24 Décembre

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Dans la cuisine, j'observe les adultes qui complotent entre eux, nous jetant des regards amusés. Je fronce les sourcils, soupçonneux et attends en croisant les bras.

— Tu crois qu'ils vont tricher ? demande Enzo en se penchant à mon oreille.

Je fronce le nez en sentant son souffle et frotte mon oreille avec mon épaule avant de répondre :

— C'est obligé. C'est la première année qu'ils nous intègrent, ils vont forcément essayer de nous refiler le costume.

— C'est du bizutage, renchérit Enzo en grinçant des dents.

— Bienvenu dans le monde adulte, dis-je sarcastiquement.

Enfin, le cercle d'adulte s'ouvre pour nous inviter à l'intégrer. Je râle mais m'y insère en observant ma tante refermer son poing sur des bouts de papiers. Je plisse les yeux et demande :

— Vous avez pas truqué les papiers, j'espère !

— Non, répond mon oncle en souriant.

— Je ne vous crois pas ! Donnez les papiers, ordonne Enzo en tendant la main.

Devant les mines contrariées de nos parents, on affiche un sourire victorieux. Il récupère les bandes coupées de différentes dimensions et les serre dans son poing sans regarder l'ordre. Chacun commence à piocher un papier sous nos yeux aiguisés et à le comparer entre chaque joueur. Quand vient mon tour, il n'en reste que deux. Je prend celui de droite et affiche une grimace en apercevant sa longueur : beaucoup trop court à mon goût.

Je le compare aux autres et l'évidence me frappe : j'ai perdu. J'ai perdu alors qu'on a déjoué leur plan ridicule. C'est hors de question que je joue le jeu !

— Ah mon petit Aïdan, tu feras un magnifique père noël !

— Le costume est beaucoup trop grand pour moi, tentai-je vainement.

Avec un sourire carnassier, ma mère m'entraîne dans les escaliers tandis que les autres pouffent de rire. C'est décidé, je déteste cette tradition !

Chaque année, nos parents tirent au sort celui qui jouera le père noël pour le 24 au soir. Le malheureux élu revêt alors le costume enterré dans le grenier sortit pour cette seule occasion. D'habitude, nous avons droit au père noël enjoué que nous vend mon oncle. Parfois, c'est celui plus réservé d'Henry. À d'autres moments, nous avons les mères noël qui entrent dans la place. Mais cette année nos parents ont décidé de nous intégrer dans la partie. Enzo y avait échappé l'an passé par on ne sait quel miracle, mais visiblement nos parents en ont marre de jouer ce rôle. Bien sûr, Oceania n'y croit plus - surtout depuis l'année où Corentin a renversé son verre de vin sur le chemisier de ma mère ce qui nous a valut un bon gros scandale - mais Tom et Emie sont jeunes et adorent voir débarquer toute la famille de noël dans la maison.

Ma mère me fait pénétrer dans buanderie et me présente le costume qui pend sur son cintre. Je grimace tandis qu'elle l'enlève et qu'elle le positionne face à moi.

— Hum... il va être un peu grand...

— C'est pour ça qu'il faudrait que ce soit Enzo !

— Non, non, tu as perdu, tu assumes ! Arrête de ronchonner et vient ici.

Je grommelle et me laisse faire. J'enfile la veste rouge trois fois trop grande qui pend jusqu'au dessus de mes genoux et le pantalon dont le reste traîne sur le sol. Ma génitrice réfléchit et s'exclame :

— On va faire quelque retouche, je reviens.

Elle file en dehors de la buanderie pendant que je me laisse tomber sur un tabouret. Pourquoi ces choses là n'arrive qu'à moi ? Déboutonnant le haut qui me donne trop chaud, je récupère mon portable en le déverrouillant.

Tome 1 : 24 jours avant NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant