Désolé pour le retard, je vous met deux chapitres pour me faire pardonner.
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Chapitre 23PDV Aicha
Nous sommes samedi et une fois par mois, Ndeye Fatou organise un déjeuner où tous ses amis viennent, c'est-à-dire Samira, Sira et leurs maris, moi, Khader.
Vu que je suis la plus proche de chez elle, je l'aide à cuisiner donc très tôt je pars chez elle. Je marchais tranquillement quand j'entends quelqu'un m'appeler, je me retourne et vois Djibril dégoulinant de sueur courir vers moi. Quand il arrive à mon niveau, il s'arrête et me dit en haletant :
-Bonjour
Il me faut tout le courage du monde pour empêcher mon regard de parcourir son corps et le regarde dans les yeux.
-Bonjour Djibril.
-Tu pars où très tôt ?
-Je vais chez les Ndoye pour aider Ndeye Fatou à cuisiner. Elle fait un déjeuner où elle invite ses amis.
-Oui elle me l'a dit, elle nous a aussi invité.
'Nous' veut dire lui et Oumou bien sûr. Ça fait deux semaines qu'ils sont là et ils passent la semaine au bureau à bosser comme des dingues. Je me retrouve chaque soir avec les jumeaux jusqu'à ce qu'ils reviennent et ça se fait à partir de 21 heures. Les jumeaux font perdre la tête à la nounou. Oumou je ne l'ai même pas encore vu et c'est tant mieux comme ça.
-Tu pourrais passer à la maison demain je vais te faire ton fameux N'dappa.
-Je te remercie mais je ne voudrais pas te fatiguer, on a déjà tout ce qu'il nous faut chez nous. Et puis, il y a Oumou qui cuisine à chaque fois qu'elle peut.
-Hum. Lui répondis-je en faisant une grimace avec mes yeux, c'est bien.
Il me sourit et remet ses écouteurs dans ses oreilles.
-Bonne journée Aicha, à ce soir !
Il tourne les talons et continue son chemin en courant, je le regarde s'éloigner avant d'aller chez Ndeye Fatou. Ça me fait quelque chose de le voir limite s'en foutre de moi, c'est comme s'il ne me saluait que par obligation. Il ne cherche même pas à me voir alors que je suis à deux secondes de chez lui. Je comprends qu'il ait beaucoup de boulot mais même les week-ends il ne fait pas d'effort. Les rares fois où on se voit c'est quand Ndeye Fatou vient chercher les petits chez moi et souvent il est devant la porte en train de rentrer chez lui, il me fait un bref et sec 'Bonjour' et ça y est c'est fini. Moi je sens que je vais éclater bientôt, cette situation est un peu difficile pour mon pauvre petit cœur.
Avec Ndeye Fatou, on fait beaucoup de plat avec du jus de Bissap, du gingembre, des gâteaux et du tchiakiri. Ça sentait tellement bon que j'avais envie de commencer à bouffer maintenant.
-Djibril m'a dit que tu l'as invité avec Oumou.
-Oui. J'espère que tu n'as pas de problèmes avec ça ?
-Pas du tout c'est bien même je crois. En fait je n'ai pas encore vu Oumou depuis là.
-N'oublie juste pas ce que je t'ai dit, ignore-la !
-D'accord.
-Va te laver maintenant, tu pus la cuisine et bientôt ils seront là.
-Tu me dis ça parce que je t'aide.
Je rentre chez moi, je prends une bonne douche et quand je sors je vois mon téléphone sonner et c'est Khader. Depuis la dernière fois je ne lui parle que brièvement avec lui, il a essayé de s'excuser maintes fois mais à chaque fois je le remballe. Il faut que je le fasse comprendre que les foutaises ne marchent pas avec moi.
-Allo
-Salut !
-Oui comment tu va ?
-ça va. J'aimerais qu'on discute avant qu'on ne parte chez les Ndoye, je ne veux pas qu'il y ait un malaise entre nous là-bas.
J'hésite un moment après je me dis que ça y est, la leçon est comprise. Il est temps de refaire la paix.
-D'accord, je suis chez moi.
-Je suis déjà devant chez toi. Ouvre
Là je ne suis pas habillée et je ne veux pas le faire juste pour lui ouvrir la porte et revenir me déshabiller encore. Je prends une robe de coton blanc qui me sert de pyjama parfois, elle est assez courte et elle est en bretelle puis je sors ouvrir la porte. Et qu'est-ce que je vois ? Khader et Djibril en train de se défier du regard et derrière Djibril il y a Oumou. Je suppose que quand Khader était là à m'attendre, Djibril et Oumou se sont retrouvés à sortir de chez eux et en même temps moi j'ai ouvert la porte. Là on se regarde tous les quatre. Ce n'est pas géniale ça ?
Djibril quitte Khader du regard et me fixe en parcourant mon corps de haut en bas, je me rends compte de l'accoutrement que je porte et je suis soudain très gênée. J'entends Oumou faire claquer ses talons et sortir, nos regards se croisent et on se regarde méchamment ensuite elle roule les yeux et regarde Djibril.
-Dji' On y va.
Djibril ne réagit pas sur le moment, nos yeux se croisent à nouveau et il tourne la tête de droite à gauche avant de souffler et de sortir.
-Il y a des choses qui ne changent pas à ce que je vois. Dit Oumou en me regardant de haut puis elle suit Djibril.
Cette fille si je vous dis que je la déteste croyez-moi moi, rien que voir sa tête a suffi à me mettre en colère en cette journée que pourtant je ne devais pas.
-Tu me laisse entrer ? Me demande Khader, je me rends compte que je regarde toujours la porte fermée d'en face
-Oui bien sûr, Je m'efface de la porte et il entre puis je la referme.
-Je vais aller m'habiller.
J'entre dans la chambre et souffle un bon coup avant de me préparer. Je prends un caftan marocain de couleur gris avec des broderie super jolie de couleur noire. Je sèche les cheveux que j'avais lavé, les peigne et avec le foulard qui accompagne le caftan, je fais remonter mon chignon en me servant du foulard comme serre tête. Je prends ensuite des sandales noires, un peu de gloss, un trait d'Eye liner et c'est bon. Je prends mon téléphone et sors au salon pour trouver Khader en train de faire les cents pas. Quand il me voit, il s'arrête et me fait face
-Tu comptais me dire quand que ce type était là, juste en face de chez toi ?
Et voilà, c'est reparti pour un tour de disputes à cause de Djibril.
-Tiens laisse-moi réfléchir... Jamais.
-C'est pour ça que tu m'envoyais balader pendant tout ce temps ? Parce qu'il y a ce type-là juste en face qui te fait passer du bon temps et ça t'arrangeais bien que les choses partent en cacahuète entre nous.
-Khader franchement tes crises de jalousie commencent à me saouler. Je suis obligée de te dire tous ce qui se passe dans ma vie ? Oui Djibril il est là juste en face, à deux pas de chez moi, et alors ? Ce n'est pas moi qui l'ai envoyé ici ni rien ? Si tu veux demander des explications à quelqu'un va demander à Cheick c'est son appartement.
-Je suis prêt à parier que c'est toi qui le lui as demandé. Depuis le début tu me prends pour une roue de secours pour combler son vide et maintenant qu'il est là ça y est, la roue de secours peut aller se faire foutre.
-Je pensais que tu étais venu pour qu'on discute avant le diner mais je vois qu'au lieu de discuter on se dispute et j'en ai marre. Moi je m'en vais, quand tu daigneras me rejoindre, tu me donneras ma clé.
Je le plante la et sors en claquant la porte. Ce qui m'énerve ce ne sont pas la cruauté de ses paroles mais leur véracité, ce qu'il me dit c'est exactement ce que j'ai l'impression de faire et ça me déplait énormément. Oui, au début je voulais vraiment faire du sérieux avec lui, reconstruire ma vie auprès de lui et j'aurais pu si Djibril n'avait pas encore déboulé dans ma vie. Maintenant comment pourrais-je alors que l'homme pour qui bat mon cœur se trouve juste à côté ? Djibril je l'ai dans les entrailles, j'ai peur d'être comme ses malades mentales qui aiment jusqu'à en faire une obsession, surtout qu'en Ndeye Fatou m'a expliqué qu'à l'hôpital alors que j'étais inconsciente je disais son nom, franchement je trouve que mon petit cœur en fait trop. J'ai les idées en place jusqu'à ce que je le voie, mes honorables résolutions avec Khader sont au fond de l'océan atlantique en train de se noyer et quoi que je puisse me dire ça ne marchera pas entre Khader et moi. Me dire le contraire ne serait que des mensonges et je suis le genre de personne qui n'aime pas se mentir, j'exprime ce que je ressens à moi-même et ensuite à qui veut l'entendre.
Je sais aussi que je risque de me casser les ailes, avec Djibril c'est peu probable que ça arrive, c'est sûr que même s'il m'aimait c'est le passé, là je suis presque certaine qu'il est passé à autre chose même s'il y a aucune autre femme dans sa vie surtout pas Oumou, mais il est quand même passé à autre chose. La preuve depuis qu'il est là il ne cherche même pas à me voir, il m'avait clairement dit qu'il abandonne. Là je suis dans un dilemme, quitter Khader à cause d'un homme qui n'a rien à faire de moi ou rester avec lui tout en sachant que je ne l'aime pas. Dans l'un ou dans l'autre des cas je ne serais pas heureuse. La seule chose qui va me rendre heureuse en ce moment c'est d'être avec Djibril et ça ne risque pas d'arriver. Pauvre de moi.
Quand j'arrive chez les Ndeye Fatou, je trouve déjà que tout le monde au salon et la discussion est animée. Les gens sont habillés simplement avec des pagnes et des sandales sauf Oumou qui porte des petits talons alors qu'elle est déjà grande de taille. Franchement je sais que je n'aime pas cette femme mais il faut reconnaitre qu'elle est magnifique et son voile la rend encore plus belle. Avec sa taille on la regarde deux fois avant de regarder les autres. Dommage que son cœur soit tout le contraire de sa beauté.
-Uhum ma femme tu es magnifique mach 'Allah, s'il n'y avait pas Khader c'est sûr que je n'allais pas te laisser toi. Me dit le mari de Sira. C'est le plus drôle de tous, il est toujours là à faire des blagues
-Il ne faut pas faire que Sira me renvoie s'il te plait, c'est ma patronne.
-En tout cas dit lui dhe, répond cette dernière.
Tout le monde rigole avant que Cheick ne rajoute.
-Je pensait que Khader était avec toi
-Oui il arrive, il est juste derrière.
Je m'assois à coté de Ndeye et des coups de regard échangés entre fille nous fait tous lever pour aller dans la cuisine pour faire affairage.
-Sira : Ce n'est pas elle la fille avec qui tu t'es battu l'autre fois ?
-C'est elle-même. Wallah j'ai l'impression de ressembler à une araignée, tu as vu comment elle est belle ?
-Samira : Belle ou pas moi je te dis le jeune homme à coté là c'est toi qu'il regarde.
-Non arrêtes, comment il peut me regarder quand il l'a elle à son bras.
-Ndeye Fatou : Toi tu ne vois pas hein, depuis que tu es là il ne cesse de te lancer des regards au coin et Oumou est morte de jalousie c'est pourquoi elle parle pour se faire remarquer.
-Oh arrêtez de me dire ça, vous aller faire fondre mon cœur surtout que y a Khader qui arrive. Il va me cramer à mille lieux.
-Samira : La quand même tu as raison hein, tu ne sais pas cacher tes sentiments c'est grave.
-Je te jure et ça me coute tellement chère. Regardez comment il est beau Djibril, pourquoi il ne peut pas être à moi ?
-Sira : Pauvre Khader, s'il savait que tu rougis à cause d'un autre homme ici.
-Vraiment, j'ai l'impression d'être la méchante de l'histoire. Quand on dit que nous les femmes on n'aime jamais ceux qui nous aiment j'en suis la preuve vivante.
-Ndeye Fatou : Les filles il ne faut pas faire jalousie pour Aicha ici, soyez cool parce que je travaille avec l'autre là. Même si elle m'énerve je n'y peux rien.
-Samira : t'inquiète on sera cool.
On retourne au salon et je vois qu'entre-temps Khader est venu et il participe à la discussion qui tourne autour de la politique. On se rassoit chacun à sa place et les autres filles participent aussi de temps à autre pour donner un simple avis mais Oumou elle est dedans, on dirait qu'elle veut montrer qu'elle est instruite. Moi honnêtement je n'y connaissais rien et je n'avais pas envie de mettre ma bouche dans une discussion où elle participe donc j'étais sur mon téléphone. Je vous dis ma haine est trop grande.
On décide de passer à table, on s'assoit et je me retrouve assise à côté de Khader et Oumou et Djibril en face de moi. Khader me lançaient des regards mais je ne lui accordais même pas de l'importance. Oumou se met à servir Djibril en me lançant des sourires hypocrites de temps à autre, je l'ignore et me concentre sur mon assiette.
-Moi je vous dis les guinéennes son belles hein, je connaissais Aicha mais Oumou, c'est autre chose Mach'Allah. Recommence le mari de Ndeye Fatou
Dans ma tête : Merci de dire qu'elle est plus belle que moi
-Merci beaucoup. Réponds Oumou en souriant
-Vous êtes mariés tous les deux ? Continue le mari de Samira en s'adressant à Djibril et Oumou
Sans le vouloir, je pouffe de rire, Oumou me regarde en roulant les yeux
-Non pas encore, réponds-t-elle
Dans ma tête : Tu veux dire jamais oui.
-En parlant de mariage Khader et Aicha c'est quand le vôtre ? On vous voit vous tourner au tour pendant un an maintenant, on est fatigué.
Mon sourire disparait aussitôt, je me racle la gorge pour répondre mais Khader me devance
-Bientôt t'inquiète. En parlant de ça, Djibril, Aicha m'a dit que toi tu connais où est son père et son frère est ce que tu peux me passer le numéro de l'un d'entre eux pour que je puisse officiellement leur demander sa main ?
Mon cœur commence à battre à toute vitesse, je lève les yeux et mon regard rencontre celui de Djibril pour la première fois en cette soirée, je le vois contracté sa mâchoire deux fois avant de répondre.
-Oui je pourrais mais il faut qu'Aicha leur parle d'abord tu ne crois pas ?
-On en a déjà parlé et elle est disposée à renouer le contact, n'est-ce pas chérie ?
Non mais à quoi il joue ? A quel moment je lui ai dit ça et qu'est ce qui le prends d'exposer ma vie ainsi devant tout le monde ? Maintenant tout le monde sait que je ne suis pas en de bons termes avec ma famille.
-Khader tu peux venir une minute avec moi.
Sans un mot, je me lève et sors, il m'emboite le pas et quand on est assez loin je me tourne et lui dit :
-Non mais qu'est ce qui te prends ? Qui t'a demandé d'exposer ma vie ainsi devant tout le monde ?
-Quoi ? je n'ai fait que demander à Djibril de...
-Tu ne lui demande rien du tout avant que je te donne la permission, c'est ma famille et tu ne parles à aucun d'eux sans mon autorisation c'est compris ? Ma vie tu ne la racontes pas aux gens et les mensonges tu arrêtes ça tout de suite.
-Je n'ai rien fait de mal pourtant. Ce qui t'énerves c'est le fait que j'ai demandé ça ou que Djibril soit au courant que je veux demander ta main ?
-Je ne vais même pas entrer dans ton délire. Je te préviens, ne me refais plus jamais ce coup.
Je déteste ce que Khader vient de faire, il vient de me mettre en plein dans le visage le fait que j'ai tourné le dos à mon frère et à mon père, il n'avait pas le droit, je ne lui ai pas raconté ça pour qu'il parte le dire au gens. J'ai trop la haine.
Je reviens m'assoir à ma place suivie de Khader, je continue à manger en piquant dans mon assiette, je ne lève même pas les yeux. La discussion tourne maintenant autour de la polygamie, les hommes la justifiant et les femmes la condamnant comme d'habitude.
-Ma chérie ça va ? Me demande Khader au bout d'un moment en me prenant la main. Je la retire aussitôt et l'incendie du regard
-Ne me touches pas !
L'incident passe inaperçu pour la plupart des gens sauf Djibril et Oumou qui ont tout suivi, en faite depuis que je suis revenue ils ne font que nous regarder.
-Tu n'a pas répondu à la question de Khader tout à l'heure ma chérie.
C'est Oumou qui vient de me dire ça avec un sourire narquois sur le visage.
-Je ne penses pas qu'elle veuille y répondre, me défends Djibril
-Mais si, dis-nous ma chérie, je voudrais être invitée au mariage aussi.
-Je ne pense pas que tu figureras parmi les invités donc ne cherche pas à savoir.
Un ange passe, tout le monde à les yeux braqués sur nous. On sentait l'amertume dans ma voix.
-Je ne savais pas que tu avais de la famille, vu comment tu te pavanes de ville en ville. Je veux dire moi je t'ai connu jeune. A cet âge une fille normale serait chez ses parents pas libertine.
Je la foudroie du regard, je commence à trembler de tout le corps tellement je suis énervée, mais je me retiens, je ne veux pas gâcher un aussi bon repas avec tous les efforts que Ndeye Fatou a fait.
-Ah donc vous vous connaissez depuis longtemps ? Demande le mari de Samira
-Oui depuis fort longtemps, n'est-ce pas Aicha. En ce moment tu courrais derrière Djibril et...
-Oumou ça suffit. L'interrompe Djibril.
-Quoi ? Je ne fais que lui poser des questions. Je disais que quand je t'ai connu tu fumais, tu buvais et tu servais dans un bar et là j'apprends que tu as de la famille c'est juste bizarre.
Un silence de mort s'installe, tout le monde me regarde avec les gros yeux l'air de se demander si tout ça c'est vrai et vu la manière donc je suis pétrifiée sur place incapable de riposter, je lui donne raison.
-Oumou ça suffit je dis, plus aucun mot
Je commence à respirer toujours bruyamment, j'ai la haine et c'est sûr que j'ai les yeux éjectés de sang, j'essaie de me maitriser, je respire, je respire, je ravale ma salive, je ferme les yeux et je pense à ce beau diner qu'il serait vraiment dommage de gâcher si je laisse libre cours à mes démons intérieurs.
-Oumou, je te pardonne pour aujourd'hui.
C'est tout ce que j'ai eu à dire avant de me lever et de sortir. Je rentre chez moi une fois dans mon lit je laisse libre cours à mes larmes. Je ne pleure pas parce que j'ai mal où que j'ai honte, je pleure parce que je n'ai pas pu m'exprimer comme je le souhaite, je respecte trop les gens qui sont à côté. Mon passé je n'ai aucunement honte de lui, c'est lui qui me définit, je ne l'ai pas relevé à mon entourage parce que c'est mon passé, j'ai décidé de le laisser là où il est et de tourner la page. Les jugements à tout bout de champs j'en ai tellement connu que je ne crois plus que ça m'affecte. Oui j'ai fumé, oui j'ai bu et alors ? Est-ce que ça veut dire que je suis une mauvaise personne ? Est-ce que l'on doit me le rappeler toute ma vie comme si j'avais commis un crime ? Si chacun s'occupait de ses affaires le monde se porterais beaucoup mieux.
Je ne suis pas le genre de personne qui aime les disputes ou les bagarres, je suis de nature très calme et réfléchi. Je réfléchi à deux fois avant d'agir comme tout à l'heure. Mais là croyez-moi, je suis à bout de nerfs, je ne peux plus rester calme face aux affronts de cette fille et ce qu'elle vient de faire ne croyez pas que je pardonne, non loin de là. Elle va me le payer et de la pire des manières je vous le promets.
PDV Oumou
Juste après qu'Aicha soit parti, un silence de mort s'installe autour de la table, je souris dans mon cœur fier d'avoir révélée son secret à toutes ces personnes qui la prennent pour la parfaite petite personne. J'ai compris que ces gens ne connaissaient rien d'elle quand j'ai vu leur expression lorsque Khader a parlé de sa famille à Djibril. Depuis qu'on est à Dakar, je sens Djibril ailleurs, il n'y a que le travail qui le garde concentrer. Malgré qu'on soit dans la même maison, qu'on passe presque nos journées ensemble, il est distant. Il ne me parle que de boulot et refuse même que je cuisine, on mange fast-food sur fast-food. Il me considère comme une collègue et il fait tout pour que je le considère comme tel aussi. Je crois que j'ai déconné de lui avoir parlé comme ça l'autre fois. Cette idée de décrédibiliser Aicha devant ses nouveaux amis m'est venue dès l'instant où je suis arrivée ici, j'en ai parlé à ma mère et elle était d'accord que je le fasse.
-Oumou, allons-y !
La voix de Djibril me coupe dans ma réjouissance. C'est l'heure d'assumer. Sans un mot, je me lève, on remercie nos invités et on marche pour rentrer. Djibril marche très vite et je dois presque courir pour le rattraper. Il monte les escaliers deux a deux et m'attend à la porte. Quand je rentre, il la ferme et me fait face avec les yeux qui lancent des éclairs.
-Tu es fier de toi ?
-Quoi ? Je n'ai fait que dire la vérité, je ne savais pas qu'elle...
-Arrêtes ça suffit, j'en ai marre de toi et de tes mensonges tu penses que je ne sais pas ce que tu as fait, ce que vous avez fait ?
Son visage devient livide d'un coup et elle commence à bégayer
-Non... m..ais de qu.. quoi tu par...les ?
-Je parles de ce que tu sais. Toi, ta mère, ma mère et mon père. La vidéo, le chantage, les mensonges, les manipulations et j'en passe.
-Djibril...
-Je ne veux plus t'entendre, je le sais avant même qu'on arrive ici. Je ne te l'ai pas dit car ce que ce qui est fait est fait et rien ne pourra changer ça mais ne me pousses pas à bout. Tu es descendue dans mon estimes plus bas que terre depuis longtemps. Aicha, vous lui avez fait du mal alors qu'elle n'a rien demandée et toi tu m'as manipulé pendant 3 ans. Mais je ne t'en veux pas, je m'en veux à moi d'avoir été aussi con à t'accorder ma confiance.
-C'est faux, c'est elle qui te l'a dit ?
-Elle l'a fait mais je ne l'ai pas cru, je ne pouvais pas imaginer que vous serez capable de me faire ça. Il a fallu que je le vois par moi-même.
Sans un autre mot, il sort et s'en va je ne sais où. Je tombe de haut, donc depuis longtemps il connait la vérité mais il l'a caché, je vois maintenant pourquoi il appelle sa mère très rarement et il lui parle sèchement, son père n'en parlons pas et moi il ne me considère même pas.
J'appelle ma mère pour lui expliquer.
-J'espère que tu as fait ce qu'on s'est dit.
-Oui maman c'était un succès, il fallait voir sa tête. Mais on a un problème, Djibril sait ce qu'on a fait à la trainée.
-Comment il l'a su ?
-Selon ce qu'il m'a expliqué, c'est elle qui a mis le doute en lui et après il l'a compris par lui-même. Il est très intelligent.
-Si tu avais réussi à le séduire on n'en serait pas là, je me demande ce que tu as hérité de moi. Tu lui donne au moins le philtre ?
-Oui je le mets dans son café chaque matin mais ça fait deux semaines et il n'y a aucun changement.
-Comment tu veux qu'il y ait du changement si tu ne le séduis pas ?
-Maman il ne s'intéresses pas à moi, je ne peux pas juste venir et le séduire
-Tu va le faire Oumou à partir de tout de suite.
Elle raccroche le téléphone. Je me masse les tempes en me demandant pourquoi j'ai accepté cet arrangement avec ma mère. Il faut que je trouve une stratégie pour le séduire, peut-être c'est ce qui empêche le philtre d'agir. Deux minutes plus tard mon téléphone sonne et c'est un numéro inconnu. Je décroche
-C'est Oumou ?
-Oui, à qui ai-je l'honneur
-Khader.
Je lui ai discrètement filé mon numéro lors du diner tout à l'heure. Il faut être vraiment aveugle pour ne pas voir qu'Aicha n'a rien à foutre de ce type.
-Ah d'accord, qu'est-ce que vous me voulez ?
-Ce que vous avez fait tout à l'heure me pousse à croire que vous n'aimez pas trop Aicha, vous voyez bien l'attirance qu'il y a entre elle et Djibril et ça ne vous plait pas
-Oui et ???
-Moi non plus cette attirance ne me plait pas donc on peut s'entraider vous et moi. Vous en pensez quoi ???
Pas mal comme idée tant que ça les sépare moi ça me va et je n'ai rien à perdre vu où j'en suis.
-Vous avez des idées à me proposer
-Je vous aime bien vous finalement.
PDV Aicha
Je ne sais pas combien de temps je suis restée là à pleurer de frustrations, j'entends la porte sonner, je ne veux voir personne donc je ne songe même pas à aller ouvrir, la sonnette se fait insistante mais je m'en fou. J'entre dans ma couverture et me roule dedans. Bientôt c'est mon téléphone qui sonne, je vois le numéro de Khader s'afficher. Je l'ignore une fois, deux fois et à la troisième fois je prends.
-Tu veux quoi ?
-Aicha s'il te plait ouvre la porte.
-Je ne veux pas te voir, ni toi ni personne
-Je sais mais ouvres, je ne serais pas tranquille en sachant que peut-être tu ne vas pas bien. Je veux juste te voir et si tu me demandes de partir, après je m'en irai promis.
Je réfléchi un moment avant d'accepter
-D'accord
Je me lève en trainant les pieds, je vais dans la sale de bain, je nettoie mon visage et je pars ouvrir la porte. Je retourne au canapé du salon et m'assois. Il entre et viens en face de moi.
-Je suis désolé pour tout à l'heure, je ne sais pas ce qui m'a pris de dire ça.
-Tu sais très bien pourquoi tu as fait ça, ce que tu as commencé, l'autre l'a terminé.
-Je suis fatigué de ses disputes ma chérie, depuis un moment j'ai l'impression qu'on ne fait que ça.
Il s'assoit en face de moi et me caresse le visage
-Je veux retrouver l'Aicha d'avant, celle qui règle tout avec douceur et calme, celle qui est mignonne. Pas cette rebelle qui passe son temps à se disputer.
Je souffle avant de radoucir mon visage et le regarder.
-Aicha, je te connais, tu n'es pas le genre de personne à chercher des problèmes, à te disputer pour rien et moi non plus. Arrêtons ça, d'accord ?
Je hoche la tête et il relève ma tête, nos regards se rencontrent.
-Je t'aime malgré ton passé, je sais que ce n'est pas ça qui te définit, je comprends parfaitement pourquoi tu faisais tout ça, la vie a été dure avec toi. Maintenant tu as le droit d'être heureuse et je suis là pour t'aider à l'être. Fait moi confiance.
Je hoche de nouveau la tête. Son regard glisse de mes yeux vers mes lèvres et il se mord les lèvres. Ensuite son regard revient vers mes yeux. Je ne sais pas pourquoi mais j'avance ma bouche et lui capture les lèvres, il répond immédiatement à mon baiser, bientôt il me fait coucher sur le canapé et se met sur moi. Il continue à m'embrasser et descends sa douche vers mon cou. Je ne ressens absolument rien, pas les papillons qui dansent dans mon ventre ni les picotements dans tout le corps. Je m'efforce juste à faire semblant d'être réceptive. Bientôt il se met à se frotter sur moi et je sens son érection sur moi, je commence à me sentir mal à l'aise, il faut que j'arrête tout ça. Je suis sur le point de le repousser quand j'entends la porte s'ouvrir, je relève la tête et là je vois Djibril nous observer.
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La destinée d'Aicha
RomanceJe suis une fille maudite, depuis la naissance j'ai été détestée par mon père, enfin celui que je croyais être mon père, C'est à l'âge de 18 ans que j'ai su la vérité sur moi. Tout ce que je croyais n'étais que mensonge. Battu et chassé par ma fami...