Prémice.

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Une cigarette allumée au bout des doigts, Louis observait l'extérieur à travers la fenêtre. L'air était empli d'un sentiment indescriptible, et la neige tombait à flots. Les cliquetis de l'horloge impériale située en face du bureau se rapprochaient de plus en plus des éclairs déchirants le ciel. Le calme régnait. Pourtant, un cri d'une stridence inhabituelle ici rompit le silence qui s'était installé depuis peu. Louis écrasa sa cigarette dans le cendrier, un air agacé sur le visage, avant de sortir du bâtiment en réajustant son costume.

L'air était lourd, souvenir de la tempête qui venait de prendre fin. Louis avança tranquillement jusqu'à la ruelle située entre deux immeubles. Il s'adossa au mur à l'entrée de la ruelle, avant de prononcer d'une voix douce mais sans appel "Stop.". L'homme en face de lui se détacha de la fille et le regarda. Quand il réalisa à qui il avait affaire, il recula de quelques pas, les mains écartées en signe d'abandon, avant de disparaître à l'angle de la ruelle.

La fille le fixait depuis son apparition. Elle ne savait pas qui il était, mais c'était forcément quelqu'un d'important. Elle réajusta son manteau tandis qu'il se décolla du mur. "Viens." Elle le suivit, docile, mais surtout effrayée. Ils pénétrèrent dans le plus bel immeuble du quartier. Il était loin d'être luxueux, mais en comparaison avec l'état de délabrement des environs, c'était Versailles. Il était simplement mais joliment décoré. Un ascenseur trônait dans l'entrée. Elle ne s'y serait jamais aventurée toute seule, de peur qu'il lâche quand elle était dedans et que personne ne vienne la chercher. Ils sortirent au troisième étage, après que l'homme ait rentré un code de sécurité dans l'ascenseur. Devant eux se trouvait un couloir très peu éclairé. L'homme avançait d'un pas ferme. Il ouvrit une porte à droite, au milieu du couloir, et attendit qu'elle rentre pour refermer la porte. Il l'invita à s'asseoir sur un des fauteuils à l'allure particulièrement confortable situé devant le bureau, avant de faire de même sur celui situé derrière.

- On va faire un marché, toi et moi.

La fille reposa son regard, qui explorait la pièce jusqu'ici, sur lui. Elle était terrorisée, mais le cachait du mieux qu'elle pouvait. Elle se trouvait certainement dans le pire quartier de la ville, et c'était vraiment de mauvaise augure. Seul point positif : elle avait échappé de peu au viol, grâce à l'homme en face d'elle. Elle n'avait pas tellement le choix quant à accepter ce marché.

Elle le fixait, attendant qu'il développe. Ca allait parfaitement à Louis : au moins, elle ne passerait pas son temps à jacasser.

- Il me semble que tu m'en dois une, commença-t-il, d'une voix douce mais ferme.Sûrement plusieurs, si je n'étais pas intervenu, d'ailleurs, remarqua-t-il, légèrement amusé. Il la regarda quelques secondes. Elle faisait de même, appréhendant ce qu'il s'apprêtait à dire.

- Tu vas te faire passer pour ma copine.

"??!!!!??????!??...???!..???!!!!!!''" était l'état actuel de ses pensées.

- Tu emménages ici, reprit-il.

S'il commençait comme ça, elle allait avoir du mal à dire non. Même si, de toute façon, elle n'avait pas le choix. Elle s'était faite jetée dehors ce matin. Il y avait au moins un point positif dans cette histoire.

- Dis-moi quand tu veux le faire, je t'enverrais un camion.

- Une voiture sera suffisante, répondit-elle. Il hocha la tête en s'allumant une cigarette. La nuit tombait progressivement, et elle se haïssait pour ce qu'elle faisait. Elle se jetait directement dans la gueule du loup, et se sentait terriblement faible et débile. Elle acceptait sans broncher alors qu'elle aurait du partir en courant.

- C'est possible de faire ça ce soir? Demanda-t-elle, complètement embarrassée et rougissant à vue d'œil.

Il rit légèrement avant d'écraser sa cigarette, et de passer un coup de fil.

- Une voiture t'attend devant, déclara-t-il, après avoir raccrocher.

- Merci, répondit-elle avant de se faire raccompagner dehors pour découvrir une berline noire qui l'attendait. Le chauffeur l'amena à son ancien chez-elle, sans même lui avoir demandé où elle habitait. Elle le remercia et sortit.


Desperate attempt.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant