19. Free.

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Après plusieurs jours, Eléa allait un peu mieux. Elle était décidée à faire des efforts et à prouver à Harry que leur relation en valait le coup. On en était encore au stade du brainstorming sur les idées, mais cela faisait beaucoup de bien de la voir comme ça, aussi déterminée. Et bonus, cela me donnait aussi plein d'idées romantiques pour le retour de Louis. Malus, nous n'étions pas les plus concentrées en cours. Je crois que même Niall désespérait un peu.

Nous rejoignions le hall de l'université en réfléchissant aux endroits préférés d'Harry lorsque j'aperçu mon père, à l'autre bout du hall, parlant au chancelier de l'université. Je fus tellement surprise que je m'arrêtai au milieu du chemin, malgré le flux de personnes qui passaient. Eléa m'attrapa le bras et me tira sur le côté pour m'empêcher de me faire bousculer.

- Qu'est-ce qui t'arrives? Demanda-t-elle.

- Y a mon père là-bas, répondis-je en me remettant lentement en marche vers la sortie, me demandant franchement ce qu'il faisait là. J'espérais fortement que ça n'avait rien à faire avec moi.

- T'es sûre? Bah qu'est-ce qu'il fait là? Vous vous êtes reparlés?

- Non.

Le voir là, alors que je ne l'avais pas vu depuis tellement longtemps et que je ne m'y attendais pas du tout, me perturbait tellement. Je ne pouvais m'empêcher de voir son apparition comme un mauvais présage. C'était lui qui payait mon année d'université. Et s'il avait demandé remboursement? Je ne pensais pas que c'était possible qu'on me présente la facture comme ça, mais de mon père, je pouvais m'attendre à tellement de choses. Et s'il lui avait demandé de m'exclure pour une raison bidon? J'étais terrifiée à l'idée de retourner à l'université le lendemain et que l'on m'annonce une mauvaise nouvelle. Même si c'était beaucoup plus probable qu'on me l'annonce par mail ou téléphone.

J'étais en train de tourner en rond comme un lion en cage lorsqu'Eléa sonna. Elle avait craqué et était parti voir Harry pour lui parler, mais cela c'était plutôt mal passé. Nous déprimions donc ensemble, devant les dessins animés, en mangeant de la glace et du chocolat.

Nous en vînmes à parler de ma famille, ce dont je n'avais pas encore vraiment parlé avec Eléa. En même temps, ce n'était clairement pas mon sujet préféré.

- C'était pas très fun de grandir chez moi. Mes parents gueulaient pour un tout et pour un rien, ils cessaient jamais de s'engueuler. Y en avait pas un pour rattraper l'autre. Heureusement qu'ils bossaient beaucoup, ça limitait les possibilités. Ma grand-mère venait souvent quand ils n'étaient pas là, elle s'occupait bien de nous. Sinon, il y avait le majordome. Je le voyais plus que mes deux parents combinés. Et puis, mes parents ne s'entendent pas avec leurs frères et soeurs, mais ils veulent tous se réunir régulièrement malgré ça. Donc on était obligé de passer des après-midis, voire des jours entiers à les regarder s'engueuler dans tous les sens. Du côté de mon père, y avait quand même plus de calme quand ma grand-mère était là. Elle a toujours eu cette façon de calmer les choses. Y avait autre chose aussi. Du respect, de la crainte, je sais pas trop. Moi je l'aimais juste. Mais alors, du côté de ma mère, c'était l'anarchie totale. Ca partait dans tous les sens et y avait personne pour calmer le jeu. Puis tu sais, même si j'avais rien fait de mal, que j'étais pas du tout liée aux disputes ou quoi, bah je me retrouvais quand même mêlée à ça. Mes cousins aussi parfois, mais pas tellement. Pourtant j'étais la plus petite. Je sais pas, j'ai jamais vraiment compris, honnêtement. J'ai surtout jamais compris pourquoi mes parents m'avaient adopté. Je me suis toujours sentie à part, j'ai jamais vraiment eu l'impression d'être leur fille, tu vois. Ils m'ont jamais fait me sentir comme ça. Du coup, s'ils ne voulaient pas de fille, pourquoi ils m'ont adopté? Je comprends vraiment pas. Agir comme ça, quand c'est un vrai choix qui demande quand même pas mal de démarches, je comprends pas. Je vais pas te dire qu'ils me manquent pas, c'est quand même ma famille, j'ai passé tellement de temps avec eux, mais je me sens tellement mieux maintenant que je les vois plus. Je me suis jamais sentie chez moi, dans leur maison. Juste chez ma grand-mère. Mais je sais même pas ce qu'est devenue cette maison. Ca me perturbe vachement en ce moment. J'y pensais plus, mais j'y ai repensé y a pas longtemps et ça me reste en tête.

Desperate attempt.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant