Tome 1 : 24 jours avant Noël

16 Décembre

Quelque chose de chaud s'aplatit sur mon visage et le caresse avec force. Je grommelle et essaye de chasser ce truc, mais la personne à qui elle appartient continue et insiste.

— Putain..., je souffle agacé.

Un énorme mal de crâne me vrille les tempes alors que je tente désespérément d'ouvrir les yeux, mais la lumière m'aveugle.

— Debout Aïdan, me dit une petite voix aiguë à mon oreille.

Je pousse un autre soupir en tentant de pousser mon interlocuteur, mais celui-ci rit et se jette sur moi. J'étouffe un juron et ouvre les yeux brutalement sur ma petite sœur qui gigote au dessus de moi.

— Emie, merde ! C'est les vacances, sérieux...

Elle rigole et s'allonge sur moi en gesticulant. Une vrai plaie cet enfant !

— On doit pas dire de gros mots.

— Oh la ferme, retourne dans ta chambre !

L'enfant ignore totalement mes ordres et se rassoit en me détaillant de ses yeux clairs. J'ai l'impression d'être une montagne sur laquelle elle s'amuse...

— Maman est partit au marché et je dois aller à la danse. Tu m'emmène !

Ce n'est, apparement, pas une question. Je grommelle contre ma mère qui m'a refilé cette tâche ingrate dès le premier jour de vacance et dépose ma sœur sur le sol en sortant de sous mes draps. En jetant un coup d'œil au réveil qui décore ma table de chevet, j'écarquille les yeux.

9h23.

C'est une blague ? Tuez moi ce petit ange pour que je puisse me rendormir ! J'enfile rapidement un jean, un pull quelconque, passe dans la salle de bain pour mettre un peu d'ordre dans mes cheveux et enfile des baskets avant de me servir un jus d'orange. Ma petite sœur gambade dans la maison, enfilant l'une des chaussures dans le salon et la suivante à mes côtés.

Je m'empare d'une brosse à cheveux pour la coiffer d'un chignon et lui met un manteau avant de sortir de la maison. Je baille à m'en décrocher la mâchoire et saisit le petit démon par la main avant de l'entraîner dans les rues.

L'air glacial du mois de décembre me frigorifie alors qu'Emie saute partout, éclaboussant mon jean avec de la neige. Je souris en observant son débordement d'énergie et me promet de me venger pour ce réveil trop matinal. J'aime véritablement dormir.

Au bout de quelques minutes nous arrivons devant un grand gymnase où attendent des parents accompagnés de leurs enfants. Je dois bien être le seul adolescent dans cette mer d'adulte.

Certains discutent, d'autres restent silencieux et s'observent, comme moi. Emie joue avec une petite boule de neige, les mains rougies par le froid.

— Mets tes gants.

— Non, j'ai pas envie, réplique-t-elle sans se relever.

Je m'abaisse à son niveau en observant les minis gantelets orange qui pendent à ses poignets - le fil les maintenant passant à travers son manteau - et demande :

— Et pourquoi ?

Elle me tend une boule parfaite et explique très sérieusement :

— C'est nul si tu sens pas les sensations. La neige c'est rare alors faut en profiter.

J'observe l'enfant qui attend une réponse de ma part et, avec un sourire mauvais, j'attrape la boule et lui éclate dans le visage. Elle pousse un cri de surprise et m'observe avec des yeux écarquillés.

— T'es trop méchant ! Ça se fait pas !!

— Bah, tu profite là, non ? je rétorque en rigolant.