ensuite déposé et l'enquête nous a mené à une caméra de surveillance où l'on voit clairement une partie des faits. Et maintenant nous voilà dans cette salle pour juger si notre criminel est coupable ou non.

Mon avocat est extrêmement calme, il doit avoir l'habitude, je pense même que pour lui sa ne soit qu'une routine. Actuellement, pour ma part je dois résister avec chaque fibre de mon corps pour ne pas m'effondrer. Je ne suis pas forte, je suis juste détruite et irréparable.

- Merci maître Valdgner.

Mon avocat reste au centre de la pièce puis se tourne vers moi.

- Mademoiselle Laurens, pouvez-vous venir à la barre ?

Je regarde rapidement autour de moi, je suis tétanisée et c'est seulement après quelques secondes que je finis par me lever et avancer. Je m'assoie sur le sièges derrière là fameuse barre en vieux bois. Je suis tout pile face à face avec lui, son regard est flippant et à aucun moment il ne le détourne.

Je sais ce qui va suivre, je sais que ça va être dur. Je ferme mes yeux avant de les rouvrirent pour regarder mon avocat.

- Mademoiselle, pouvez-vous confirmez les propos que j'ai énoncé précédemment ?

- Oui.

- Et pouvez-vous nous dire que vous vous souvenez bien de tout ce qui est arrivé ce soir là ?

- Oui.

- Que ressentez-Vous à l'heure où nous parlons ? Est-ce que vous souffrez toujours de cette soirée ?

Je souffle encore un coup, mon cœur bat si vite que j'ai l'impression de redécouvrir son existence. Je peux le faire, sa va passer vite.

- Oui, j'en souffre toujours. J'y pense, constamment. Sa me suis partout, à chaque secondes qui passent j'ai l'impression horrible de revivre cette soirée, j'ai l'impression de ne plus vivre.

- Merci.

Il se tourne vers le juge et le bruit d'une chaise qui grince me fait détourner le regard. Je vois son avocat qui était à ses côtés me regarder.

- Monsieur le juge, j'aurais une question pour mademoiselle.

- Je vous en prie.

Mon avocat retourne s'assoir tranquillement, vraiment je me demande comment il peut rester aussi serein. J'ai l'impression que je peux tomber dans les pommes à n'importe quel moment.

- Mademoiselle, vous avez bien dit qu'à un moment donné vous avez accepté ce qu'il vous arrivait ?

- Oui.

- Vous étiez donc consentante.

- Par obligation.

- Mais, vous pouviez lutter jusqu'au bout. Ou vous avez simplement pris plaisir à ce qu'il vous arrivait.

- OBJECTION !

Mon avocat se lève et le juge détail du regard toutes les personnes de la salle.

- Objection rejeter. Continuer.

Je vois le regard de mon avocat changer mais, il reste d'un calme olympien. Mais comme on dit, les vieilles habitudes ont la vie durent. Mes poings sont serrés sur mes jambes et la douleur que je m'inflige a le mérite de me faire paraître calme.

- Je n'ai pas pris plaisir, j'ai subit.

- Alors pourquoi l'accepter ?

- Parce que rien ne jouait en ma faveur. J'étais seule, dans une ruelle à l'écart de tout, il... il me maintenait tellement que j'en avait mal. J'avais beaux hurler de toutes mes forces c'est comme si rien ne pouvait me sauver. Alors j'ai fermer les yeux et j'ai subit.

C'est dur, trop dur... être face à lui, face à son avocat, face à toutes ses personnes. Je n'ai jamais demande ça, je n'ai jamais choisi ça. J'étais une ado banale qui faisait une sortie avec sa meilleure amie... Une sortie qui est passé du rêve au cauchemar quand y pense.

- Et vos lettres ? Pourquoi attendre autant de temps ?

- Parce que je pensais avoir encore du temps.

Cher papa //TERMINE// Où les histoires vivent. Découvrez maintenant