Chapitre 4

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Dix-huit minutes venaient de nouveau de défiler sur le chrono. Dix-huit minutes durant lesquelles les deux amants n'avaient pas prononcé un seul mot. Après un énième essai signé sous le signe de l'échec qui leur avait quelque peu brisé le moral, Steve avait continué de s'activer avec frénésie sur la réparation de leur seul moyen d'obtenir des informations tandis que Natasha avait supporté aussi silencieusement qu'elle l'avait pu le rythme soutenu de ses contractures musculaires et de sa nausée grandissante.

Néanmoins, les minutes ne cessaient de s'allonger effroyablement et cela devenait difficile pour elle de maitriser la totalité de ses émotions. Sa résistance lâchait progressivement prise. Tout ce qu'on lui avait jadis enseigné sur la maitrise de la douleur fichait le camp. Elle n'avait même plus la puissance d'esprit de contenir ses gémissements plaintifs, ni même ses cris.

Pour dire vrai, elle avait l'impression de décliner sous une torture qu'elle ne connaissait pas et pour laquelle elle n'avait pas été entraînée.

S'ajoutait à ça, la fatigue extrême qui s'abattait sur elle comme un poids mort de plus en plus lourd et qui lui faisait voir des étoiles lorsque les contractions se faisaient trop intenses. Pour la tranquillité de Steve, elle s'empêchait de succomber mais seulement voilà, la situation n'évoluait pas et son mental serein s'épuisait tout autant que sa force et son espoir.

Elle se sentait dorénavant étrangement irritable et au bord de l'hystérie. C'était sa manière à elle de rester consciente.

« Comment ça s'annonce ? » Questionna Steve en raccordant deux fils, le visage concentré sur son objectif.

Natasha inspira pour se contrôler. La question était adorable mais clairement c'était celle à éviter dans l'immédiat.

« Exténuant et douloureux. Et si tu oses me reposer cette question plus tard, je t'assure que je me lève et que je t'en colle une, » l'avertit-elle en enlevant ses chaussures à l'aide de ses pieds.

Toujours adossée au mur, elle grimaça devant l'effort accompli et les poussa sur le côté avant de lever son regard dans la direction de son conjoint. Elle vit ses gestes stoppés face au ton sec employé et ses épaules remontés sous la tension mais il ne répondait rien.

Habituellement, elle appréciait sa générosité et ses inquiétudes démesurées. Mais pas en cet instant. En cet instant, elle souhaitait juste être tranquille et pouvoir se calmer.

Sentir son corps changer de l'intérieur l'affolait déjà suffisamment. Elle n'avait pas besoin qu'il lui demande tous les quarts heures comment elle allait.

« Désolée, » marmonna-t-elle tout de même, les orteils en pointe devant l'intensité d'une crampe abdominale. « Je suis un peu à cran. »

« Tu n'as pas à t'excuser, » notifia-t-il calmement en vérifiant ses branchements. « Continue de me huler dessus si ça te fait du bien, ça ne me dérange pas. »

Elle laissa échapper un ricanement et sans l'en tenir informé, elle entreprit d'enlever son pantalon également. La pression se faisait vive et elle ressentait le besoin incompréhensible de pousser. Même si elle soufflait continuellement pour s'en empêcher et retarder le moment qu'elle redoutait, il fallait bien qu'elle se prépare à l'arrivée de leur bébé.

Cependant, après plusieurs efforts, elle constata bien vite que sa souplesse ne lui était d'aucun secours aujourd'hui. Elle avait beau y mettre toute la bonne volonté du monde, elle ne parvenait pas à le faire descendre plus bas que ses cuisses. 

Elle siffla alors d'énervement, captant involontaire l'attention du soldat qui se retourna.

« Tu es de plus en plus pâle, » constata-t-il doucement en fixant sa compagne, dubitatif devant la scène qui s'offrait à lui. « Tu m'inquiètes. »

Accouchement sous haute tension (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant