Je commençai la semaine avec nostalgie. Noël était omniprésent, et plus on s'en approchait, plus je me sentais déprimée. C'était pourtant encore loin, en soit, mais bien sûr les magasins ne parlaient plus que de ça. Noël n'avait jamais été quelque chose de très familial chez moi, mais ma grand-mère avait toujours essayé que ce le soit. Depuis qu'elle était partie, cela ressemblait plus à un échange de chèques qu'autre chose. Ce n'était pas ce qui allait me manquer, mais au moins, c'était quelque chose. Entendre Max en parler n'aidait pas du tout. Il allait revoir toute la famille, et moi, personne. Ils n'étaient pas parfait, ils étaient même très chiants, mais c'était ma famille. J'aurais tout donné pour avoir un « joyeux Noël » de mes parents cette année. Mais je n'aurais sûrement rien du tout. Même si je leur en envoyais, ou que je demandais à Max de leur dire pour moi, je n'aurais aucune réponse. Tout ça pour de la putain de fierté. Qu'est ce qu'on était cons.
- Si tu savais comme j'ai pas envie, soupirai-je, alors que nous étions à la cafétéria après les cours.
- De quoi ? Demanda Eléa.
- De tout. De rien. Du tout. Je veux juste rien faire, soufflai-je la tête contre la table.
- Tu veux aller faire du shopping ? Ça va te remonter le moral ! Bon, reprit-elle après mon manque d'enthousiasme, on va aller se foutre au lit avec du chocolat, ça ira mieux! s'exclama-t-elle avant de m'embarquer.
En plus de Noël qui approchait, le fait d'avoir vu des membres de ma famille au gala ce week-end me rendait encore plus nostalgique. C'était vraiment bizarre de les voir là, d'être aussi proche d'eux alors qu'il y avait tant de distance entre nous désormais.
Nous parlâmes ainsi de nos familles respectives pendant une bonne partie de l'après-midi. Eléa avait une famille un peu compliquée à suivre. Ses parents avaient divorcé quand elle était encore jeune et elle avait eu plusieurs beau-père et belle-mère depuis, mais apparemment cela se stabilisait. Sa mère était remariée avec un homme qu'Eléa appréciait beaucoup, et qui avait lui même un fils, le demi-frère dont elle m'avait parlé la semaine dernière. Avec son père, c'était plus compliqué, ils ne s'entendaient pas très bien, et elle n'était pas vraiment au courant de ce qu'il se passait dans sa vie à l'heure actuelle.
Après s'être raconté de nombreuses anecdotes, je rentrai à la maison, le moral remonté. Louis m'avait prévenu qu'il rentrerait tard, alors je me préparais rapidement quelque chose à manger avant de me mettre devant la télé.
Le lendemain matin, Max me réveilla pour prendre le petit-déjeuner ensemble. Dans sa grande amabilité, il était passé à la boulangerie avant de venir.
- Tu te souviens d'Alec, ton copain au lycée ? Demanda-t-il, appuyé contre le dossier de sa chaise, les bras croisés, en me regardant manger.
- Pas mon copain, dis-je en mâchant ma brioche.
- Tu savais que Louis l'avait tué ?
Je m'arrêtai net dans ma dégustation et le regardai les yeux ronds, attendant qu'il ajoute qu'il s'agissait d'une mauvaise blague.
- Hein ?
- Je rigole pas. Demande lui.
Il avait vraiment l'air sérieux, ce qui était inquiétant. Je n'avais pas entendu parler d'Alec depuis le lycée et je n'avais aucune idée de ce qu'il était devenu après.
- Tu te fou de ma gueule ?
- Du tout.
Il était vraiment gentil de me balancer un truc pareil à sept heures du matin alors que je devais aller en cours. J'essayai d'appeler Louis avant de partir mais il ne répondit pas et je passais ainsi la journée à repenser à ce que Max avait dit sans pouvoir me concentrer. Louis vint me chercher à la fin de la journée.
- Désolé, j'ai eu une journée super chargée, me dit-il lorsque je rentrai dans la voiture. Tu m'appelais pour quoi ?
- C'est Max qui a débarqué ce matin et qui m'a balancé que t'avais tué Alec Hill. C'est vrai ?
Pour toute réponse, il soupira et démarra.
- Tu vas vraiment pas me répondre là ? demandai-je après une bonne minute.
- T'as tout compris.
Je n'avais pas franchement complètement envisagé qu'il ait vraiment pu le tuer avant, mais à présent, j'étais bien forcée de le faire et je ne savais pas quoi penser. J'étais tellement triste d'un coup que cela me pris au dépourvu. Est-ce que Louis était vraiment l'homme que je pensais ? Après tout je ne le connaissais presque pas et je ne savais pas grand chose de lui.
Nous rentrâmes à la maison et commandâmes à manger, aucun de nous n'ayant envie de faire la cuisine. Nous mangeâmes en silence devant la télé et je partis me coucher rapidement après m'être lavé. Je tournai en rond, n'arrivant pas à dormir, le tourbillon dans ma tête allant de plus en plus vite. Je fus sortie de mes pensées par Niall, qui m'envoyait des messages en me posant des questions sur les devoirs pour demain. Je ne l'avais pas vu depuis quelques jours et je n'avais franchement pas envie de rester à côté de Louis, alors je décidai d'aller l'aider sur place.
- Je vais chez Niall, il a besoin d'aide pour les devoirs, dis-je à Louis après avoir mis mon manteau sur mon pyjama.
Il me regarda d'un air indescriptible avant d'hocher la tête en me souhaitant une bonne nuit, et je m'en voulus presque. Quelque part, il avait l'air triste.
Une fois chez Niall, nous commençâmes à travailler tout de suite, et il devait être un peu moins d'une heure lorsque nous eûmes fini. Je n'étais toujours pas fatiguée et Niall ne semblait pas vouloir se coucher.
- Tu veux pas faire un gâteau ? Me demanda-t-il, à moitié allongé sur le canapé
- C'est exactement ce que je pensais ! m'exclamai-je en allant explorer sa cuisine.
Après avoir débattu quelques minutes, nous nous mîmes d'accord pour faire une ciambella, d'après une recette de ma grand-mère. Affalés sur le canapé en attendant que le gâteau cuise, je n'arrêtais pas de penser à Alec.
- Max serait tellement jaloux s'il savait qu'on avait fait un gâteau, rit Niall tout à coup, ce qui me fit rire à mon tour.
- On lui enverra des photos ! Dis Ni, repris-je quelque temps plus tard, t'es au courant pour Alec Hill ?
- Il est pas mort ? Demanda-t-il, l'air de se souvenir vaguement de quelque chose.
- C'est ce que Max a dit. Il dit que Louis l'a tué.
Niall se retourna vers moi et me regarda en fronçant les sourcils.
- C'est pour ça que t'es bizarre ?
- On se connaissait bien au lycée... Mais il est mort quand ?
- Hier soir je crois.
Soit la nuit où Louis n'était pas rentré... Max pouvait avoir raison, alors.
- Comment tu sais ?
- C'était pas aux infos ? Me répondit-il, l'air innocent, et je ne savais vraiment pas dire s'il protégeait Louis ou pas. T'en as parlé à Louis ?
- Ouais. Il a rien dit, dis-je en enfonçant ma tête dans un coussin.
Niall soupira et vint me faire un câlin.
- T'as de la chance qu'il soit pas jaloux, rit-il quelques secondes plus tard. Tu te barres à je sais pas quelle heure et tu vas dormir chez un mec, t'aimerais pas qu'il fasse ça.
- Y a pire que de tromper quelqu'un dans la vie, répondis-je en continuant à me demander s'il avait vraiment tué Alec. Mais pourquoi il l'aurait tué ?
- Eh j'en sais rien moi, faut demander à Max, c'est lui qui t'a dit ça.
Nous restâmes dans cette position jusqu'à ce que le gâteau soit cuit, et dégustâmes le fruit de notre (dur) labeur, jusqu'à nous endormir tels quels sur le canapé.
Le réveil fut dur, nous avions cours tôt, et j'étais d'autant plus ravie de voir Arthur. Nous passâmes à la maison pour que je me change, mais Louis n'était pas là, et je ne restai pas longtemps.
- Dis Arthur, tu le connais depuis longtemps Louis ?
- Ola oui, rit-il. Depuis qu'il est arrivé à Londres.
- Vous vous êtes tout de suite entendu ?
- Oh oui, je ne vais pas t'apprendre que c'est quelqu'un de bien, toujours prêt à aider les autres,répondit-il avec entrain.
Je n'osai pas aborder le sujet qui me préoccupait vu son entrain. Mais pourtant, Arthur travaillait avec Louis, il devait bien savoir ce qu'il faisait, non ? Mais après tout, il n'avait pas à tout savoir. Peut-être que c'était de cette façon que Louis se faisait aimer, il cachait les choses déplaisantes. En outre, nous n'avons pas tous le même sens moral, et j'imagine que quand on travaille là-dedans, un meurtre ne doit pas paraître aussi choquant que pour moi. Ou peut-être que si, après tout, je n'en savais rien.
Aller à l'université m'aida à penser à autre chose, et Eléa aussi, mais cela me dérangeait vraiment de ne pas pouvoir lui en parler. Lorsque nous finîmes les cours, je n'avais qu'une envie, aller m'écrouler dans mon lit et n'en sortir que le lendemain matin. Mais Max en avait décidé autrement, puisqu'il m'attendait pour aller à la boxe. Et autant je n'en avais pas envie du tout, autant je savais que cela me ferait beaucoup de bien quand même.
Au bout d'une heure, j'étais au bout de ma vie, mais c'était encore pire pour Max. J'étais étendue par terre à essayer de reprendre ma respiration, Max quelques mètres plus loin, quand je sentis une ombre au dessus de moi. En ouvrant les yeux, je découvris mon parrain qui me regardait l'air moqueur.
- Tu te ramollis dis donc, je vais te mettre une dérouillée bientôt si ça continue !
- Y a aucun risque, t'inquiètes pas, répondis-je en éclatant de rire, ce qui fit souffrir ma trachée.
- Ça me fait plaisir de te voir ici, dit-il en m'aidant à me relever. Ça va ?
- Oui, oui, ça va.
- T'es sûr ? fit-il en fronçant les sourcils.
- Mais oui, je suis juste crevée.
Nous discutâmes encore quelques minutes avant qu'il ne doive partir, ayant un rendez-vous dans une demie-heure.
- Tu sais, c'est un chic type ton copain, je suis content pour vous, me dit-il en partant.
Je restais plantée là totalement perplexe pendant je ne sais combien de temps. On n'avait jamais parlé de Louis jusque là, et il fallait qu'il me balance ça maintenant ? De toutes les fois où il aurait pu parlé de mon déménagement, au moment où ça avait le plus de pertinence, pourquoi avait-il choisi de parler de Louis maintenant ? Était-ce une pure coïncidence ou est-ce que cela avait un rapport avec Alec ?
Je fus interrompu dans mes réflexions par Max qui m'entraîna vers les douches, ce qui était franchement nécessaire. Une fois propres, il me déposa à la maison, où je me dirigeai vers le lit, lessivée. Je m'endormis tout de suite, sans aucun signe de Louis, et je ne sus jamais s'il était rentré.
Au réveil, je n'avais toujours aucun signe de Louis, et j'appris par Arthur qu'il avait vraiment beaucoup de travail et qu'il ne m'évitait pas, sans même que j'eus besoin de demander quoi que ce soit. Après la matinée de cours, Eléa partit voir Harry, Niall retourna travailler, et je décidai d'aller voir Matty à son restaurant, puisque je ne l'avais pas vu depuis longtemps.
Je partis l'embêter dans les cuisines et dégustais ce qu'il m'avait préparé en papotant avec lui. Lorsque le restaurant ferma après le déjeuner, nous nous mîmes à nous remémorer nos histoires de lycée les plus délirantes en rangeant. La plupart comportant Esmeralda, nous finîmes par l'appeler. Après avoir bien rit au téléphone, elle décida de nous rejoindre sur place. C'est de cette façon que nous nous retrouvâmes sur les banquettes du restaurant avec une bouteille de vin, à se rappeler nos pires histoires et à s'étouffer de rire.
Lorsque Matty dut se remettre à travailler, je partis avec Esmeralda et nous nous baladâmes dans les rues avoisinantes jusqu'à chez elle, avant que je ne monte avec Arthur pour rentrer. Ces fous rires m'avaient fait un bien fou. Esmeralda avait toujours été là pour moi quand j'avais besoin d'aide, notamment après la mort de ma grand-mère et elle savait toujours me remonter le moral.
En rentrant, je croisais Louis qui sortait de la douche, avant de se préparer à retourner travailler.
- Dis, tu m'évites pas hein ?
- C'est pas moi qui devrais te demander ça plutôt ? demanda-t-il en mettant ses chaussures. Non,ajouta-t-il devant ma mine soucieuse.
Il avança, prêt à partir, et même si quelque part au fond de moi, je mourais d'envie de lui faire un câlin, je m'écartai pour le laisser passer, en me disant que c'était sûrement plus sage. Je me sentis pourtant tellement seule en entendant les portes se refermer sur lui. Je n'avais pas envie de rester enfermée, je me sentais si bien dehors tout à l'heure. Je ressortis et tombai sur Arthur en bas.
- Où est-ce que tu vas encore à cette heure là ? se moqua-t-il.
- J'avais besoin de prendre l'air, répondis-je en haussant les épaules.
- Qu'est ce qui te préoccupe comme ça ?
- C'est quelque chose que Max m'a dit, commençai-je après quelques secondes. Il a dit que c'était Louis qui avait tué Alec Hill, continuai-je en le regardant, guettant toute réaction.
- Et tu en as parlé à Louis ? répondit-il sans rien montrer.
- Il n'a rien voulu me dire, soupirai-je en avançant un peu sur le trottoir.
- Tu sais, je le connais depuis des années, Louis, raconta-t-il en me suivant, et nous commençâmes à faire le tour du pâté de maison. Je travaillais déjà là quand il est arrivé, j'ai commencé à avoir de gros problèmes un peu après. Je travaillais ailleurs aussi, pour des gens moins compréhensifs, et quand on a eu Andy, je ne pouvais plus travailler de façon aussi flexible, c'était plus compliqué, et ça a créé beaucoup de conflits avec eux. Louis n'était pas encore le chef à l'époque mais c'était presque le cas. C'est lui qui m'a aidé, qui a fait en sorte que mes enfants soient en sécurité, et ma femme, c'est grâce à lui qu'on est tous encore vie. Je ne compte même plus le nombre de fois où il m'a sauvé la vie. C'est pour ça qu'on est aussi proches tous les deux. Tout ça pour dire que quoi que tu entendes sur lui, ça ne devrait pas te faire douter de son intégrité. Et tu sais, je pense que ça le blesse beaucoup plus que tu ne le crois que tu réagisses de cette façon.
- Mais je suis censée penser quoi moi, s'il l'a vraiment tué ? Je le connaissais au lycée...
- Et alors ? Tu croyais quoi ? répliqua-t-il doucement. Qu'il avait jamais fait de mal à une mouche ? L'important c'est pas ce qu'il fait mais pourquoi il le fait. Et tu devrais lui faire assez confiance pour savoir que s'il a fait quelque chose comme ça, c'est qu'il devait avoir une bonne raison.
- Je devrais peut-être mais j'y arrive pas. Et comment je suis supposée lui faire confiance alors qu'il me dit jamais rien ?
- Il t'en dis déjà beaucoup plus qu'il ne devrait si tu veux mon avis, soupira-t-il alors que l'on arrivait devant chez nous à nouveau. Tu devrais aller dormir, t'y verras plus clair, me conseilla-t-il en me prenant dans ses bras.
Je le remerciai avant de monter me laver et me mettre au lit devant une série, espérant trouver le sommeil. Elea m'apprit qu'ils avaient bien discuté avec Harry et qu'ils étaient officiellement ensemble, ce qui me fit très plaisir pour eux. Il était temps !
Louis rentra après minuit et je n'arrivais toujours pas à dormir. Nous ne parlâmes pas, mais je vins me caler dans ses bras dès qu'il fut couché. Je ne savais toujours pas quoi penser, mais je savais que je dormirais mieux de cette façon, et je me dis que lui aussi.
La journée du vendredi passa vite, j'avais la tête ailleurs mais j'arrivais à la conclusion qu'effectivement, il allait bien falloir que l'on se parle, Louis et moi. Mais cela devrait attendre samedi, puisque c'était vendredi et que Niall faisait une fête.
Nous finîmes les cours tard, je partis directement chez Niall après, j'avais quelques affaires qui traînaient là-bas et qui feraient bien l'affaire.
C'était une bonne soirée, seulement l'alcool ne me faisait aucun effet. Après quelques heures passées à danser, je décidai de rentrer, fatiguée de cette semaine. Et puis, honnêtement, j'avais envie de voir Louis, même si je ne savais pas s'il serait à la maison.
Lorsque je rentrai de la soirée, je ne ressentais toujours pas d'effets dus à l'alcool. Je trouvai Harry sur le canapé, qui jouait aux jeux vidéo contre quelqu'un qui n'était pas là.
- Hey, soufflai-je en m'asseyant à côté de lui. Il est où Louis?
- Urgence au boulot mais il devrait pas tarder.
- C'est pas un peu facile de jouer contre personne? M'offusquai-je en attrapant la manette de Louis pour jouer à sa place, ce qui fit rire Harry.
- Ça va bien avec Eléa? demandai-je au bout de plusieurs minutes.
Après tout, il était ici au lieu d'être à la fête avec elle. Mais peut-être qu'il tenait compagnie à Louis...
- Très bien, sourit-il.
- Ça fait plaisir de vous voir comme ça, commentai-je en repensant à leur début, pas si simple.
J'en profitai pour remonter le score de Louis, et battre Harry au passage. Et pourtant, je n'avais clairement pas toute ma concentration.
- Vous en avez parlé avec Louis? demandai-je, une partie plus tard, changeant complètement de sujet.
- Vous en avez parlé avec ta meilleure amie? Se moqua-t-il.
- Bah en l'occurrence non, je vois pas trop comment lui dire que Louis aurait tué Alec, soufflai-je.
- Niall?
- À Niall ouais.
- Je me demande si Louis savait que vous finiriez aussi proches, rit-il. Toujours fâchée?
- Je suis pas fâchée, je sais juste pas du tout comment prendre ça, soupirai-je. Ça me vrille le cerveau.
- Y a aucune raison. Rien n'a changé, répondit Harry, toujours concentré sur l'écran.
Je savais que c'était censé être rassurant, mais très honnêtement, je trouvais ça un peu inquiétant. J'avais l'impression de ne connaître qu'une infime partie de Louis. Et j'avais surtout l'impression que ce n'était pas une impression.
- Ça va comment Louis? demandai-je au bout de plusieurs minutes.
- Ce serait bien de lui demander, répondit-il avec un regard en biais dans ma direction.
Effectivement, je me rendis compte que je ne lui avais même pas demandé depuis le début. Il aurait pu se faire attaquer par Alec et le tuer en légitime défense et se sentir atrocement mal, mais je n'avais pensé qu'à moi.
Louis rentra environ un quart d'heures plus tard, l'air crevé.
- T'as vu comment elle t'a piqué ta place, se moqua Harry.
- Hé n'importe quoi, il jouait alors que y a avait personne en face, il a dû détruire tes stats! rétorquai-je en rendant sa manette à Louis, qui se mit à côté de moi.
Je dus m'endormir comme ça car je ne me souvenais de rien d'autre. Lorsque je me réveillai, j'avais la tête appuyée contre l'épaule de Louis, qui jouait toujours avec Harry.
- Il est quelle heure? demandai-je en bâillant.
- L'heure de dormir apparemment, rit Harry.
- Tu devrais aller au lit, répondit Louis en m'embrassant le haut du crâne.
- T'es trop confortable, répondis-je en me calant mieux contre lui, encore toute endormie, et me rendormis aussi sec.
Je me réveillai le lendemain matin, au lit, dans les bras de Louis, qui envoyait des messages à sa mère.
- Tu sais, c'est adorable, mais t'es pas obligé de te détruire le dos pour moi, soufflai-je en imaginant ma peine si je devais porter qui que ce soit au lit.
- T'es pas très lourde, rit-il en posant son téléphone sur la table de nuit avant de fixer son regard sur moi.
- Tu travailles ce matin ? Demandai-je, ce à quoi il dit non : on avait le temps de parler alors. Je suis désolée, j'ai pas beaucoup pensé à toi avec tout ça. J'aurais pas dû réagir comme ça. Mais tu sais, c'est pas facile que tu me dises rien du tout. Et je pense que si t'as fait ça c'est pour une bonne raison, mais en même temps cette histoire m'a donné l'impression que je ne connais pas grand-chose de toi. Enfin, je sais que ça fait même pas trois mois qu'on se connaît, mais à vivre ensemble, ça fait quand même pas mal...
- Je sais que c'est pas facile pour toi, soupira-t-il. Mais vraiment, là-dessus, je ne peux rien te dire, même si je préférerais. Ça ne dépend pas de moi. Pour le reste, je pense que tu me connais mieux que tu ne t'en rends compte. C'est pas parce que tu sais pas ce qui se passe au travail que tu me connais mal. T'en sais plus sur mon caractère, mes réactions que la plupart des gens.
- Ouais, mais tu dis pas grand chose sur toi.
- Tu peux me demander tu sais, répondit-il en m'embrassant. Mais tu vas en apprendre beaucoup à Noël, rit-il. Ils sont très excités à l'idée de te raconter des bêtises sur moi, crois-moi.
Nous passâmes la matinée tranquillement, cela faisait du bien de se retrouver, plus que je ne l'aurais cru. Je n'avais pas réalisé à quel point cela me pesait jusqu'à ce que le poids en question soit parti.
Lorsque Louis dut partir travailler, je décidai d'aller voir Max. Nous avions sérieusement besoin d'avoir une conversation tous les deux, une bonne fois pour toute. Je débarquai chez lui sans prévenir, mais après tout, il le faisait tout le temps. Et j'avais eu la bonté d'apporter à manger. Il eut l'air surpris de me voir, mais content. Lorsque nous eûmes fini de manger, je me lançai.
- Écoute, je comprends que tu t'inquiètes pour moi, vraiment. Mais j'en peux plus, okay ? Je peux pas me faire attaquer comme ça par mon frère, soupirai-je.
- C'est pas toi que j'attaque, c'est Louis, répliqua-t-il.
- Non, c'est à moi que tu dis toutes ces choses à chaque fois, c'est moi que ça épuise, c'est moi qui ai toutes ces pensées contradictoires dans la tête, avec lesquelles je ne sais pas quoi faire. Et franchement, ça m'épuise. Tu passes ton temps à me tirer vers le bas depuis que t'es rentré, je sais pas si tu t'en rends compte.
J'abusais un peu, cela pesait sûrement autant sur Louis, mais cela n'aurait aucun impact sur Max, alors à quoi bon le mentionner.
- J'essaye de te faire te rendre compte qu'il est pas pour toi, c'est tout ! Protesta-t-il.
- Mais comment tu pourrais savoir ça ? Et si c'était le cas ? Objectai-je.
- Et s'il l'était pas ? Continua-t-il.
- Je m'en rendrais compte bien assez tôt toute seule, t'inquiètes pas pour moi.
- Mais non, s'énerva-t-il d'un coup. T'es comme endormie, comme une somnambule ou un robot ! T'avances et tu fais ce qu'on te dit mais c'est pas ça qu'il faut faire !
- Alors déjà qui me dit de faire quoi là ? Parce que justement à priori je fais pas ce que tu dis. Et comment tu saurais ce qu'il faut faire ? Je pense plutôt que t'es énervé parce que je suis sortie de ce putain de moule dans lequel on est depuis qu'on est gosse et que maintenant t'es seul avec les attentes de la famille sur les épaules ! T'aimais bien me voir maltraitée par la famille parce que y avait toujours pire que toi mais maintenant c'est plus le cas ! Si tu foires, toute la famille t'en voudra hein ? Bah justement, prends ton propre conseil, Max. Arrêtes de faire ce que tout le monde veut que tu fasses. Vis ta vie. Et arrête de devoir des sommes astronomiques à un millier de personnes, ça te fait juste dépendre d'eux encore plus.
- Mais ça t'est jamais venu à l'esprit que je puisse vouloir reprendre l'entreprise familiale, moi ? On n'est pas tous comme toi, à avoir aucun esprit de famille !
- C'est justement parce que j'en ai que je te dis ça. J'ai pas envie qu'ils te détruisent. T'es toujours mon frère.
- Putain, souffla-t-il en se levant brusquement. Vas-y, je sais pas où j'en suis, ajouta-t-il en se rasseyant tout aussi brusquement.
Il resta quelques minutes avec la tête entre les mains avant de se redresser doucement.
- Mais sérieux, t'as aucun cas de conscience à sortir avec un criminel ?
- Étrangement, pas vraiment ? Enfin, je sais pas, Louis a l'air d'être un criminel vachement gentil quand même.
- Ouais, t'aurais pu tomber sur pire, rit-il.
- Bah surtout que beaucoup de personnes ont des activités légales mais ne sont pas franchement de bonnes personnes...
- C'est clair, acquiesça-t-il, avant de venir me faire un câlin.
Cela faisait un bien fou de s'être enfin réconcilié, après presque un mois à se battre constamment. J'espérais vraiment que cela durerait à présent.
☼☼☼
Matty rentrait avec son équipe, qui avait passé la soirée à filer Esmeralda et Zayn. Sur le chemin, le chef d'équipe s'arrêta à la salle de boxe, tandis que les autres attendaient dans la voiture. Matty n'avait strictement aucune idée de ce qu'ils faisaient là, il n'y était jamais passé pour le travail, mais il n'eut pas le temps d'y réfléchir longtemps puisqu'ils repartirent bien assez vite. Ils rentrèrent au garage et Matty se mit à travailler là avec Jay. Ils aimaient bien cet endroit, c'était tellement grand que c'en était apaisant. Liam arriva une bonne demi-heure plus tard et discuta quelques minutes avec eux avant que Louis n'arrive accompagné de Blackburn, qui avait l'air sacrément remonté. Matty ne l'avait jamais aimé, il était toujours trop extrême, trop prône à tourner au bain de sang.
Matty ne cherchait pas vraiment à écouter, mais c'était dur de ne pas entendre, il n'y avait presque pas de bruit à par leur voix. Louis expliquait à Liam qu'il y avait encore eu des problèmes avec Brookes et Hawkridge. Tandis que ces deux-là cherchaient une solution, Blackburn ne cessait de proposer de faire exploser leur base. Louis refusait catégoriquement et Liam faisait le médiateur, ce qui n'était pas chose aisée.
Un mec qui avait travaillé avec Blackburn mais qui était récemment parti chez les Riakz avait essayé de tuer Arthur cette semaine et s'était fait descendre par Louis. Autant personne ne blâmait Louis, autant Blackburn était encore plus sur les nerfs que d'habitude. Il avait vraiment cru qu'Alec Hill finirait par revenir vers lui, mais ce n'était plus possible à présent.
Lorsque l'équipe de Matty dut repartir, ils ne s'étaient toujours pas mis d'accord, mais Louis avait réussi à calmer Blackburn et gagnait du terrain sur les négociations. Et le lendemain, Matty apprit qu'un sommet avec Brookes, Hawkridge, Blackburn, Esmeralda, Harry, Louis et Liam était prévu, ce qui allait peut-être enfin faire avancer les choses.►◄►◄
Bonsoir!
Je suis désolée de l'immense retard. J'ai enfin fait un plan super détaillé de tout ce qui se passe jusqu'à la fin de la fiction donc j'espère que ça sera plus régulier maintenant! Merci beaucoup de continuer à me lire malgré tout! N'hésitez pas à me faire part de vos avis, je serai ravie de savoir ce que vous pensez du chapitre! Bisous ♥

VOUS LISEZ
Desperate attempt.
Fanfiction- On va faire un marché, toi et moi. La fille reposa son regard, qui explorait la pièce jusqu'ici, sur lui. Elle était terrorisée, mais le cachait du mieux qu'elle pouvait. Elle se trouvait certainement dans le pire quartier de la ville, et c'était...