Chapitre 50

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Nous nous organisâmes avec une efficacité qui me rendit plus triste que fier. Ava commença ses recherches sur un potentiel sort pour refermer les portes des Enfers. Declan menait les siennes sur les nouveaux cas d'attaques démoniaques pour tenter de savoir qui ils avaient relâché et ce qu'ils faisaient.

Meriel avait pris sur lui de contacter Daphiel et Maliel pour qu'elles s'occupent de l'Estonie. Nous ne savions pas comment elles s'y prenaient mais elles couvraient lentement du terrain dans le nord du pays.

Je ne cessais de penser à Cassiel et à ce qu'il nous avait dit. Je brûlais d'en parler avec Meriel mais il me répudiait exactement comme au début. Dès que j'ouvrais la bouche, il m'envoyait bouler et me faisait me sentir stupide pour ne pas réussir à dépasser ce qui avait été dit.

Sauf que je savais qu'il y pensait aussi. Je le connaissais suffisamment pour en être absolument certain. Visiblement, il préférait y songer en solitaire plutôt que d'expier l'horreur. Ça me frustrait plus que je n'aimais l'admettre parce que j'avais besoin d'en parler.

Je ne savais pas si nous pouvions encore nous fier à Cassiel. Plus j'y pensais et plus son histoire était convaincante mais je persistais à croire que, s'il n'avait pas été perverti dès le départ, il n'aurait jamais songé à faire de telles choses. C'était un archange. Il aurait dû être parmi les plus purs. La situation était-elle si désespérée qu'il n'avait pu faire qu'agir de cette manière ?

Je ne comprenais pas comment nous en étions arrivés là. Dans l'imaginaire populaire, les anges étaient ces êtres parfaits et incapables du moindre mal. Ils répandaient la lumière et la joie et l'espoir.

En vérité, ils n'étaient pas si différents des humains lorsque la situation l'exigeait. Quand ils se retrouvaient acculés, le dos au mur, ils attaquaient aussi férocement que des animaux. Cassiel avait dû voir tellement de choses horribles en étant le prince des Trônes qu'il avait réussi à imaginer ce plan et à le mener à terme en dépit de ce que ça lui en coûtait.

Je n'en savais rien et c'était une sensation des plus atroces. J'aurais aimé que Meriel accepte d'en discuter pour savoir quelle était sa vision des choses. Au lieu de ça, je me retrouvais seul avec mes pensées et même l'implacable activité qui régnait dans la maison ne parvenait pas à me distraire.

Le plus agaçant était que je devais me reposer. Lorsque nous partirions pour l'Estonie, il me faudrait toute mon énergie pour pouvoir protéger les deux humains et Meriel. Les voir travailler et devoir me résigner à attendre était plus que pénible. J'avais accumulé tant d'énergie que mon esprit en devenait hyperactif pour tenter de la brûler.

Je regardai autour de moi. Ava était dans la cuisine avec trois de ses amis et discutait magie et démons. Beahan était dans le sofa avec son ordinateur sur les genoux et les lunettes sur le nez. Des écouteurs étaient enfoncés dans ses oreilles pour l'aider à se concentrer et l'empêcher d'être distrait. Meriel avait pris son fauteuil habituel avec un épais livre sur les genoux.

Et moi, je me tenais au milieu ,totalement désœuvré parce qu'ils refusaient tous que je fasse quoi que ce soit d'autre qu'attendre et m'économiser. Ils n'avaient pas idée de combien c'était dur de les regarder travailler et de devoir rester inactif.

Je n'aurais su exprimer ma gratitude face à la soudaine brèche dans les protections que la sorcière avait installées. J'ignorais comment elles fonctionnaient mais dès que les clochettes qui pendaient au-dessus de la porte s'agitèrent, je les vis tous se redresser comme des suricates. Ava les avait enchantées pour qu'elles ne fassent de bruit que lorsqu'un être non-humain s'approchait de la maison. Ses amis étaient rentrés sans qu'elles ne fassent le moindre bruit.

A Season In HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant